JUSTICE : le procureur général dénonce une tentative de déstabilisation

Jeudi 28 Décembre 2017

Sans aller au fond de sa pensée, Lansana Diaby, le procureur général, a fustigé les velléités de déstabilisation qui secouent la justice sénégalaise, régulièrement accusée d’être le bras judiciaire du pouvoir politique. Mais pour le haut magistrat, le «bateau» qu’est l’institution judiciaire a nécessairement besoin d’un «capitaine» à sa tête.


Le Président de la République en audience avec l'Union des magistrats sénégalais (UMS)
Le fonctionnement de la Justice est l’objet de grandes controverses entre les acteurs judiciaires,  les organisations de la société civile, l’opinion publique et, bien sûr, la classe politique dans sa diversité. En début de semaine, Souleymane Téliko, président de l’Union des magistrats du Sénégal (UMS), franchissait le pas de l’évidence en soulignant «la trop grande emprise de l’Exécutif sur le système judiciaire.»
 
Une manière, selon plusieurs observateurs, de dénoncer la soumission de segments essentiels de la justice sénégalaise au pouvoir politique incarné par le président de la République.
 
Comme pour répondre au juge Téliko, c’est le procureur général Lansana Diaby qui est monté au créneau pour apporter la réplique. Il y a actuellement comme «une entreprise de déstabilisation de notre profession (ndlr : celle des magistrats) par des gens qui nous reprochent un assujettissement» à la présidence de la République, s’est offusqué le haut magistrat dans un discours prononcé hier matin à l’occasion de la prestation de serment des avocats stagiaires de la promotion 2015 dont le parrain est Me Ely Ousmane Sarr, ancien bâtonnier de l’Ordre des avocats du Sénégal.
 
«La justice laisse rarement indifférente (car) elle n’est pas faite pour plaire. Et ceci est un phénomène invariable depuis le Moyen-âge», a ajouté Lansana Diaby qui a cité plusieurs auteurs français dont Jean de la Fontaine disant : « Selon que vous serez riches ou pauvres, les jugements de Cour vous rendront blanc ou noir.»
 
Néanmoins, et en toutes circonstances, «ce que l’on attend du juge, c’est qu’il soit juste, c’est qu’il ne s’écarte jamais du respect dû à la profession et à la justice. Le juge ne peut s’affranchir de la loi même si elle est injuste», a plaidé le procureur général. Non sans rappeler que «notre bateau, la justice, a besoin d’un capitaine.»
 
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