L'Aquarius autorisé à accoster à Malte, les migrants accueillis par cinq pays

Mardi 14 Aout 2018

Le navire humanitaire Aquarius, qui errait en Méditerranée à la recherche d'un port, a été autorisé mardi à accoster à Malte avec 141 migrants à son bord qui seront ensuite accueillis par cinq autres pays de l'Union européenne.

"Malte va donner à l'Aquarius la permission d'entrer dans ses ports, même s'il n'a pas l'obligation légale de le faire. Toutes les 141 personnes à son bord seront réparties entre la France, l'Allemagne, le Luxembourg, le Portugal et l'Espagne", a écrit sur Twitter le Premier ministre maltais, Joseph Muscat.

Deux mois après avoir suscité une intense crise diplomatique, ce navire affrété par les ONG Médecins sans frontières (MSF, qui a son bureau international à Genève) et SOS Méditerranée naviguait en effet en ce début de semaine entre l'Italie et Malte, de nouveau en quête d'un port d'accueil, mettant l'Europe face à ses "responsabilités".

L'Espagne, qui avait accueilli l'Aquarius en juin au moment de sa précédente errance, a fait savoir mardi, par la voix de son Premier ministre Pedro Sanchez, qu'elle allait prendre en charge sur son sol 60 des 141 migrants secourus, dans le cadre d'un accord avec d'autres pays européens.

Le Portugal s'est de son côté dit, par un communiqué de son gouvernement, "disponible pour accueillir 30 des 244 migrants qui sont à bord de l'Aquarius et des autres embarcations actuellement à Malte".

La France, dont le président Emmanuel Macron avait été vivement critiqué en juin pour avoir fermé les portes à ce bateau, avait pour sa part déclaré dès lundi discuter avec les autres pays méditerranéens de l'UE pour "rapidement" trouver un port.

L'Aquarius avait secouru vendredi au large de la Libye ces migrants, essentiellement originaires de Somalie et d'Erythrée, dont la moitié sont des mineurs et plus d'un tiers des femmes.

"Deux enfants ont moins de cinq ans et trois moins de 13 ans", a raconté à l'AFP Aloys Vimard, le coordinateur de MSF à bord de ce navire, précisant que les rescapés étaient "épuisés, marqués par leur voyage et leur séjour en Libye".

- L'Europe face à ses "responsabilités" -

La présidente de l'ONG européenne SOS Méditerranée, Sophie Beau, avait appelé lundi "l'ensemble des pays européens à prendre leurs responsabilités", jugeant que la situation dans laquelle était plongé l'Aquarius était "en contradiction la plus totale avec le droit maritime international".

Car non seulement l'Italie a refusé de le laisser accéder à ses ports, mais Malte, qui a recueilli lundi 114 migrants secourus par sa marine, avait dans un premier temps fait de même, tandis que l'Espagne et la France soulignaient que leurs ports n'étaient pas les "plus proches".

Compliquant la situation, Gibraltar avait annoncé avoir décidé de retirer son pavillon au navire après lui avoir demandé de suspendre ses activités de sauvetage, pour lesquelles il n'est pas enregistré sur ce territoire britannique.

L'accord annoncé mardi entre des pays de l'UE rappelle celui conclu fin juin à propos du navire humanitaire Lifeline, affrété par l'ONG allemande du même nom. Les 233 migrants qu'il transportait avaient fini par débarquer à Malte après un périple d'une semaine en Méditerranée qui avait provoqué des tensions en Europe.

Au total huit pays européens s'étaient engagés à prendre en charge certains d'entre eux : Malte, l'Italie, la France, l'Espagne, le Portugal, le Luxembourg, la Belgique et les Pays-Bas.

L'odyssée en juin de l'Aquarius avec plus de 600 personnes à son bord avait duré une semaine après les refus de Malte et de l'Italie, dont le ministre de l'Intérieur d'extrême droite Matteo Salvini avait mis un point d'honneur à ne pas accueillir de nouveaux migrants.

De vives polémiques s'en étaient suivies en Europe.

Paris avait dénoncé "l'irresponsabilité" de Rome, qui, à son tour, avait rejeté "les leçons d'hypocrisie" de la France.

Un mi-sommet européen avait eu lieu le 24 juin mais sans réussir à arracher un compromis avec les partisans d'une ligne dure sur l'immigration, comme l'Italie et le groupe de Visegrad (Hongrie, République tchèque, Slovaquie et Pologne).
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