L’inévitable consensus auquel invite le peuple

Mardi 2 Octobre 2018

Jeunes camarades des partis dénombrés au Sénégal ! Congénères et confrères journalistes ! Aînés et acteurs politiques ! Cadets sociaux et Personnes âgées ! Femmes du Sénégal et hommes pieux et vieux sages du pays ! Jeunesses scolarisées et sans emploi ! Travailleurs et corps de métiers du Sénégal ! En ce début de mois d’octobre, mois du Magal, appelant 20 jours le Gamou à son tour, dates communément célébrées rencontres religieuses, nous devons nous montrer fiers d’être Sénégalais, compatriotes et concitoyens de l’intérieur et de l’extérieur. 
 
Par Khaly Moustapha LÈYE 
 
Nous ne sommes pas tous des frères et des sœurs de sang certes, mais tous, sans exception, nous nous entre-connaissons les uns les autres comme des frères et des sœurs en religion. Si cela ne suffit pour nous connaître davantage en nous fréquentant, en nous faisant confiance les uns les autres, en échangeant cordialement et respectueusement sur les réseaux sociaux, c’est qu’il nous reste beaucoup à faire pour nous reconnaître chacun, chacune, comme étant des citoyens biométriques de la communauté Cedeao. 
 
Quand bien même nous disposons de cette pièce d’identification nationale qui nous sert de carte d’électeur à ceux et celles qui ont voulu leur inscription sur le fichier électoral, en choisissant leur adresse et leur bureau de vote, comment mieux nous exprimer devant l’urne au jour du scrutin si nous ne menons pas le débat serein et public qu’il faut autour des enjeux de cette cruciale élection présidentielle du 24 février 2019 ? 
 
On a beau être un ce citoye sénégalais là - et de ces citoyennes sénégalaises -, nous n’aurons ressenti une appartenance commune à la même nationalité que sous les mêmes couleurs du drapeau national levé tous les premiers lundi du mois nouveau pour saluer la République à sa juste estime. Cela ne suffirait à faire de nous de parfaits citoyens ayant chacun, chacune sa pratique religieuse assidue ou peu constante, si les insignes, symboles et sceaux de la République ne sont pas honorés par nous au profit du sentiment de continuité historique qui a façonné jusqu’ici l’État national unitaire et laïc qui donne sens à la nation sénégalaise. 
 
Au-delà, il est ici bien question de sens patriotique exprimé et de foi islamique/chrétienne vécue à l’épreuve des faits, pour justifier la devise nationale qui nous identifie sous ce triptyque «UN PEUPLE - UN BUT - UNE FOI». C’est donc dans le respect de la devise nationale par tous que nous atteindrons de grands objectifs et des portefeuilles de projets à réaliser dans un élan unitaire et compréhensif. Le consensus, l’inévitable consensus en somme. Ce que tout pouvoir qui a été démocratiquement et légitimement installé au nom du peuple, source de toute légitimité, se doit de comprendre, pour ne plus s’arroger à lui seul des pans entiers des centres de décisions, à l’aide de billets de banques et de mallettes d’argent qui servent à asservir le Sénégalais moyen, à corrompre des corps de métiers et à acheter des voix d’électeurs potentiels inscrits. Mais toutes ces pratiques dénoncées à longueur de journée ne sont-elles pas en elles mêmes superficielles à côté de ce qui nous unit, plus fort que ce qui nous sépare ? 
 
Ce qui nous unit est notre Constitution, Loi fondamentale ou charte du pays. Si on ne la respecte pas, il n’y a plus lieu de se plier, de se soumettre ou d’accepter des lois jugées iniques. Pour conserver l’essence de la Constitution, il est obligatoire de permettre à tout potentiel électeur d’entrer en possession de sa carte nationale d’identification biométrique, d’être assuré d’avoir à pouvoir voter le jour du scrutin à venir dans de bonnes conditions différentes des conditions lamentables dans lesquelles le vote lors de la Législative du 30 juillet s’est déroulé. 
 
Or, avec les nouvelles modifications de la révision constitutionnelle du 20 mars 2016, impactant sur les dispositions du code électoral, cela a abouti logiquement sur l’adoption de la loi sur le parrainage le 19 avril 2018 par la 13ème législature. De ce fait, l’architecture institutionnelle est revue du moment qu’il n’y a pas que les candidats indépendants qui doivent produire le cautionnement moral de leur candidature par le parrainage citoyen : «Toute candidature à une élection présentée par un parti politique légalement constitué, une coalition de partis légalement constitués ou une entité regroupant des personnes indépendantes, est astreinte au parrainage  desdites candidatures par une liste d’électeurs. Les modalités d’organisation de cette collecte de signatures sont déterminées par le présent code». 
 
