Le premier ministre espagnol Pedro Sánchez a estimé mercredi que le fait de ne pas avoir volontairement invité le roi Felipe VI, chef de l’État espagnol, à l’investiture de la présidente mexicaine Claudia Sheinbaum, était « inexplicable et inacceptable ».
Cette « mise à l’écart » de « notre chef d’État […] nous semble non seulement inacceptable, mais totalement inexplicable », a déclaré Pedro Sánchez lors d’une conférence de presse à l’ONU, à New York, alors que l’Espagne a annoncé qu’elle allait boycotter la cérémonie prévue le 1er octobre « en signe de contestation ».
« L’Espagne et le Mexique sont des peuples frères. Nous ne pouvons donc pas accepter cette mise à l’écart, et c’est pour cela que nous avons fait savoir au gouvernement mexicain qu’il n’y aurait aucun représentant diplomatique du gouvernement espagnol en signe de contestation ».
Le premier ministre espagnol a par ailleurs dit « sa très grande frustration » puisqu’il s’agit « d’un gouvernement progressiste », comme « nous ».
Interrogé sur la nécessité pour l’Espagne de présenter des excuses au Mexique pour son passé colonial, Pedro Sánchez a expliqué que son pays avait « déjà expliqué sa position sur le sujet ».
S’il n’a pas précisé cette position, il a dit « sa gratitude immense envers un grand président mexicain comme Lázaro Cárdenas » pour avoir accueilli « des centaines de milliers d’Espagnols qui fuyaient la guerre civile et la répression franquiste ».
Il a enfin regretté avec « une immense tristesse que deux pays frères, deux peuples frères, ne puissent avoir les meilleures relations politiques possibles en raison des intérêts politiques de l’un ».
Le roi d’Espagne n’a jamais répondu à une lettre du président mexicain sortant envoyée en 2019 lui proposant de reconnaître « de manière publique et officielle » les « dommages » provoqués par la conquête, a expliqué mercredi la présidente désignée Claudia Sheinbaum.
Il y a une semaine, le Mexique avait publié la liste des invités à la cérémonie d’investiture de la première femme présidente dans l’histoire du pays, élue sous l’étiquette du parti de gauche au pouvoir Morena, parmi lesquels Pedro Sánchez, mais pas le roi d’Espagne.
Felipe VI ne figurait pas dans cette liste où apparaissent les principaux leaders de la gauche d’Amérique latine, à commencer par le président du Brésil Luiz Inacio Lula da Silva, et la première dame des États-Unis Jill Biden.
Pendant son mandat, le président sortant Andres Manuel Lopez Obrador avait déclaré à deux reprises une « pause » dans la relation avec l’Espagne, ex-puissance coloniale. [AFP]