LA TUNISIE SUR LE MÊME CHEMIN QUE L’ALGERIE ET L’EGYPTE

Jeudi 5 Aout 2021

Le président tunisien Kaïs Saïed
Beaucoup sont troublés par la décision du président tunisien de suspendre le parlement et dissoudre le gouvernement. Les “légalistes” crient au “coup d’état” tout comme la presse et les gouvernements impérialistes et les antifascistes soutiennent “l’état d’urgence”.
 
Bien entendu il n’est jamais aisé d’être confronté à des épreuves de ce type où deux fractions dans l’appareil d’état s’affrontent pour le pouvoir.
 
C’est ce triste spectacle auquel on avait assisté en Algérie, aboutissement d’un processus politique qui a vu le FLN appliquer les programmes libéraux du FMI, de la Banque Mondiale tout en laissant libre cours aux partis religieux et en réprimant les partis et mouvements démocratiques laïcs. Un leader islamiste du Front Islamique du Salut (FIS), Ali Belhadj, annonçait ainsi son programme génocidaire disant qu’ils étaient “prêts à éliminer les 2/3 des Algériens pour que le 1/3 restant suive la voie de Allah”. Les “frères musulmans” Égyptiens qui ont pactisé avec le colonialisme contre les indépendantistes pan-arabes comme Abdel Gamal Nasser ont aussi le même objectif d’instaurer la “charia” dans un pays qui a plus de 10 millions de Chrétiens Cooptes et les descendants “pharaoun” Noirs à la fois musulmans et non musulmans. En Tunisie, Ennahdha est l’équivalent algérien du FIS et des “frères musulmans” égyptiens.
 
La différence notable est qu’en Tunisie au contraire de l’Algérie et de l’Egypte, la tradition militariste a été limitée à l’avènement de Ben Ali qui a fait carrière dans l’armée et les services secrets. Tous veulent mettre la religion officiellement au pouvoir à l’instar de l’Arabie Saoudite, le Qatar, les Émirats, etc., qui sont des fabrications historique du colonialisme pour couper les peuples arabes de la matière première stratégique qu'est le pétrole. Et tous ont relevé la tête à la faveur de la stratégie impérialiste Occidentale du “choc, de la guerre des religions, des cultures, des civilisations” qui a remplacé la “guerre froide et chaude contre le mal soviétique”.
 
Chaque fois que les peuples se soulèvent contre les dictatures bourgeoises civiles ou militaires, les “révolutions colorées” ont été mises à profit par les impérialistes Occidentaux (USA, UE) et leurs alliés théocratiques fascistes des pétro-dollars pour introduire dans le jeu politique des pays les éléments religieux pour empêcher une alternative sociale et démocratique révolutionnaire laïque. En Tunisie, cela a pris la forme des assassinats des leaders progressistes Mohammed Brahmi et Chokri Belaïd.
 
C’est le cas en Afghanistan, en Irak, en Tunisie, en Egypte, en Algérie, en Libye, en Syrie, et même en Pologne avec Solidarnosc et en Ukraine. Les partis religieux sont le plus souvent alliés de l’impérialisme qui les utilise pour détruire les Etats à l’instar de la Libye.
Historiquement en Turquie, ce ne sont pas les religieux qui ont redressé ce pays suite à l’effondrement de l’empire Ottoman, mais la République laïque de Kemal Atatürk qui, sous influence de l’URSS, a introduit le droit de vote aux femmes dans un pays majoritairement musulman bien avant par exemple l’impérialisme français.
 
Voilà pourquoi, la lutte antifasciste contre les partis et les pouvoirs religieux doit être aussi liée à la lutte contre la corruption des gouvernants civils et militaires bourgeois pour la satisfaction des revendications sociales populaires base d’une alternative politique anti-libérale et anti-impérialiste. Voilà pourquoi, il ne faut jamais crier avec les loups fascistes et impérialistes lors des coups d’arrêt à la prise de pouvoir rampante des fascistes religieux.
Diagne Fodé Roland
1er août 21
 
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