Ce qui repose à nouveau les motifs qui justifient ce parrainage citoyen exigé à la candidature à la candidature, à savoir la réduction de la pléthore de candidatures au vu de l’inflation de partis politiques et mouvement politiques divers existants et ne pouvant pour le moment être rationalisés entité organisationnelle. 
 
Après ces nouvelles modifications entrant en collision avec l’article 34 de la Constitution qui dispense les partis politiques légalement constitués du système de parrainage, il s’agit maintenant de voir en quoi l’anti constitutionnalité de la loi sur le parrainage prévaut sur la conformité constitutionnelle sans un avis clairement rendu par le Conseil constitutionnel qui a préféré se déclarer incompétent en la matière et l’a déclarée conforme à la Constitution par sa Décision n°2/C/20 18 du 2 juillet 2018. Le Conseil constitutionnel n’a ainsi plus les pleins pouvoirs concernant le parrainage des candidats à l’élection présidentielle. 
 
LOI SUR LE PARRAINAGE…. UNE MANIERE PEU EFFICACE DE FREINER LA MULTITUDE DE CANDIDATURES 
 
Autant de motifs pour filtrer les candidatures et qui n’ont pu endiguer la pléthore de candidatures tournant autour de 87 à 94 prétendants au trône. N’est-ce pas la même chose que nous avons connue lors de la Législative du 30 juillet 2017 avec 47 listes participantes ? Somme toute, il faudra bien opérer un lifting d’ajustement institutionnel pour équivalemment introduire le bulletin unique comme réclamé par une frange de l’opposition. Pour cela il faudra encore une modification de la Constitution par les parlementaires qui ne se priveront pas d’ajouter d’autres ajustements et changements circonstanciés pendant qu’il en est encore temps. Mais à moins de six mois du scrutin la directive de la Cedeao interdit toute modification dus textes réglementaires en matière d’élection. Comment allons-nous faire donc si tous les potentiels candidats déclarés parvenaient à la légalité de la candidature en s’acquittant de la caution de 30 millions et en ayant recueilli entre 0,8 et 1% (entre 65.000 et 70.000) des signatures des citoyens électeurs parrainant et inscrits sur le fichier électoral ? 
 
Selon le ministre de la Justice, Garde des sceaux, qui a défendu ce projet de Loi instituant le parrainage citoyen, «si le président de la République voulait tout simplement freiner les forces politiques montantes, il allait proposer le parrainage par les élus locaux». Ismaël Madior Fall justifie une telle réforme en disant qu’elle permet de rationaliser les candidatures et d’avoir des candidatures significatives et de qualité. Selon lui, «il ne faudrait pas qu’on se retrouve avec une cinquantaine de candidats comme lors des dernières législatives», explique-t-il. Avec cette loi, tous les Sénégalais compréhensifs devront parrainer une seule candidature et non deux de leur choix. De plus, tous ces candidats déclarés à la candidature vont devoir parcourir au moins 7 régions du pays sur les 14 pour remplir les conditions liées à leur candidature, à savoir 2000 signatures par région, et au total 65.000 à 70.000 signatures des électeurs régulièrement inscrits sur le fichier électoral. Une manière peu efficace de freiner la multitude de candidatures et une pile de signatures double qui vont contribuer à rejeter des parrainages de  consentis par des citoyens. 
 
Ainsi, au lieu de boycotter le scrutin et d’exiger que le bulletin unique accompagne le parrainage l’opposition a encore une fois pris le risque d’aller à une élection pour se faire laminer. Une façon très peu démocratique de mériter le soutien moral des populations qui sont plus qu’affligées par tout ce qu’elle subit sans force de protestation réelle ni capacité de riposte avérée. Elle prend le risque de l’invalidation de signatures pour avoir cautionner indirectement et volontairement le parrainage.
 
Faisons gaffe, l’heure est grave ! L’hydre populaire, démon national, vit au sein du peuple. Si nous ne pouvons rien contre, acceptons de mourir comme ces braves femmes, épouses et mamans, du Walo (Talata Nder). Fila jumté muna yem ak yenné bu doyyediku ! L’erreur est là ; sans les belles intentions qui pavent l’enfer. 
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