L’armée israélienne perd 27 soldats en une journée, un "désastre", selon Netanyahu

Mardi 23 Janvier 2024

Israël a annoncé mardi la mort de 24 soldats à Gaza la veille, sa plus lourde perte militaire en une journée depuis le début de son offensive terrestre dans le territoire palestinien, alors que les pressions s’accentuent sur son gouvernement pour une trêve dans la guerre contre le Hamas.

 

Selon le porte-parole de l’armée israélienne Daniel Hagari, 21 « réservistes » sont morts lundi dans l’effondrement de deux bâtiments qu’ils étaient en train de miner dans le sud de la bande de Gaza, après un tir de roquette contre un tank à proximité.

 

Avec la mort de trois autres soldats dans un incident séparé, Israël a enregistré la perte quotidienne la plus lourde depuis le 27 octobre, portant le bilan total des militaires tués à 221.

 

C’est un « coup dur », a admis le ministre de la Défense Yoav Gallant, le premier ministre, Benyamin Nétanyahou, annonçant l’ouverture d’une enquête sur le « désastre » de la mort des réservistes.  

 

À Jérusalem, plus de 200 personnes ont assisté mardi aux funérailles d’une des victimes, Hadar Kapeluk. Son cercueil était porté par des soldats et recouvert d’un drapeau israélien, au milieu de tombes fraîchement refermées et recouvertes de couronnes de chrysanthèmes.

 

Khan Younès « encerclé »

 

La guerre a été déclenchée par l’attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre sur le sol israélien, qui a entraîné la mort de plus de 1140 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l’AFP à partir de données officielles israéliennes.

 

Quelque 250 personnes ont été enlevées et emmenées à Gaza, dont une centaine libérées fin novembre lors d’une trêve en échange de prisonniers palestiniens. Selon le même décompte, 132 otages sont toujours dans le territoire, dont 28 seraient morts.

 

Israël a juré « d’anéantir » le Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007, et a lancé une vaste opération militaire qui a tué 25 490 Palestiniens, en grande majorité des femmes, enfants et adolescents, selon le ministère de la Santé du Hamas. 
 

Au 109e jour de la guerre, les forces israéliennes ont annoncé avoir « encerclé » Khan Younès, principale localité du sud du territoire et ville natale de Yahya Sinouar, le chef à Gaza du mouvement islamiste, considéré comme l’architecte de l’attaque du 7 octobre.

 

Des témoins ont fait état de tirs d’artillerie israéliens près de l’hôpital Nasser et le Croissant-Rouge palestinien a accusé l’armée israélienne d’avoir visé son QG dans cette ville, et blessé des personnes réfugiées dans l’enceinte de l’hôpital.  

 

Tirs sur un hôpital

 

Le ministère de la Santé du Hamas a annoncé mardi que des forces israéliennes avaient tiré directement sur un hôpital dans la ville de Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza.

 

« Des chars israéliens tirent de manière massive sur les étages supérieurs du bâtiment de chirurgie et le bâtiment des urgences de l’hôpital Nasser, et l’on s’attend à des dizaines de blessés », affirme un communiqué du ministère du mouvement islamiste palestinien.
 

Interrogée par l’AFP, l’armée israélienne n’a pas commenté dans l’immédiat ces allégations.

 

Philippe Lazzarini, chef de l’Agence onusienne pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) a par ailleurs annoncé sur X que l’un de ses abris à Khan Younès pour personnes déplacées avait « été touché pendant les opérations militaires » lundi.

 

Alors que les forces israéliennes poursuivent leurs opérations, plus d’un million de personnes sont entassées à Rafah au sud de Khan Younès, près de la frontière avec l’Égypte.

 

Selon le bureau de coordination de l’aide humanitaire de l’ONU (Ocha), « les combats s’intensifient détruisant des zones civiles et faisant des morts. Les attaques contre les services médicaux se multiplient ».

 

Le petit territoire palestinien assiégé et dévasté est menacé « d’une famine imminente » a dénoncé l’ONU à Genève, alors qu’au moins 1,7 des 2,4 millions d’habitants ont fui leur foyer, beaucoup se massant dans le sud où ils vivent dans des conditions précaires. Les Gazaouis sont aussi confrontés à une nouvelle coupure de l’internet et téléphone.  

 

Appels pour une trêve

 

La poursuite du conflit et son coût humain font monter la pression sur le gouvernement israélien pour qu’il négocie une nouvelle trêve avec le Hamas, et prépare l’après-guerre dans la bande côtière.

 

En Israël, « les gens vont demander des réponses claires sur les raisons et le but de cette opération à Gaza », dit à l’AFP Israela Oron, experte en sécurité à l’Université Ben-Gourion.

 

Selon le site d’informations américain Axios, Israël a proposé au Hamas, via la médiation de l’Égypte et du Qatar, une pause de deux mois dans les opérations militaires à Gaza pour un échange entre des prisonniers palestiniens et tous les otages, vivants et décédés.  

 

Le Qatar, médiateur lors d’un précédent accord de trêve et de libération de détenus, a contesté mardi ces informations.

 

Dans la journée, une source palestinienne bien informée a indiqué à l’AFP, qu’une délégation du Hamas était arrivée mardi au Caire pour « discuter […] d’une nouvelle proposition de cessez-le-feu ».

 

Benyamin Nétanyahou, qui rejette l’idée d’un arrêt des combats, a évoqué lundi avec les proches d’otages une « initiative » israélienne, mais sans détails, selon la presse locale.

 

Le gouvernement israélien refuse aussi de discuter d’une « solution à deux États » pour une paix durable, avec un État palestinien indépendant aux côtés d’Israël, irritant la communauté internationale.

 

« Affaiblir » les houthis

 

Le conflit exacerbe aussi les tensions entre Israël et les alliés pro-Iran du Hamas.

Le Hezbollah libanais a annoncé avoir tiré mardi des missiles sur la base militaire de Meron, dans le nord d’Israël, déjà visée début janvier après l’élimination au Liban, imputée à Israël, du numéro deux du Hamas.

 

Les États-Unis et le Royaume-Uni ont eux mené de nouvelles frappes contre des sites houthis au Yémen dans la nuit pour « affaiblir » l’arsenal militaire de ces rebelles qui multiplient les attaques contre des navires marchands en mer Rouge et dans le golfe d’Aden, perturbant le commerce international.

« Ces attaques ne resteront pas sans réponse et impunies  », a réagi le porte-parole militaire des houthis, Yahya Saree. 

 

 

Nombre de lectures : 185 fois