L’armée israélienne reconnaît son « échec » lors de l’attaque du 7 octobre dans un kibboutz

Jeudi 11 Juillet 2024

L’armée israélienne a reconnu son « échec » lors de l’attaque sanglante du Hamas contre le kibboutz Beeri, le 7 octobre, dans un rapport publié jeudi après avoir été présenté aux habitants du village, qui ont exigé la mise en place d’une commission d’enquête d’État.

 

Dans ce document, qui détaille les actions des soldats durant l’attaque, la commission d’enquête, menée par un ancien général, affirme que l’armée a « échoué dans sa mission de protéger les habitants du kibboutz Beeri ».

 

Situé à environ quatre kilomètres à l’est de la barrière dressée par Israël le long de sa frontière avec la bande de Gaza, le lieu a été le théâtre d’un massacre de civils, le matin du 7 octobre.

 

Selon le rapport militaire, 101  civils ont été tués, 32 personnes ont été prises en otages dont 11 sont encore dans la bande de Gaza, contrôlée par le Hamas depuis 2007.

 

Par ailleurs, 150 maisons et bâtiments du village collectiviste ont été détruits, la plupart incendiés.

Pendant les combats, 23 soldats et huit policiers ont été tués, selon le rapport, qui précise que « 340 terroristes s’étaient infiltrés dans le kibboutz ».

 

Dans la conclusion du rapport en 11 points, l’armée affirme « ne pas avoir été préparée à un scénario d’une infiltration massive comme celle du 7 octobre » et reconnaît aussi « un manque de coordination » entre ses troupes sur place.

 

« L’enquête a été approfondie et a aidé les membres du kibboutz à comprendre la complexité des combats dans les différents secteurs. Nous estimons qu’il est très important que l’armée ait pris ses responsabilités dans son échec total à nous protéger et de sa demande de pardon pour nous avoir abandonnés tant d’heures, alors que nous étions sous une attaque maléfique sans égal », affirme le kibboutz dans un communiqué.  

 

Dans ce communiqué, Beeri exige la mise en place d’une commission d’enquête d’État pour « que la perte incroyable » du kibboutz « ne puisse plus se reproduire ».

 

Échec et désastre

 

Une des questions soulevées par le rapport, selon le communiqué de Beeri, est l’absence de réponses sur plusieurs points « critiques », comme ce qui a mené à cette attaque et le fait que durant des heures, des soldats stationnés devant le kibboutz ne sont pas entrés combattre les hommes armés du Hamas, alors que « le kibboutz brûlait et que ses habitants suppliaient pour avoir de l’aide ».

 

Un des incidents les plus dramatiques qui s’est déroulé pendant les combats a entraîné la mort de 13 civils, pris en otages dans la maison d’une habitante de Beeri, qui a été la cible de tirs d’un char israélien.

 

Le porte-parole de l’armée, le contre-amiral Daniel Hagari a affirmé dans une déclaration télévisée jeudi soir que « la majorité des otages ont été tués par les terroristes » et que les soldats ont mené des négociations avant de tirer vers la maison.

 

Il a par ailleurs reconnu que les habitants de Beeri ont dû se défendre et « lutter seuls pendant sept heures », confirmant ainsi les témoignages relatant l’inaction de centaines de soldats en attente d’ordres.

 

L’attaque sans précédent menée par des commandos du Hamas, infiltrés depuis Gaza dans le sud d’Israël, a entraîné la mort de 1195 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP établi à partir de données officielles israéliennes.

 

Sur 251 personnes alors enlevées, 116 sont toujours retenues à Gaza dont 42 sont mortes, selon l’armée.

 

En riposte, Israël a promis de détruire le Hamas et lancé une offensive militaire qui a fait jusqu’à présent 38 345 morts, dont 50 ces dernières 24 heures, en majorité des civils, selon des données du ministère de la Santé du gouvernement de Gaza.

 

Cette première enquête, « ne reflète pas tout ce qui s’est passé ce jour-là, mais elle illustre clairement l’ampleur de l’échec et du désastre qui a frappé les habitants du sud qui ont défendu leurs familles de leurs corps pendant de nombreuses heures alors que l’armée n’était pas là pour les protéger », conclut dans ce rapport le chef d’état-major de l’armée israélienne. [AFP]

 
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