Israël: 11e interrogatoire pour Netanyahu pour corruption présumée

Mardi 10 Juillet 2018

Jérusalem - Des enquêteurs ont une nouvelle fois interrogé mardi le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, pour une des affaires de corruption présumée qui menacent son long règne, a indiqué la police.

"Le Premier ministre a été interrogé aujourd'hui (mardi) pendant plusieurs heures à sa résidence dans le cadre d'une enquête conduite par l'unité nationale de lutte contre la fraude et les crimes graves et la commission de contrôle des valeurs mobilières", a indiqué la police dans un communiqué.

Elle n'a pas précisé la teneur de l'interrogatoire mais les médias israéliens font état d'une affaire présumée de corruption impliquant le géant local des télécoms Bezeq et son principal actionnaire Shaul Elovitch.

C'est la 11e fois que M. Netanyahu est interrogé dans différentes affaires en tant que suspect ou témoin.

Le mois dernier, il a été interrogé en tant que témoin dans le cadre d'une enquête sur une affaire de corruption présumée concernant l'achat de trois sous-marins allemands.

Il n'est pas considéré comme suspect dans cette affaire, mais certains de ses proches collaborateurs ont été interrogés à plusieurs reprises.

Dans une affaire séparée, Sara Netanyahu, épouse du Premier ministre, a été mise en examen le 21 juin pour "fraude" et "abus de confiance" présumés, pour avoir fait passer pour près de 100.000 dollars (85.000 euros) de repas au frais du contribuable. Le procès doit s'ouvrir le 7 octobre.

La police a recommandé en février l'inculpation du Premier ministre israélien dans deux enquêtes touchant l'une à des cadeaux qu'il aurait indûment reçus de riches personnalités, l'autre à un accord secret qu'il aurait tenté de conclure avec un quotidien populaire pour une couverture favorable.

Le procureur général devrait présenter ses réquisitions dans les prochains mois, et raviver par la même les spéculations sur l'avenir de M. Netanyahu.

Mardi matin, ses avocats ont adressé une lettre au procureur général affirmant que l'ancien chef de la brigade antifraude, qui avait conduit les enquêtes concernant les Netanyahu jusqu'à son transfert vers un autre département en janvier, avait un parti pris contre les Netanyahu.

- "Jamais conclu de marché" -

Les avocats Yaakov Weinroth et Yossi Cohen écrivent ainsi que l'officier, Roni Ritman, était persuadé que le couple était à l'origine d'une plainte pour harcèlement sexuel déposée contre lui par une femme officier de police.

L'affaire contre Ritman avait finalement été close mais la lettre des avocats, consultée par l'AFP, affirme que l'officier avait depuis un parti paris contre Sara et Benjamin Netanyahu.

"Cela jette une ombre sur les enquêtes conduites par lui contre la famille Netanyahu", affirme la lettre, qui demande un "réexamen" de ces enquêtes par le procureur général.

Dans l'affaire Bezeq, la police cherche à savoir si M. Netanyahu a tenté de s'assurer une couverture propice de la part du site d'informations Walla en contrepartie de faveurs gouvernementales qui pourraient avoir rapporté des centaines de millions de dollars à Bezeq, selon la presse.

Un communiqué du porte-parole personnel de M. Netanyahu a indiqué après l'interrogatoire de mardi qu'il n'y avait jamais eu un tel marché.

"Le Premier ministre n'a jamais conclu de marché avec Elovitch en échange d'une couverture favorable", a-t-il dit. "Au contraire, pendant des années, le Premier ministre a été systématiquement couvert d'une manière hostile par Walla."

Il a ajouté que toutes les décisions qu'il avait prises concernant Bezeq avaient été suggérées par des professionnels, y compris l'Autorité chargée de la protection de la concurrence, le Conseil des câbles et satellites et le conseiller légal du ministère des Communications.

M. Netanyahu totalise plus de 12 ans comme Premier ministre, en deux fois. Il a été ministre des Communications entre novembre 2014 et février 2017, période couvrant celle de la campagne électorale pour les législatives de mars 2015, quand le marché aurait été conclu avec Elovitch.

M. Netanyahu proclame son innocence, dénonce une "chasse aux sorcières" et affirme sa ferme intention de rester au pouvoir. Il n'est pas légalement tenu de démissionner s'il est inculpé.
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