Italie: Giuseppe Conte à l'épreuve des faits

Samedi 2 Juin 2018

Le nouveau chef du gouvernement italien Giuseppe Conte se prépare à sa tâche tandis que son ministre de l'Intérieur Matteo Salvini prévoit déjà un déplacement en Sicile pour lutter contre l'immigration clandestine.

Avant de s'atteler aux dossiers que lui a transmis son prédécesseur Paolo Gentiloni, M. Conte a participé aux côtés du président Sergio Mattarella à une parade militaire à l'occasion de la fête nationale.

"Conte part du dossier de 33 pages de Gentiloni", écrit le quotidien La Stampa.

Ce dossier contient toutes les questions ouvertes, des entreprises en difficulté comme Ilva et Alitalia, aux sommets du G7 la semaine prochaine au Canada et celui de l'Union européenne à la fin du mois, ou le problème de l'immigration, selon les médias.

Ce dernier est le cheval de bataille de Matteo Salvini, 45 ans, chef de la Ligue (extrême droite), vice-Premier ministre et ministre de l'Intérieur, qui a annoncé dès vendredi un déplacement en Sicile pour voir sur place la situation.

"La question immigration est encore d'actualité", en dépit de la baisse du nombre d'arrivées, a déclaré vendredi soir le chef de ce parti anti-immigrés et anti-islam.

"Dimanche je serai en Sicile. La situation est calme maintenant mais seulement en raison de la mer agitée", a-t-il ajouté.

Il a annoncé ce déplacement alors que quelque 158 migrants, dont neuf enfants, ont débarqué vendredi soir à Pozzallo, en Sicile.

Dès vendredi après-midi, après la prestation de serment du gouvernement devant M. Mattarella, le chef de la Ligue avait assuré qu'il demanderait aux experts de son ministère "comment réussir à réduire le nombre d'arrivées des migrants et augmenter celui des expulsions".

- Ministres très actifs -

M. Conte, un juriste complètement novice en politique qui devra appliquer le programme anti-austérité et sécuritaire sur lequel la Ligue et le Mouvement 5 Etoiles (M5S, antisystème) s'étaient accordés, se trouve en compagnie de deux vice-Premiers ministres particulièrement actifs qui occupent le devant de la scène et la Une des quotidiens.

"L'échange de clochette entre Gentiloni et Conte n'a pas été ordinaire. L'espace symbolique de la passation de pouvoirs a été occupé par les deux hommes qui ont le pouvoir en Italie: Matteo Salvini et Luigi Di Maio", chef du M5S, écrit samedi dans un éditorial Mario Calabresi, directeur du quotidien La Repubblica.

Alors que M. Conte est resté pratiquement silencieux depuis son accession à la tête du gouvernement, MM. Di Maio et Salvini ont multiplié les déclarations.

Ainsi, M. Di Maio, vice-Premier ministre et ministre du Développement économique et du Travail, a annoncé samedi sur Facebook, un de ses moyens de communication préférés, que "les entrepreneurs doivent être laissés en paix".

"L'employeur et l'employé en Italie ne doivent pas être des ennemis", a-t-il ajouté, promettant aux Italiens "je ne vous décevrai pas".

Face à l'activisme des deux chefs de parti dans leurs domaines respectifs, M. Conte a décidé de garder sous son contrôle personnel les services de renseignement du pays.

Il sait que lui et son gouvernement seront observés avec attention par la communauté internationale qui se trouve pour la première fois à devoir composer avec un gouvernement populiste dans un des pays fondateurs de l'Union européenne.

Deux jours après la polémique provoquée par des propos de Jean-Claude Juncker sur l'Italie, dans lesquels celui-ci appelait à ne pas rejeter la faute sur l'UE des maux du pays, et en particulier de ses régions méridionales, le chef de l'exécutif européen a appelé au respect de la péninsule.

"Nous devons faire preuve de respect à l’égard de l'Italie", a déclaré M. Juncker aux journaux du groupe de presse allemand Funke Mediengruppe.

Il a appelé à ne pas reproduire les erreurs commises avec Athènes, notamment lorsque le Premier ministre Alexis Tsipras, chef de file de la formation de gauche radicale Syriza, est arrivé au pouvoir, début 2015.

"La dignité du peuple grec a été foulée aux pieds. Cela ne doit pas se répéter à présent avec l’Italie", a insisté le président de la Commission européenne.
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