L'impression 3D, en pleine croissance, veut conquérir les PME

Samedi 31 Mars 2018

La fabrication additive, en pleine croissance et plus connue sous le nom d'impression 3D, s'arroge une place grandissante dans la production industrielle de série et vise les PME, selon des entreprises présentes au salon de l'industrie Global Industrie près de Paris.

"On est à un point d'inflexion, on arrive à la production rentable", "le risque d'investissement diminue" et "les marchés s'ouvrent", résume à l'AFP Jean Sreng, pour l'Alliance Industrie du Futur.

L'impression 3D sort de ses premières applications -le prototypage, les petites séries, la fabrication d’outillage- pour aller vers "la production effective", explique M. Sreng, responsable fabrication additive de l'éditeur de logiciels ESI Group.

Il rappelle qu'il y a deux ans encore, les industriels se montraient "très suspicieux" vis-à-vis de cette technologie de rupture.

Signe de cette évolution, les ventes de machines sont en forte progression. Le rapport annuel du cabinet Wohlers, publié cette semaine, qui recense l'activité mondiale du secteur, fait apparaître un bond de 80% dans l'impression 3D métal avec près de 1.800 systèmes vendus en 2017.

Le chiffre d'affaires mondial de l'impression 3D (produits et services) était en hausse de 21% l'an dernier, nettement au-dessus des 7 milliards de dollars.

L'objectif en France, qui compte plusieurs constructeurs, est de développer l'offre en direction des PME, en présentant les multiples usages disponibles pour "contribuer à créer une demande", explique Olivier Dario, délégué général du Symop, qui regroupe les fabricants de machines-outils.

La France pèse environ 3% du marché mondial. Sur la partie impression 3D métal, la croissance est proche en France et à l'international car il y a des donneurs d'ordre importants en France dans l'aéronautique et l'automobile, selon les estimations du Symop.

Cette fédération a lancé il y a quelques mois, en octobre, le programme 3DStartPME pour aider les PME industrielles à franchir le pas et à s'équiper en imprimantes 3D.

Mené avec l'appui financier de Bpifrance et des régions, ce programme pilote est inspiré de ce qui avait été fait il y a quelques années pour les robots dans les PME. Il concerne dans un premier temps la formation d'une trentaine d'entreprises, dont 12 seront ensuite accompagnées plus avant.

- Amorçage du marché -

"Tout le monde est intéressé par cette technologie", mais "il y a un énorme travail d'amorçage du marché en vue de le développer dans les PME", complète Nicolas Parascandolo, chargé du projet au Symop.

L'automobile, l'aéronautique, le spatial, le médical apparaissent comme des secteurs propices à la fabrication additive, qui a notamment déjà fait ses preuves dans la fabrication de prothèses.

Les imprimantes 3D plastique d'un des pionniers français, Prodways, produisent ainsi en série des semelles orthopédiques, mais différentes pour chaque utilisateur, à un rythme entre 500 et 1.000 semelles par semaine.

Les constructeurs ont noté l'intérêt "de plus en plus de petites entreprises". Il faut "convaincre les industriels qu'ils peuvent internaliser la fabrication additive" au lieu de faire appel à la sous-traitance, relève Éric Montero, directeur des ventes France de l'américain Stratasys, un des poids lourds mondiaux.

Des grands groupes ont eux sauté le pas, à l'image de Michelin, engagé depuis plus de 15 ans dans un programme de fabrication additive.

Le groupe de pneumatiques s'est associé avec la société d'ingénierie industrielle Fives pour créer une coentreprise, AddUp, qui fabrique des machines. Michelin produit aujourd'hui près d'un million de pièces par an avec cette technologie, des lamelles métalliques pour ses moules de fabrication de pneus.

"La phase d'industrialisation a réussi à mettre sous contrôle tous les paramètres. Michelin a montré que c'est faisable", souligne Jean-Luc Laval, directeur marketing de AddUp.

Pour AddUp, l'idée est d'inciter les industriels à commencer par des petites séries, puis à augmenter progressivement leur production, mais aussi les inviter à "penser autrement et créer de nouveaux produits" grâce aux possibilités de l'impression 3D, indique-t-il.

Reste la question du coût: une machine au prix catalogue de 750.000 euros n'est pas à la portée de toutes les PME. Chez AddUp, on a mis en place des offres de location.
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