L’UE s’engage à surmonter le veto de la Hongrie pour aider l’Ukraine

Vendredi 15 Décembre 2023

Les dirigeants européens se sont engagés vendredi à soutenir l’Ukraine, que la Hongrie de Viktor Orban confirme ou non son veto à une aide de 50 milliards d’euros lors d’un nouveau sommet début 2024.

 

« D’ici là, nous utiliserons le temps pour nous assurer d’avoir, quoi qu’il arrive, une solution opérationnelle lors de ce sommet », a déclaré la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen.

 

Le dirigeant hongrois, plus proche allié de la Russie en Europe, est resté inflexible en refusant tout argent supplémentaire à l’Ukraine en guerre, lors d’une nuit entière de négociations.

 

Face à cette impasse, les dirigeants européens ont convenu de se retrouver l’an prochain, lors d’un nouveau sommet, dans l’espoir d’un accord à 27. Mais s’ils devaient échouer, ils se sont néanmoins engagés à la soutenir, y compris à 26.

 

« Nous travaillons très dur, bien sûr, pour parvenir à un accord entre les 27 États membres. Mais je pense qu’il est également nécessaire de travailler sur des alternatives potentielles afin de disposer d’une solution opérationnelle au cas où un accord à 27 ne serait pas possible », a précisé Mme von der Leyen.

 

« Je suis raisonnablement optimiste » sur les chances d’un accord à 27, a déclaré de son côté le chancelier allemand Olaf Scholz.
 

Le président du Conseil européen, Charles Michel, est allé plus loin en se disant « extrêmement confiant et optimiste » sur la capacité de l’UE à tenir ses engagements envers l’Ukraine.

 

Le président français Emmanuel Macron a appelé de son côté le dirigeant hongrois à se « comporter en Européen » et à ne pas prendre l’UE « en otage » sur l’Ukraine.

 

Après une longue nuit de tractations à Bruxelles, qui n’a pas permis de le faire fléchir, Viktor Orban a enfoncé le clou en conditionnant l’aide à Kyiv au déblocage de la totalité des fonds européens pour son pays.

 

« J’ai toujours dit que si on procédait à un amendement du budget de l’UE […], la Hongrie saisirait l’occasion pour revendiquer clairement ce qu’elle mérite. Pas la moitié, pas un quart, mais la totalité », a-t-il lancé sur la radio d’État.

 

Budapest a obtenu mercredi le déblocage de dix milliards d’euros de fonds européens, après une décision de la Commission européenne qui a provoqué la colère de certains eurodéputés. Au total, 21 milliards de fonds européens destinés à la Hongrie sont toujours gelés par l’UE, dans le cadre de différentes procédures, en raison des manquements à l’État de droit reprochés à Budapest.

 

Mais la quête d’un compromis s’annonce particulièrement difficile.

L’UE avait prévu d’accorder à l’Ukraine une aide de 50 milliards d’euros, 33 milliards de prêts et 17 milliards d’euros de dons, sur quatre ans à compter de l’an prochain.

 

Cette nouvelle aide est jugée cruciale à Kyiv au moment où une aide américaine de plus de 60 milliards de dollars reste bloquée au Congrès en raison de réticences d’élus républicains.

 

Pas dans la salle

 

Les dirigeants européens avaient pourtant réussi quelques heures plus tôt à se mettre d’accord sur l’ouverture de négociations d’adhésion avec l’Ukraine.

 

M. Orban avait cette fois accepté de s’abstenir, quittant même la salle, pour ne pas avoir à endosser une décision qu’il n’a cessé de juger désastreuse pour l’avenir de l’UE.

 

Dans une vidéo publiée sur Facebook, Viktor Orban a ensuite expliqué que son pays ne voulait pas « partager la responsabilité » de ce choix « insensé » des 26 autres États.

 

« C’est une victoire pour l’Ukraine, pour toute l’Europe, une victoire qui motive, inspire et rend plus fort », a en revanche lancé le président ukrainien Volodymyr Zelensky.

 

Si le processus sera long, la symbolique est forte pour ce pays en guerre depuis le 24 février 2022, date du début de l’invasion russe.

 

Signal d’encouragement

 

Volodymyr Zelensky attendait, tout comme des millions d’Ukrainiens, un signal d’encouragement des Européens, au moment où les signaux négatifs venus de Washington se multiplient.

 

Depuis des semaines les nuages s’accumulent au-dessus de l’Ukraine : sa contre-offensive militaire n’a pas produit de percée décisive et l’aide occidentale, indispensable à l’effort de guerre, est bloquée.

 

L’UE a également décidé d’accorder le statut de pays candidat à la Géorgie et d’ouvrir, sous conditions, des négociations d’adhésion avec la Bosnie-Herzégovine.

 

En revanche, à nouveau désunie, l’UE n’est pas parvenue à trouver un accord sur une déclaration commune sur la situation au Moyen-Orient,  

 

Il y a une majorité de pays européens soutenant un cessez-le-feu à Gaza, « mais pas d’unanimité », a reconnu le premier ministre irlandais Leo Varadkar. [AFP]

 

 

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