Israël et le Hamas ont annoncé mercredi la conclusion d’un accord prévoyant la libération de 50 otages retenus dans la bande de Gaza en échange de prisonniers palestiniens et d’une trêve de quatre jours dans le territoire palestinien, encore visé par des frappes israéliennes.
Au 47e jour de la guerre, déclenchée par une attaque sans précédent du mouvement islamiste sur le sol israélien le 7 octobre, le Qatar, un des médiateurs entre les belligérants, a confirmé à 22 h 30 (heure de l’Est) qu’une « pause humanitaire » serait annoncée « dans les prochaines 24 heures » et durerait « quatre jours, avec possibilité de prolongation ».
Plus tôt dans la nuit, le gouvernement israélien avait annoncé avoir approuvé « dans les grandes lignes » un accord pour la libération d’au moins 50 otages, des femmes et des enfants, « pendant quatre jours au cours desquels il y aura une accalmie dans les combats », selon un communiqué transmis à l’AFP.
Le Hamas a salué un accord de « trêve humanitaire ».
Environ 240 personnes ont été enlevées le jour de l’attaque du Hamas, au pouvoir dans la bande de Gaza, territoire de quelque 360 km2 toujours bombardé mercredi par l’armée israélienne, d’après les autorités locales et des images de l’AFP.
Doha œuvre depuis des semaines avec Washington et Le Caire pour obtenir une libération d’otages à Gaza en échange de celle de prisonniers palestiniens et d’une trêve dans les combats dans le territoire palestinien, confronté à un siège total imposé par Israël et en proie à une situation humanitaire catastrophique.
« Extraordinairement satisfait »
Le président palestinien a salué « l’accord de trêve humanitaire », selon un haut responsable de l’Autorité palestinienne, et son homologue égyptien Abdel Fattah al-Sissi s’est félicité de « l’échange d’otages contre des prisonniers » palestiniens, après plus de six semaines d’une guerre meurtrière.
À l’international, l’accord a été salué par de nombreux pays, le président américain Joe Biden se déclarant « extraordinairement satisfait ».
Washington s’attend à ce que trois ressortissantes américaines fassent partie des otages libérés, a indiqué un haut responsable de la Maison-Blanche.
« Chaque jour, un certain nombre d’otages seront libérés […] et ce nombre devrait atteindre 50 au quatrième jour » de trêve, a affirmé à l’AFP le porte-parole du ministère qatari des Affaires étrangères, Majed Al-Ansari.
Selon M. Ansari, l’accord n’inclut pas la libération de militaires enlevés et prévoit qu’il n’y aura « aucune opération de reconnaissance » israélienne durant le transfert des otages.
L’arrêt des hostilités pourrait prendre « un certain temps » pour être appliqué sur le terrain, a-t-il prévenu.
Un haut responsable du Hamas a dit à l’AFP s’attendre à ce « qu’un premier échange de 10 otages contre 30 prisonniers soit réalisé dès jeudi ».
Selon le Hamas, 150 prisonniers palestiniens, des femmes et des jeunes de moins de 19 ans, sortiront des prisons israéliennes.
Pour sa part, Israël a diffusé une liste de 300 prisonniers palestiniens, comprenant 33 femmes, 123 enfants et 49 membres du Hamas, susceptibles d’être libérés (…) en deux phases.
D’abord, si la libération de 50 otages côté israélien sur quatre jours est effective, 150 prisonniers palestiniens seront relâchés. Les hostilités cesseront pendant ces quatre jours.
Ensuite, chaque fois que le Hamas libérera 10 otages supplémentaires, il y aura 24 h de trêve. Si la libération de 50 otages de plus est effective, 150 prisonniers palestiniens supplémentaires seront relâchés.
Par ailleurs, la pause humanitaire permettra l’entrée d’un « plus grand nombre de convois humanitaires et d’aide d’urgence, y compris du carburant », selon le ministère des Affaires étrangères du Qatar.
« Heureuse »
Mardi, le Fonds des Nations unies pour l’enfance (UNICEF) avait averti qu’une « tragédie » sanitaire se profilait dans la bande de Gaza, où l’eau « manque cruellement » et la pénurie de carburant risque de provoquer « l’effondrement des services d’assainissement ».
