Jeu de chaises musicales au gouvernement chinois

Mardi 24 Octobre 2023

Jeu de chaises musicales : la Chine a procédé mardi à une vaste réorganisation ministérielle, révoquant notamment son ministre de la Défense et écartant son ex-ministre des Affaires étrangères qui conservait toujours un titre au gouvernement, sans expliquer dans l’immédiat ces changements.

 

Li Shangfu, en poste depuis mars, a été « démis » de ses fonctions au ministère de la Défense, a rapporté la télévision d’État CCTV, citant laconiquement une décision du comité permanent de l’Assemblée nationale populaire.  

 

La chaîne n’a donné aucune raison à ce limogeage, entériné par le président chinois Xi Jinping, et n’a avancé aucun nom pour son successeur.  

 

La dernière apparition publique de Li Shangfu remonte au 29 août. Le désormais ex-ministre de la Défense s’était rendu quelques semaines plus tôt,  à la mi-août, en Russie et en Biélorussie.

 

En septembre, l’ambassadeur des États-Unis au Japon, Rahm Emanuel, avait déclaré sur les réseaux sociaux que le ministre n’avait « pas été vu ou entendu depuis trois semaines ».

 

Le gouvernement américain croit savoir que le ministre chinois de la Défense fait l’objet d’une enquête des autorités et qu’il a été écarté de ses fonctions, écrivait pour sa part le quotidien britannique des affaires Financial Times, citant trois responsables américains.

 

Interrogée par l’AFP, une porte-parole de la diplomatie chinoise, qui s’exprime quotidiennement devant la presse, avait affirmé « ne pas être au courant » de la situation évoquée.

 

Corruption

 

Ce limogeage du ministre de la Défense intervient après un remaniement à la tête de l’unité de l’armée chinoise chargée des missiles stratégiques, notamment nucléaires.

 

En juillet, les autorités avaient annoncé doter cette unité d’une nouvelle direction sans expliquer ce changement, tandis que les médias faisaient état d’une enquête pour corruption impliquant son ancien chef, qui n’avait pas été vu en public pendant des semaines.

 

« Il y a des bruits qui courent évoquant une implication de Li Shangfu dans une affaire de corruption lorsqu’il était à la tête du département général de l’armement », a dit à l’AFP l’analyste Sun Yun, directrice du Programme Chine au Centre Stimson à Washington.

 

« On ne sait pas qui sera le nouveau ministre de la Défense », a relevé Mme Sun.

 

« La Chine accueillera la semaine prochaine à Pékin le forum Xianghsan. L’identité de l’hôte chinois pourrait (toutefois) fournir quelques indices », a-t-elle fait remarquer, évoquant un important rendez-vous pour les questions de sécurité auquel prend traditionnellement part le ministre chinois de la Défense.  

 

Nommé il y a sept mois à ce poste, Li Shangfu avait soudainement disparu de la scène publique.

 

Il était arrivé la même chose en juin à Qin Gang, alors ministre des Affaires étrangères.  

 

Promu à ce poste en décembre et perçu lui aussi comme un allié du président Xi, il a été limogé fin juillet sans aucune explication, après une disparition de plusieurs semaines lui aussi.

 

Pour Neil Thomas, chercheur à l’Asia Society Policy Institute, ces remaniements renvoient à des problèmes de nominations « peut-être dus à la réticence de responsables de rang moins élevé à s’opposer aux candidats préférés de Xi ».

 

Mais le limogeage de MM. Li et Qin « n’est pas susceptible de remettre en cause significativement l’autorité politique (du président chinois), car aucun d’entre eux n’était réellement membre de son cercle rapproché », a-t-il ajouté.

 

Liaison adultère ?

 

Qin Gang ne fait désormais plus partie du Conseil d’État, l’équivalent du gouvernement chinois, où il conservait un titre de conseiller, a fait savoir CCTV.

 

Son absence au début de l’été avait généré de nombreuses rumeurs sur les réseaux sociaux, dont celle d’une liaison adultère avec une présentatrice d’une chaîne de télévision de Hong Kong, rencontrée lorsqu’il était ambassadeur aux États-Unis (2021-2022).

 

L’ex-ministre a été remplacé en juillet par son prédécesseur Wang Yi, qui est actuellement le véritable patron de la diplomatie chinoise, en tant que plus haut responsable des relations diplomatiques au sein du Parti communiste chinois (PCC).

 

Mardi, la Chine a également annoncé le départ de son ministre des Sciences et des Technologies, Wang Zhigang, ainsi que du ministre des Finances, Liu Kun.  

 

Ils sont remplacés respectivement par Yin Hejun, jusque-là secrétaire du PCC auprès du ministère des Sciences et des Technologies et par son homologue au ministère des Finances, Lan Fo’an. [AFP]

 

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