"Israël fait sortir clandestinement ses soldats génocidaires de nombreux pays par crainte qu'ils ne soient arrêtés"

Jeudi 16 Janvier 2025

Des soldats israéliens

Dyab Abou Jahjah, fondateur et président de la "Fondation Hind Rajab", qui vise à retrouver les soldats israéliens qui ont commis des crimes de guerre à Gaza et à les poursuivre dans le cadre de procès nationaux et internationaux, a déclaré qu'Israël faisait sortir clandestinement ses soldats de nombreux pays, dont le Sri Lanka et les Pays-Bas, de peur qu'ils ne soient poursuivis en justice.

 

Jahjah a expliqué au correspondant d'Anadolu (AA) comment les vidéos et les photos de Gaza partagées par les soldats israéliens sont utilisées comme preuves de crimes de guerre pour leurs procès intentés dans le monde entier.

 

Jahjah a déclaré que la Fondation Hind Rajab, qui porte le nom de la jeune fille palestinienne qui a été assassinée par des soldats israéliens à l'âge de 6 ans, est basée à Bruxelles, la capitale de la Belgique, et a été créée en septembre de l'année dernière, et que leur objectif est de demander justice en retrouvant les soldats israéliens qui ont pris part aux attaques de Gaza.

 

Jahjah a expliqué qu'ils poursuivaient en particulier les soldats israéliens ayant une double nationalité devant les tribunaux locaux des pays dont ils sont citoyens.

 

"Nous avons réalisé que les autorités israéliennes étaient très préoccupées par cette question. Cela a démontré que cette stratégie est très efficace. Nous avons donc commencé à l'étudier en profondeur et nous avons réalisé qu'elle comblait une lacune importante dans les litiges internationaux."

 

- "Vous avez filmé vous-même et avez partagé sur votre propre compte. C'est un aveu clair. »

 

Le responsable souligne que tout a changé avec l'utilisation généralisée des réseaux sociaux, y compris les preuves numériques et les procédures judiciaires. Jahjah a affirmé que les autorités israéliennes ont été abasourdies par le fait que leurs soldats publient sur les réseaux sociaux les preuves de crimes de guerre.

 

Jahjah explique:

 

"Quelqu'un vous dit : 'Regardez, c'est le crime que j'ai commis, je le filme et je le mets sur mes comptes pour que le monde entier le voie'. Il est maintenant très difficile pour eux de se défendre. Vous avez enregistré ce film et vous l'avez partagé sur votre propre compte. C'est un aveu clair".

 

Soulignant qu'ils continueront à poursuivre en justice, en particulier les soldats qui ont la double nationalité ou qui voyagent, et qu'ils activeront la juridiction des pays, Jahjah a poursuivi : 

 

"Nous disposons de ces données. Il est trop tard pour que certains soldats commencent à effacer et à arrêter de filmer. Ils ne seront pas effacés. Nous avons tout, nous les avons enregistrés, et il y a des centaines de copies réparties sur toute la planète, du Brésil au Japon, de l'Afrique du Sud à l'Islande, alors c'est trop tard, c'est fini. Les preuves seront présentées au tribunal et la justice sera rendue en fin de compte."

 

- "Israël nous a remarqués et tente de nous arrêter"

 

En précisant que la Fondation Hind Rajab n'en est qu'à ses débuts, Jahjah a insisté sur le fait que leur plus grande réussite est d'avoir mené ces procédures légales avec beaucoup de soin et de sérieux.

 

"Israël nous a remarqués et tente de nous arrêter", a-t-il affirmé.

 

"Au début, ils pensaient que nous ne faisions que de la propagande et de la dénonciation. Cela a été prouvé dans l'affaire du Brésil, lorsque le juge a ordonné une enquête sur un soldat israélien et qu'ils ont dû le kidnapper pour qu'il échappe à la justice. Ils ont dû le kidnapper parce qu'ils se rendaient compte que des poursuites judiciaires et peut-être une arrestation étaient imminentes. La même chose s'est produite bien avant l'incident du Brésil. Ils l'ont fait au Sri Lanka, en Thaïlande et aux Pays-Bas pour trois soldats. Israël sait très bien que ce que nous faisons est un travail juridique sérieux et ils veulent nous en empêcher".

 

- "Notre priorité est de poursuivre les auteurs de ce génocide"

 

Dyab Abou Jahjah a par ailleurs indiqué que le général de division Ghassan Alian, coordinateur des opérations dans les territoires palestiniens, se trouvait en Italie pour la réunion et que la Fondation Hind Rajab en avait informé les autorités italiennes.

 

"Nous avons déposé une plainte auprès de la Cour pénale internationale (CPI), mais nos avocats en Italie déposent également une plainte contre le général de division Alian auprès du tribunal local", a-t-il indiqué.

 

"Lorsque la CPI a délivré des mandats d'arrêt contre Netanyahu et Gallant, les deux motifs d'arrestation étaient l'utilisation de la faim comme arme de guerre et la politique contre les hôpitaux. Le général de division Alian est la personne qui a mis en œuvre et supervisé cette politique sur le terrain ; si quelqu'un doit être arrêté aux côtés de Gallant et de Netanyahu, c'est bien Alian. Nous espérons que la justice italienne respectera le droit international".

 

Jahjah a également évoqué les messages dans lesquels des soldats israéliens ont fait des déclarations génocidaires sur les maisons démolies à Gaza : 

 

"Pour déposer un dossier juridique, il faut d'abord identifier le soldat. Ensuite, il faut déterminer le lieu. Par exemple, vous devez déterminer géographiquement l'endroit exact où se trouve la maison dans la vidéo à Gaza. Vous devez également déterminer la date à laquelle l'image a été prise. Une fois que vous avez ces trois informations, vous devez vérifier toutes ces données", a-t-il expliqué.

 

Et d'ajouter pour conclure :

 

"Par exemple, si vous connaissez le nom du soldat, vous devez savoir de quel bataillon, de quelle brigade, de quelle division ou de quelle compagnie il fait partie. Vous recherchez des informations telles que 'où était-il stationné et quelle était sa mission dans la région'. Il faut ensuite les recouper avec les crimes commis à l'époque et voir toutes les infractions signalées. Bref, il s'agit d'un processus détaillé qui demande beaucoup d'efforts. Une fois que l'on a fait cela, on peut constituer un dossier solide au niveau du contenu, de la criminalistique et de la localisation géographique." [AA]

 
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