En Israël, 1200 personnes, en grande majorité des civils, ont été tuées, selon les autorités, dans l’attaque du Hamas du 7 octobre, d’une ampleur et d’une violence inédites dans l’histoire du pays.
En représailles, Israël a promis « d’anéantir » le mouvement islamiste et pilonne sans relâche la bande de Gaza, où son armée mène depuis le 27 octobre une offensive terrestre contre le Hamas, classé organisation terroriste par les États-Unis, l’Union européenne et Israël.
Dans le territoire palestinien, plus de 14 000 personnes ont été tuées dans les bombardements israéliens, dont plus de 5800 enfants, selon le gouvernement du Hamas.
En Israël, la principale association de familles d’otages à Gaza s’est déclarée « heureuse qu’une libération partielle soit en cours », précisant toutefois ne pas savoir pour l’instant « qui sera libéré et quand ».
« Cela me donne l’espoir de voir mes filles revenir », a déclaré Maayan Zin, 50 ans, mère de deux enfants retenues à Gaza. « Si ce n’est pas jeudi ou vendredi, alors dimanche, lundi. Cela me donne de l’espoir », a-t-elle ajouté.
Côté palestinien, en Cisjordanie occupée, Mohammed Ziyaadah, dont la sœur de 29 ans est emprisonnée, se dit « très heureux » de sa libération attendue. « C’est une joie incomparable, nous espérons la libération de tous les prisonniers ».
Selon le Club des prisonniers palestiniens, une ONG les soutenant, environ 7000 Palestiniens sont emprisonnés par Israël.
Poursuite de la guerre
Malgré cet accord pour une courte trêve, les parties au conflit restent sur leur garde.
« Nous confirmons que nos mains resteront sur la gâchette et que nos bataillons triomphants resteront aux aguets », a averti le Hamas.
« Le gouvernement israélien, l’armée israélienne et les forces de sécurité poursuivront la guerre pour ramener toutes les personnes enlevées, éliminer le Hamas et garantir qu’il n’y ait plus aucune menace pour l’État d’Israël depuis Gaza », a, de son côté, confirmé le gouvernement après son vote sur l’accord.
Mercredi, les bombardements n’avaient pas cessé sur la bande de Gaza, des témoins faisant état à l’AFP de frappes.
Selon la défense civile à Gaza, plus de 30 personnes décédées ont été retrouvées et des dizaines blessées après des frappes à l’aube mercredi sur des maisons d’une zone résidentielle à l’est de la ville de Gaza, dans le nord.
Le gouvernement du Hamas a affirmé mercredi que 200 personnes avaient été tuées ces dernières 24 heures par l’armée israélienne.
Depuis des semaines, les organisations internationales et de nombreuses capitales étrangères multipliaient les appels à un cessez-le-feu ou à une trêve face à la situation humanitaire catastrophique.
D’après l’ONU, plus de 1,7 million des 2,4 millions d’habitants ont été déplacés par la guerre dans la bande de Gaza, soumise depuis le 9 octobre par Israël à un « siège total », où l’aide humanitaire et le carburant y arrivent au compte-gouttes via l’Égypte.
« Guerre contre les hôpitaux »
À Beit Lahia, dans le nord de la bande de Gaza, des images de l’AFP montraient mercredi une frappe israélienne près de l’hôpital Kama Adwan.
Le Hamas affirme qu’Israël mène « une guerre contre les hôpitaux » de Gaza, dont la quasi-totalité dans le nord du territoire ne fonctionnent plus.
Israël, qui occupe depuis le 15 novembre l’hôpital al-Chifa, le plus grand de la bande de Gaza, accuse de son côté le Hamas de se servir des hôpitaux comme de bases militaires, enfouies notamment dans des tunnels, et d’utiliser les civils qui s’y trouvent comme des « boucliers humains », ce que le mouvement palestinien dément.
Mercredi, le Croissant-Rouge palestinien a affirmé que 14 ambulances étaient arrivées à al-Chifa pour évacuer les blessés et les patients. [AFP]