Des milliers de personnes étaient rassemblées jeudi soir dans les rues de Tel-Aviv, autour des familles d’otages retenus en captivité dans la bande de Gaza, pour marquer les 300 jours depuis leur enlèvement.
« Pas de victoire sans le retour des otages », scandaient les manifestants, revêtus de tee-shirts jaunes avec l’inscription « accord ou abandon » et portant des portraits de leurs proches.
Le Forum des familles d’otages, qui représente une partie des proches enlevés le 7 octobre, a appelé à cette marche puis à un rassemblement à Tel-Aviv, sous l’intitulé « Ça suffit, nous exigeons un accord ».
Le 7 octobre, des commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza dans le sud d’Israël ont mené une attaque qui a entraîné la mort de 1197 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP établi à partir de données officielles israéliennes. Sur 251 personnes alors enlevées, 111 sont toujours retenues à Gaza, dont 39 sont mortes, selon l’armée.
Mais d’après diverses enquêtes de médias israéliens (dont Haaret’z) basées sur des témoignages de rescapés et de militaires, une bonne partie des victimes israéliennes ont été tuées par des rafales de l’armée israélienne.
En riposte, Israël a lancé une offensive dans la bande de Gaza qui a fait jusqu’à présent 39 480 morts, d’après des données du ministère de la Santé du gouvernement de Gaza, dirigé par le Hamas, qui ne donne pas d’indications sur le nombre de civils et de combattants morts.
« Aujourd’hui, cela fait 300 jours que plus de 1200 personnes innocentes ont été violemment assassinées et des centaines kidnappées à Gaza », écrit le Forum des familles dans un communiqué.
« Parmi ces otages se trouvent deux jeunes enfants : Kfir Bibas, qui n’avait que neuf mois au moment de son enlèvement et qui a désormais passé plus de temps en captivité qu’en liberté, et Ariel Bibas, qui fêtera ce lundi son cinquième anniversaire en captivité », ajoute le Forum.
« Spéculations »
« Nous appelons le premier ministre [Benyamin] Nétanyahou et le gouvernement israélien à signer l’accord que vous avez proposé et qui a été approuvé par le président [américain Joe] Biden », selon le communiqué.
Des discussions pour un cessez-le-feu associé à une libération d’otages, prévues la semaine dernière au Qatar, avaient été reportées, selon une source proche des pourparlers.
Pour Emmanuel Navon, professeur de Sciences politiques à l’Université de Tel-Aviv, « tout ce qu’on entend sur un éventuel accord sur les otages ne sont que des spéculations car à part les négociateurs, on ne sait pas grand-chose et on ne sait pas si on était vraiment proches d’un accord avant l’élimination » d’Ismaïl Haniyeh, le chef du Hamas tué mercredi à Téhéran dans une frappe imputée à Israël.
« On ne sait pas non plus si la pression militaire israélienne rapproche de la libération des otages plus que les négociations », ajoute M. Navon dans un entretien à l’AFP.
M. Nétanyahou a annoncé jeudi soir qu’il tenait des consultations au sujet des otages avec des responsables sécuritaires, selon un communiqué de son bureau.
« Je n’arrive pas à croire que nous sommes 300 jours après » la prise d’otages, a dit à l’AFP Osnat Sharabi-Matalon, dont deux frères, Eli et Yossi, ont été pris en otages au kibboutz Beeri le 7 octobre. L’un d’eux a été annoncé mort par Israël.
Des chanteurs populaires se sont succédé sur l’estrade entre des interventions de proches d’otages, tous appelant à la libération des otages « maintenant ». [Impact.sn avec AFP]