LIBYE : l’ONU dénonce un afflux d'armes et de combattants étrangers

Jeudi 30 Janvier 2020

Les ingérences et l'envoi d'armes et de combattants étrangers en Libye ont redoublé, via «des acteurs sans scrupules», a dénoncé jeudi l'ONU. Le sommet international du 19 janvier à Berlin était pourtant censé mettre un coup d'arrêt à ces pratiques.
 
S'adressant au Conseil de sécurité, l'émissaire onusien pour la Libye, Ghassan Salamé, a une nouvelle fois exprimé sa «profonde colère et déception» devant l'évolution de la situation depuis la conférence en Allemagne qui avait notamment réuni les dirigeants russe, turc, français, allemand, britannique et le secrétaire d'État américain Mike Pompeo.
 
«Les belligérants ont continué de recevoir une quantité considérable d'équipements modernes, de combattants et de conseillers fournis par leurs soutiens étrangers, en violation de l'embargo sur les armes ainsi que des engagements pris par les représentants de ces pays à Berlin», a dénoncé le responsable de l'ONU. Il n'a pas identifié les pays violant les résolutions de l'ONU.
 
Deux attitudes
 
«Il y a des acteurs sans scrupules à l'intérieur et à l'extérieur de la Libye qui hochent la tête (...) avec un clin d'oeil cynique aux efforts pour la paix et affirment pieusement leur soutien à l'ONU. En même temps, ils continuent, par derrière, à alimenter une solution militaire en accentuant le spectre effrayant d'un conflit de grande ampleur et d'une nouvelle misère pour le peuple libyen», a-t-il dit, citant «davantage de réfugiés, la création d'un vide sécuritaire et de nouvelles interruptions de l'approvisionnement énergétique mondial».
 
Depuis avril, les forces du maréchal Khalifa Haftar, homme fort de l'Est qui cherche à conquérir Tripoli, sont opposées à celles de Fayez al-Sarraj, chef du Gouvernement d'union nationale (GNA) reconnu par l'ONU. Le maréchal Haftar est soutenu principalement par les Emirats arabes unis, l'Egypte et la Russie, Fayez al-Sarraj surtout par la Turquie.
 
Une résolution réclamée
 
Ghassan Salamé réclame une résolution de l'ONU au plus vite. Le Conseil de sécurité discute depuis la semaine dernière d'un texte du Royaume-Uni qui endosse les résultats du sommet de Berlin, réclame un cessez-le-feu, une application stricte de l'embargo sur les armes, exige de tous les Etats membres qu'ils s'abstiennent d'intervenir dans le conflit et demande au secrétaire général des options pour contrôler une trêve.
 
Berlin et Londres voulaient une adoption rapide. Washington et Moscou ont cependant renâclé, souhaitant attendre l'exposé de Ghassan Salamé, selon des diplomates. Un éventuel vote pourrait n'intervenir que la semaine prochaine, soit plus de 15 jours après le sommet de Berlin.
 
En parallèle de ces négociations, des dirigeants africains étaient réunis jeudi à Brazzaville pour appuyer un règlement du conflit en Libye, et l'Algérie s'est proposée pour accueillir un «forum de réconciliation nationale» des parties libyennes esquissé à Berlin. L'Afrique s'est souvent plainte ces derniers mois de ne pas être impliquée dans le dossier géré principalement par les Occidentaux, la Russie et la Turquie.
 
Commission militaire
 
Confirmée à Berlin, la création d'une commission militaire conjointe supposée définir les conditions d'un cessez-le-feu durable, avec retrait de positions militaires, reste à concrétiser. Ghassan Salamé a confirmé que sa première réunion à Genève, initialement prévue mardi 28 janvier, ne s'était pas tenue.
 
Cette commission est composée de 5 membres représentant Haftar et 5 membres représentant le GNA. Les représentants du maréchal ont fait défaut à Genève, a indiqué l'émissaire, en précisant qu'il se rendrait dans deux jours à Rajma, près de Benghazi, où est situé le QG de Haftar, afin de tenter de débloquer la situation. (ats/nxp)
 
 
 
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