L’Ukraine a appelé mercredi les Occidentaux à lui envoyer les armes et munitions dont elle a cruellement besoin après une nouvelle attaque aérienne « massive » de la Russie, qui a tué au moins cinq personnes.
Ces frappes russes ont notamment visé Kyiv, la capitale ukrainienne, où les débris d’un missile abattu sont tombés sur un immeuble résidentiel, tuant quatre personnes et en blessant quarante.
Le chef de la diplomatie ukrainienne, Dmytro Kouleba, a saisi l’occasion pour mettre les alliés de Kyiv face à leurs promesses. Il a regretté une situation « confuse » aux États-Unis, où le Congrès ne parvient pas depuis des mois, sur fond de lutte électorale avant la présidentielle de novembre, à voter une nouvelle enveloppe.
M. Kouleba a aussi pressé l’Union européenne d’« augmenter » ses livraisons d’obus d’artillerie, dont les troupes ukrainiennes manquent sur le front. Il a notamment demandé aux Vingt-Sept de « signer des contrats à long terme avec les entreprises » ukrainiennes de défense, de « réorienter les contrats existants pour la livraison d’obus à l’Ukraine » et d’« augmenter les importations de munitions en provenance de pays tiers ».
Les frappes russes de mercredi ont d’ailleurs eu lieu en pleine visite du chef de la diplomatie européenne Josep Borrell, qui a dû, comme de nombreux responsables occidentaux avant lui au cours des deux années de guerre, se réfugier dans un abri antiaérien, a constaté un journaliste de l’AFP.
M. Borrell a appelé les Européens à aider l’Ukraine « quoi qu’il en coûte ». Les dirigeants de l’UE se sont mis d’accord jeudi dernier à Bruxelles pour accorder une aide supplémentaire de 50 milliards d’euros sur quatre ans.
64 engins tirés
Selon le président Volodymyr Zelensky, six régions d’Ukraine ont été visées par l’attaque russe de mercredi, la première de cette ampleur depuis fin janvier avec des missiles et drones lancés en plusieurs vagues.
Dans la capitale, l’alerte a été déclenchée peu avant 6 h locales, et a duré trois heures. Plusieurs séries de fortes explosions ont résonné dans la ville, selon des journalistes de l’AFP sur place.
Au total, la Russie a lancé 44 missiles et 20 drones explosifs sur l’Ukraine, a déclaré sur Telegram le commandant en chef des armées ukrainiennes, Valery Zaloujny. Il s’agit selon lui de 36 projectiles de croisière de divers types, trois missiles balistiques et 5 missiles S-300.
Sur ce total de 64 engins, les forces ukrainiennes ont intercepté 29 missiles de croisière et 15 drones, a ajouté la même source.
Comme à son habitude, le ministère russe de la Défense a affirmé n’avoir visé que des cibles militaires et que celles-ci avaient « toutes été détruites ».
À Kyiv, des débris d’un missile abattu sont retombés sur un immeuble résidentiel de 17 étages dans le quartier Golosiïvsky.
Un camion de pompiers a utilisé une grande grue pour éteindre le feu avec des jets d’eau et des pompiers ont également pénétré dans le bâtiment en fin de matinée, a constaté une journaliste de l’AFP.
Fenêtres explosées
Sur plusieurs étages supérieurs, de la fumée s’échappait des fenêtres et les murs étaient noircis.
« J’ai même vu le missile voler, il s’est élevé puis a volé avec la queue en feu, je ne pouvais pas voir vers où, puis ça a cogné », a indiqué une habitante, Valentyna Kozatchouk, une retraitée de 63 ans.
Selon elle, toutes les portes donnant sur le palier et la cage d’escalier ont explosé et les fenêtres de son balcon étaient endommagées.
Un autre habitant, Dmytro, avait peur pour sa femme, qui se trouvait sur un balcon lors de l’attaque.
Sorti mettre ses enfants à l’abri, il a voulu revenir chercher sa compagne. Mais les secouristes « ne m’ont pas laissé entrer », a-t-il expliqué. « Elle est peut-être morte », s’est-il inquiété.
Kharkiv, deuxième ville du pays située dans l’Est, a essuyé des tirs de missiles S-300, a indiqué le gouverneur régional Oleg Synegoubov.
Dans la région de Lviv (ouest), un missile a touché un site industriel de la ville de Drogobytch, à une cinquantaine de kilomètres de la frontière polonaise, sans faire de victimes, a indiqué le gouverneur régional Maksym Kozytsky sur Telegram. Un autre missile a en revanche pu être abattu dans cette région, selon la même source. [AFP]