La Cédéao met la pression sur la junte pour les élections au Mali

Lundi 18 Octobre 2021

Assimi Goïta, le président de la République du Mali
 
La junte militaire au pouvoir ne cesse de semer le doute sur la tenue des élections promises et prévues en février 2022.
 
Le président ghanéen Nana Akufo-Addo, président en exercice de la conférence des chefs d’État ouest-africains, s’est rendu dimanche au Mali pour délivrer à la junte au pouvoir un «message ferme» sur la tenue d’élections en février, a dit un membre de sa délégation.
 
Nana Akufo-Addo, dont le pays assure la présidence tournante de la Communauté des États ouest-africains (Cédéao), a effectué dimanche une visite de quelques heures, en plein doute sur le respect de ses engagements par la junte. «Notre message est sans ambiguïté et nous l’avons clairement dit: il faut que les élections se tiennent aux dates prévues», a dit à l’AFP un membre de haut rang de la délégation après les entretiens.
 
«L’objectif était de faire passer un message ferme. Et nous l’avons fait», a-t-il dit sous le couvert de l’anonymat. Le chef de la junte et président de transition, le colonel Assimi Goïta, s’est livré pour sa part à «un plaidoyer pro domo», a-t-il dit sans plus de précision. Une délégation de la Cédéao reviendra à Bamako avant fin octobre «en espérant obtenir des assurances», a-t-il dit.
 
Manifestation de soutien
 
En septembre, la Cédéao avait demandé aux autorités de soumettre «au plus tard» fin octobre un calendrier des «étapes essentielles» en vue d’élections en février 2022. Les autorités ont réservé une rencontre avec les médias à la seule presse d’État après des entretiens avec les dirigeants maliens au palais présidentiel, a rapporté un correspondant de l’AFP.
 
Au même moment était organisée près du palais une manifestation de soutien aux autorités, derrière une banderole proclamant «Seul le choix du peuple souverain du Mali compte», une réponse aux pressions exercées par la Cédéao ou la France. Cette visite a eu lieu dans un contexte sécuritaire et politique délicat dans un pays plongé dans la tourmente depuis 2012 et le début d’insurrections indépendantiste et salafiste dans le Nord.
 
Les militaires, qui ont pris le pouvoir par la force en août 2020 et l’ont conforté par un nouveau putsch en mai 2021, se sont engagés sous la pression des voisins ouest-africains et d’une bonne part de la communauté internationale à céder la place aux civils après des élections programmées fin février 2022. Or, depuis des semaines, la junte et le gouvernement qu’elle a installé signalent de plus en plus clairement que l’échéance risque de ne pas être respectée.
 
«Abandon»
 
Simultanément, la relation avec le partenaire français, qui déploie plus de 5000 soldats au Sahel contre les djihadistes mais a décidé de réduire ses effectifs à 2500-3000 hommes d’ici à 2023, traverse sa plus grave crise depuis le début de l’engagement français en 2013.
 
Paris estime que le recours possible de Bamako à la société privée Wagner, objet de discussions malgré les agissements décriés du groupe russe de mercenaires en Afrique ou ailleurs, est incompatible avec la présence française. Bamako invoque sa souveraineté et a accusé Paris «d’abandon».
 
Les partenaires du Mali jugent minimes les progrès politiques accomplis sous la junte depuis août 2020. Le pays reste en proie aux violences, au centre et près des frontières avec le Burkina Faso, et s’inquiète de leur progression vers l’ouest et le sud.
 
Un soldat malien a été tué dimanche matin dans une attaque attribuée à des «éléments non encore identifiés» contre un poste à Acharane, dans la région de Tombouctou (nord), a indiqué l’armée. La riposte «vigoureuse» a tué au moins quatre assaillants, a-t-elle dit. (AFP)
 
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