L'Iran a rejeté mardi l'appel de pays occidentaux à renoncer à ses menaces contre Israël, affirmant qu'il ne demanderait pas "l'autorisation" de riposter contre son ennemi juré qu'il accuse d'avoir assassiné le chef du Hamas palestinien Ismaïl Haniyeh sur son sol.
La Maison Blanche a estimé que si une attaque iranienne survenait, "cela pourrait certainement avoir un impact sur les discussions" prévues jeudi sur un cessez-le-feu dans la bande de Gaza où la guerre a été déclenchée le 7 octobre par une attaque d'une ampleur inédite du mouvement islamiste palestinien Hamas sur le sol israélien.
Le président américain Joe Biden et ses homologues de France, d'Italie, d'Allemagne et du Royaume-Uni ont appelé lundi soir Téhéran à "renoncer à ses menaces d'attaque militaire contre Israël".
"Une telle demande manque de logique politique, est totalement contraire aux principes et aux règles du droit international", a réagi mardi le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Nasser Kanani.
L'Iran et ses alliés régionaux au Liban, en Irak et au Yémen, menacent Israël de représailles armées depuis l'assassinat le 31 juillet dans la capitale iranienne du chef du Hamas, qu'ils ont imputé à Israël, et celui, la veille, de Fouad Chokr, le chef militaire du Hezbollah libanais pro-iranien, tué dans une frappe israélienne près de Beyrouth.
"La République islamique est déterminée à défendre sa souveraineté" et "elle ne demande pas l'autorisation de quiconque pour user de ses droits légitimes", a ajouté M. Kanani.
- "Série d'attaques" -
Washington a indiqué prévoir "une série d'attaques conséquentes" pouvant intervenir dès "cette semaine" de la part de l'Iran et de ses alliés.
Joe Biden et les dirigeants français, allemand, italien et britannique ont mis en garde contre les "conséquences graves" d'une attaque sur la sécurité régionale.
Le chancelier allemand Olaf Scholz et le Premier ministre britannique Keir Starmer ont pour leur part appelé à une désescalade lors d'entretiens téléphoniques avec le président iranien, Massoud Pezeshkian.
Mais "l'Iran ne cédera jamais aux pressions", a dit ce dernier, selon l'agence officielle iranienne Irna.
Les craintes d'un embrasement régional ont poussé de nombreuses compagnies aériennes à suspendre leurs liaisons vers plusieurs pays du Moyen-Orient.
A l'aéroport de Ben Gourion de Tel-Aviv, le tableau d'affichage annonçait l'annulation de plusieurs vols mardi. "Il n'y a aucune visibilité, on ne peut rien prévoir", a déploré Chava Ben-Yehonatan, une retraitée israélienne de 75 ans.
- "Aucun délai" -
Pendant ce temps, la pression internationale s'accentue pour obtenir une trêve dans la bande de Gaza où les bombardements se poursuivent dans le territoire palestinien assiégé.
Mardi, une frappe israélienne a tué dix membres d'une même famille à l'est de Khan Younès (sud), a affirmé un responsable médical à l'AFP. Seule une petite fille âgée de trois mois a survécu.
D'après des témoins, des bombardements israéliennes ont aussi visé deux maisons dans le camp de déplacés d'al-Bureij (centre). "Nous avons retiré un cadavre et sommes toujours à la recherche de huit personnes disparues", a affirmé à l'AFPTV Hassan Daou, un secouriste.
La communauté internationale s'est alarmée à plusieurs reprises au cours des dix derniers mois du bilan humain de la guerre. Mardi, le président russe Vladimir Poutine a dit à son homologue de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, en visite à Moscou, être "préoccupé" par les morts de civils palestiniens.
Dans ce contexte, la France, l'Allemagne et le Royaume-Uni ont affirmé "qu'il ne peut plus y avoir aucun délai supplémentaire" pour négocier un cessez-le-feu.
Dimanche, le Hamas a réclamé l'application d'un plan en trois phases présenté le 31 mai par Joe Biden pour une trêve dans le territoire palestinien, "plutôt que de mener plus de négociations ou d'amener de nouvelles propositions".
Ce plan, dont M. Biden a dit qu'il émanait d'Israël, prévoyait, dans un premier temps, une trêve de six semaines accompagnée d'un retrait israélien des zones densément peuplées de Gaza et de la libération d'otages contre des prisonniers palestiniens détenus par Israël.
Il y a quelques jours, les pays médiateurs - Egypte, Qatar et Etats-Unis - avaient appelé à la reprise jeudi des discussions sur une trêve associée à la libération des otages. Israël a donné son accord mais le Hamas n'a pour sa part pas clairement dit s'il participerait.
Israël a juré de détruire le Hamas, qui a pris le pouvoir à Gaza en 2007 et qu'il considère comme une organisation terroriste de même que les Etats-Unis et l'Union européenne, après l'attaque sur son sol qui a entraîné la mort de 1.198 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles israéliennes.
Sur 251 personnes enlevées, 111 sont toujours retenues à Gaza, dont 39 sont mortes, selon l'armée.
L'offensive israélienne de représailles à Gaza a fait au moins 39.929 morts, d'après des données du ministère de la Santé du gouvernement de Gaza, dirigé par le Hamas, qui ne détaille pas le nombre de civils et de combattants tués. [AFP]