L'exécutif de nouveau sur le gril dans l'affaire Benalla

Lundi 30 Juillet 2018

PARIS (Reuters) - L’exécutif affronte sa troisième semaine de turbulences liées à l’”affaire Benalla” avec l’examen mardi de deux motions de censure de l’opposition à l’Assemblée et la poursuite des auditions devant la commission d’enquête du Sénat. La cote de confiance d’Emmanuel Macron a reculé d’un point en juillet à 39% de satisfaits, un plus bas depuis son accession à l’Elysée, selon le baromètre mensuel de l’Ifop pour Le Journal du Dimanche. Le chef de l’Etat gagnait toutefois deux points à 42% d’opinions positives dans une enquête Harris Interactive pour Délits d’opinion diffusée samedi.

“L’impact de l’affaire est réel même si elle n’enclenche pas une rupture d’opinion avec les Français. (...) Cela peut s’inscrire dans une logique de poison lent”, relève Frédéric Dabi, directeur général adjoint de l’Ifop, dans le JDD.

Dans cet insidieux précipité politico-judiciaire, qui distille chaque jour son lot de révélations, démentis et imprécations, le chef de l’Etat, qui évoque “une tempête dans un verre d’eau”, est apparu fragilisé par une défense erratique.

“J’étais là pour le protéger et c’est moi qui l’ai mis en difficulté”, insiste Alexandre Benalla, l’ex-chargé de mission de la présidence au coeur de la tourmente, dans une interview au JDD, qui fait suite à des entretiens au Monde et à TF1.

Mis en examen pour violences en réunion, notamment, l’ex-homme de confiance du président, qui confie avoir songé à se présenter aux législatives en 2017, révèle avoir proposé sa démission une fois ses agissements du 1er-Mai portés à la connaissance de l’Elysée, accusée par l’opposition de gauche et de droite d’avoir minimisé et cherché à étouffer l’affaire.
  “LE GOUVERNEMENT A FAILLI”
“J’ai dit que j’étais prêt à démissionner. On m’a répondu que ce n’était pas la peine”, explique Alexandre Benalla qui ajoute que la présidence a “utilisé” le recel présumé d’images de vidéosurveillance qui lui est reproché pour “couper court” au “scandale” et engager une procédure de licenciement le 20 juillet à son encontre.

Les services de la présidence, dont plusieurs hauts responsables ont été entendus par les commissions d’enquête parlementaires, défendent une gestion “proportionnée” de cette affaire eu égard aux éléments dont ils disposaient alors.

Alexandre Benalla, 26 ans, avait été mis à pied du 4 au 19 mai avec suspension de salaire, dont le directeur de cabinet d’Emmanuel Macron, Patrick Strzoda, a révélé devant les sénateurs qu’elle serait in fine différée sur le reliquat de ses congés lors du solde de tout compte avant licenciement.

“On découvre que s’est mis en place, au coeur même de l’Elysée, un système de fonctionnement totalement opaque et hors de tout contrôle”, écrit le chef de file des députés Les Républicains, Christian Jacob, dans une tribune publiée dans le JDD.

“Face à la dérive monarchique du président de la République, le gouvernement a failli. (...) Il a failli car il a préféré couvrir le président plutôt que de défendre nos institutions, il a failli car il a laissé dériver cette affaire en refusant de donner des explications au Parlement”, ajoute-t-il.
  BENALLA PRÊT À ÊTRE ENTENDU PAR LES COMMISSIONS
Le gouvernement d’Edouard Philippe sera confronté mardi à l’Assemblée à deux motions de censure : l’une portée par LR, l’autre par les élus de La France insoumise, socialistes et communistes.

Le gouvernement n’est en rien menacé puisque le groupe de La République en Marche (LaRem) détient la majorité absolue à l’Assemblée - 312 députés sur 577. Pour être adoptée, la motion de censure devrait recueillir 289 voix.

L’opposition le sait qui souhaite avant tout que le gouvernement “rende des comptes” à la veille de la clôture de la session parlementaire et avant les vacances de l’exécutif.

Une opposition qui dénonce en outre l’immixtion de l’Elysée dans les travaux de la commission d’enquête parlementaire de l’Assemblée, dont sa présidente Yaël Braun-Pivet (LaRem) estime qu’elle a achevé ses investigations alors que la commission du Sénat entend cette semaine plusieurs hauts responsables, dont mardi matin Christophe Castaner, secrétaire d’Etat aux Relations avec le Parlement et délégué général de La République en Marche.

L’opposition de droite et de gauche a quitté jeudi la commission de l’Assemblée en raison notamment de désaccords sur la liste des auditions, limitée par la présidente de la commission des Lois.

“Nous avons auditionné plusieurs personnalités venues des cabinets et de l’administration et déduit qu’il n’y a pas besoin de plus d’enquête à l’Elysée”, justifie celle-ci dans le JDD.

Alexandre Benalla déclare dans le même journal avoir “plutôt envie” d’être entendu par les deux commissions. “Ils veulent des explications, j’ai de quoi leur en donner”.

La commission d’enquête du Sénat entendra lundi notamment le chef de cabinet et le directeur de cabinet du ministre de l’Intérieur Gérard Collomb ainsi que le colonel Lionel Lavergne, chef du groupe de sécurité de la présidence de la République.
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