LEADERSHIP - PAPA ABDOULAYE DJIGAL (DIRECTEUR RH & COM DES GRANDS MOULINS DE DAKAR): L’innovation pour résister à la concurrence dans un secteur en crise

Lundi 19 Septembre 2016

Après 20 années passées à l’étranger, Papa Abdoulaye Djigal revient au Sénégal suite à une proposition des Grands Moulins de Dakar (GMD). A la tête d’une équipe d’environ 300 personnes, il s’appuie sur innovation et confiance pour réussir dans un secteur en crise, celui de la minoterie.
 
Juriste de formation, Papa Abdoulaye Djigal a fait ses humanités à la faculté de droit de Paris XI où il a été chargé d’enseignement en droit public, ainsi qu’à Paris I Panthéon-Sorbonne. Après une spécialisation dans le domaine des prestations sociales, il se frotte quelque temps aux cabinets d’avocats compagnies d’assurances… Dans cette lancée, il rejoint le Conseil général (département) de l’Essonne, dans le sud de Paris, où il a en charge la formation et le développement des compétences. Un chemin tout tracé qui le conduit finalement vers la gestion des ressources humaines.
 
Depuis février 2014, et après 20 ans passés dans l’Hexagone, c’est le retour au bercail. Station : le département des ressources humaines et de la communication des Grands Moulins de Dakar, une entité du Groupe Mimran. «Je n’ai pas hésité quand les GMD ont demandé à collaborer avec moi. Revenir au Sénégal était un défi du moment que j’avais fini de faire mes preuves ailleurs. Mais quand vous intégrez une entreprise qui doit s’adapter, vous devenez forcément un acteur de ce processus d’adaptation», nous a-t-il indiqué au cours d’un entretien.  
 
En fait d’adaptation, l’entreprise GMD, avec ses soixante ans d’existence, est alors confrontée à une terrible concurrence qui lui impose de faire évoluer ses méthodes de fonctionnement. «Heureusement, il y avait sur place une équipe compétente et dynamique, ainsi que des dirigeants qui m’ont fait entièrement confiance», se réjouit-il. Les départs de cadres confirmés vers les sociétés concurrentes, il fallait y mettre un terme à tout prix grâce à des stratégies bien pensées et cohérentes entre elles.
 
«L’enjeu n’était pas simplement de stopper ces départs, il fallait surtout construire l’envie de rester dans l’entreprise», souligne P. Abdoulaye Djigal. «Ceci est la base d’une gestion des ressources humaines. Quand une entreprise a six décennies derrière elle, le sentiment d’appartenance a un sens. Le problème alors, c’est comment faire de sorte que ceux qui partent ne déstructurent pas votre masse salariale, car le conçurent, pour déstabiliser votre entreprise, peut proposer le double à votre employé. Faut-il surenchérir pour le garder ? C’est une question de stratégie RH.»
 
Concurrence féroce
De guerre lasse, les GMD acceptent de laisser partir ceux qui le souhaitaient. «A l’interne, on s’est dit que si on a été capables de former ceux-là qui nous quittent, on pouvait bien réussir le pari d’en former d’autres», explique le patron RH de l’entreprise.
La concurrence est également présente dans les produits. Comme dans la minoterie, lieu d’une compétition rugueuse, reconnaît ce juriste social. Dans ce contexte, la capacité d’innovation est d’une importance capitale. D’où le lancement de la farine améliorée et d’un aliment pour volaille ayant une gamme chair et une gamme ponte permettant d’obtenir une litière propre pour éviter les maladies.
 
Aujourd’hui, Papa Abdoulaye Djigal estime que la grande question est de savoir qui doit réguler la concurrence dans le secteur : l’Etat ou le marché ? «On ne peut pas reprocher à l’Etat son pouvoir souverain de mener une politique économique », admet-il. Néanmoins, «le Sénégal a une production en farine sur-capacitaire (…) Et quand l’initiative industrielle, qui est certes une aubaine pour nos systèmes de développement, génère de la casse sociale et des suppressions d’emplois durables, il faut questionner les leviers de régulation.»
 
La crise dans le secteur de la farine est là, visible, réelle. La priorité n’est point d’en chercher les responsables, selon lui. «L’urgence est au travail pour trouver les voies et moyens de sauver la filière, le modèle social et les emplois qui font la dignité de plusieurs familles sénégalaises.»
(Abibatou Ngom)

 
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