La Chine au dernier jour de vastes manœuvres militaires autour de Taïwan

Dimanche 7 Aout 2022

La Chine devrait terminer dimanche ses plus grandes manœuvres militaires jamais menées autour de Taïwan, une réaction de colère à la visite de la cheffe des députés américains Nancy Pelosi sur l’île qui a fait plonger les relations entre Pékin et Washington au plus bas depuis des années.
 
Numéro trois des États-Unis, Mme Pelosi a déclenché la fureur de la Chine avec sa visite, la plus importante d’un élu américain en 25 ans. Pékin a réagi en suspendant une série de discussions et coopérations bilatérales, notamment sur le changement climatique et la défense.
 
L’armée chinoise a aussi lancé les plus importants exercices militaires de son histoire, envoyant avions de chasse, navires de guerre et missiles balistiques dans ce que les analystes considèrent comme une simulation de blocus et d’invasion de Taïwan.
 
Ces vastes manœuvres doivent terminer dimanche à la mi-journée, même si Pékin a annoncé que de nouveaux exercices « à tir réel » seraient menés jusqu’au 15 août dans la mer Jaune qui sépare la Chine de la péninsule coréenne.
 
Les autorités taïwanaises ont recensé, jusqu’à samedi 17 h (9 h GMT), « 20 avions communistes et 14 bateaux menant des exercices conjoints air-mer autour de Taïwan », selon le ministère de la Défense.
 
Au moins 14 d’entre eux ont franchi la ligne médiane, a-t-il ajouté, forçant Taipei à faire décoller d’urgence des avions de patrouille pour les repousser.
 
« Simulation d’attaque »
 
Le ministère a estimé que ces exercices étaient « considérés comme une simulation d’attaque contre l’île principale de Taïwan ».
 
Tracée unilatéralement par les États-Unis durant la Guerre froide, la ligne médiane, au milieu du détroit de Taïwan qui sépare l’île de la Chine continentale, n’a jamais été reconnue par Pékin.
 
Pour prouver à quel point elle s’était approchée des côtes taïwanaises, l’armée chinoise a publié samedi une photo prise selon elle depuis un de ses navires militaires, où l’on voit un bâtiment de la marine taïwanaise à quelques centaines de mètres seulement.
 
Ce cliché pourrait être le plus proche du littoral taïwanais jamais pris par les forces de Chine continentale.
 
L’armée chinoise a également publié la vidéo d’un de ses pilotes d’avion de chasse montrant, depuis son cockpit en plein vol, le littoral et les montagnes de Taïwan.
 
Selon la télévision publique chinoise CCTV, des missiles ont survolé Taïwan cette semaine durant les exercices autour de l’île — ce qui constituerait une première.
 
Taipei n’a cessé de condamner ces manœuvres ces derniers jours, fustigeant son « voisin malveillant » et appelant Pékin samedi à « arrêter immédiatement de faire monter la tension et de mener des actions provocatrices visant à intimider le peuple taïwanais ».
 
Avertissement
 
Plusieurs experts ont expliqué à l’AFP que ces exercices servaient d’avertissement : désormais l’armée chinoise semble en mesure de mener un blocus total de l’île tout en empêchant les forces américaines de lui venir en aide.
 
« Dans certains domaines, ses capacités dépassent peut-être même celles des États-Unis », note Grant Newsham, ex-officier de la marine américaine et chercheur au Japan Forum for Strategic Studies.
 
« Si une (future) bataille est confinée dans une zone directement autour de Taïwan, alors la marine chinoise sera un adversaire de taille. Et si […] les Américains et les Japonais n’interviennent pas, les choses seront très difficiles pour Taïwan. »
 
L’ampleur des manœuvres et la décision de Pékin de se retirer de dialogues bilatéraux cruciaux sur le climat et la défense ont déclenché une pluie de condamnations par les États-Unis et leurs alliés.
 
Le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, a déclaré samedi à Manille que les États-Unis étaient « déterminés à agir de manière responsable » pour éviter une crise après la « disproportion totale » selon lui de la réaction chinoise.
 
La Chine ne devrait pas prendre en « otage » les discussions sur des questions telles que le changement climatique, car cela « ne punit pas les États-Unis, mais le monde entier », a-t-il ajouté.
 
Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a quant à lui prévenu qu’il « est impossible de résoudre les problèmes les plus pressants dans le monde sans un dialogue et une coopération efficaces entre les deux pays », selon son porte-parole. (AFP)
 
 
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