Israël a continué à appeler samedi les Palestiniens à évacuer le nord de la bande de Gaza, leur laissant toutefois un peu plus de temps, avant une probable offensive terrestre, une semaine après l’attaque sans précédent du Hamas, qui a déclenché une guerre meurtrière. Des Palestiniens qui tentaient de fuir vers le sud de la bande de Gaza à travers une zone que l’armée israélienne avait présentée comme sécurisée ont été tués dans des frappes israéliennes, ont affirmé samedi des témoins et des responsables du Hamas.
Dans l’attente de cette offensive à laquelle Israël a dit se préparer, l’armée avait appelé vendredi les civils gazaouis du nord du territoire – 1,1 million de personnes sur un total de 2,4 millions d’habitants – à gagner le sud, et les a pressés samedi à ne « pas tarder ». Elle avait précisé vendredi que la ville de Gaza était le centre des opérations du Hamas.
Mais un porte-parole de l’armée a indiqué samedi soir donner encore du temps aux Palestiniens pour partir dans le sud « parce qu’il y a un nombre énorme de personnes qui doivent [encore] quitter » le nord et assuré que l’offensive terrestre ne démarrerait pas dimanche, pour des raisons humanitaires.
D’après le ministère de la Santé et le bureau responsable des médias du Hamas, des dizaines de civils qui tentaient de se réfugier vers le sud de Gaza ont été tués dans au moins trois endroits vendredi après-midi.
Samedi, un témoin a affirmé qu’un « camion transportant des dizaines de familles a été frappé près de Wadi Gaza ».
Sollicitée par l’AFP, l’armée israélienne n’a pas commenté.
L’AFP n’a pas été en mesure de vérifier que ces morts étaient le fait de frappes israéliennes.
L’AFP a pu vérifier que des images circulant sur les réseaux sociaux et correspondant aux allégations de témoins avaient été prises vendredi à Gaza, mais n’a pas pu certifier que les explosions visibles sur les images provenaient de tirs israéliens.
« Deux voitures ont été frappées près de l’hôpital koweïtien au sud de la ville de Gaza », a affirmé une source de sécurité du Hamas, sous le couvert de l’anonymat.
Tal Heinrich, porte-parole du bureau du premier ministre israélien, a indiqué à des journalistes samedi qu’Israël prenait « toutes les précautions » pour éviter les morts de civils.
Le Hamas a affirmé samedi dans un communiqué que « 70 martyrs » et 200 blessés, dont des femmes et des enfants, avaient été recensés du fait d’un « massacre israélien » et « un crime haineux » contre des familles de déplacés.
Depuis vendredi, par milliers, des habitants fuient par tous les moyens, quelques biens entassés à la hâte, sur des remorques, charrettes, à moto, en voiture, à travers les ruines.
L’évacuation forcée de milliers de patients du nord de Gaza vers les établissements débordés du sud du territoire pourrait être « l’équivalent d’une peine de mort », a averti samedi soir l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
« L’OMS condamne fermement les ordres israéliens réitérés d’évacuer 22 hôpitaux traitant plus de 2000 patients dans le nord de Gaza », a déclaré l’agence onusienne dans un communiqué, soulignant qu’en raison de l’état de saturation des structures du sud de Gaza ce « serait l’équivalent d’une peine de mort ».
L’armée israélienne a de son côté annoncé samedi soir avoir retrouvé dans la bande de Gaza « des cadavres » d’otages enlevés par le mouvement islamiste palestinien lors de leur attaque du 7 octobre en Israël. Elle a précisé qu’ils avaient été trouvés lors d’incursions de l’armée dans ce territoire.
Le Hamas avait fait état plus tôt de 22 otages tués dans les bombardements israéliens menés depuis une semaine dans la bande de Gaza en riposte à l’attaque du Hamas.
Le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou s’est rendu samedi auprès des troupes israéliennes près de la bande de Gaza. « Ça va continuer », a-t-il lancé à plusieurs soldats.
« Crimes de guerre »
L’attaque du Hamas et la guerre qu’elle a déclenchée ont attisé les craintes d’une extension du conflit, et d’une catastrophe humanitaire pour la population de Gaza, soumise à un siège, privée d’approvisionnement d’eau, électricité ou nourriture, et où des centaines de milliers de personnes ont déjà été déplacées.
Au moins 1300 personnes, pour la plupart des civils, parmi lesquels au moins 130 ressortissants étrangers ou binationaux, ont été tuées en Israël depuis l’attaque du 7 octobre.
Plus de 2200 Palestiniens, la plupart des civils, dont 724 enfants, selon les autorités locales, sont morts dans la bande de Gaza, un petit territoire pauvre et en état de siège coincé entre Israël et l’Égypte. [AFP]