La Corée du Nord a lancé ce qu’elle présente comme un satellite militaire espion vers le Sud, a affirmé mardi l’armée sud-coréenne, un défi de Pyongyang aux avertissements de Séoul et aux résolutions de l’ONU lui interdisant d’utiliser des technologies de missiles balistiques.
L’armée sud-coréenne a « détecté à 8 h 43 (heure de l’Est) un supposé satellite de surveillance militaire », ont déclaré ses chefs d’état-major conjoints, sans préciser si le lancement avait réussi ou échoué.
Le Japon a pour sa part fait état du lancement d’un missile, que le premier ministre, Fumio Kishida, a condamné avec « la plus grande fermeté possible », indiquant avoir « fermement protesté contre la Corée du Nord ».
« Même s’ils appellent cela un satellite, le lancement d’un objet qui utilise la technologie des missiles balistiques est clairement une violation des résolutions des Nations Unies », a mis en avant le premier ministre.
Le Japon « analyse s’il s’agit d’un échec ou d’un succès », a indiqué le ministre d’État à la Défense, Hiroyuki Miyazawa.
À l’annonce du lancement, le gouvernement japonais a brièvement ordonné aux habitants de la région d’Okinawa, au sud-ouest de l’archipel, de se mettre à l’abri.
La Corée du Nord avait informé plus tôt le Japon de son intention de lancer un satellite potentiellement dès mercredi, dans une troisième tentative après deux échecs de mise en orbite d’un satellite militaire en mai et en août derniers.
Probables « contre-mesures » de Séoul
Ce lancement, « quelques heures avant la notification de la fenêtre temporelle, semble souligner deux choses : la confiance de Pyongyang en sa réussite et son intention de maximiser l’effet de surprise », a réagi pour l’AFP Choi Gi-il, professeur d’études militaires à l’université Sangji.
Séoul avertissait depuis des semaines que Pyongyang en était aux « dernières étapes » de la préparation d’un nouveau lancement de satellite-espion.
Lundi, l’armée sud-coréenne avait mis en garde la Corée du Nord pour qu’elle cesse « immédiatement » ses préparatifs, prévenant Pyongyang qu’elle prendrait « les mesures nécessaires » le cas échéant.
Le président sud-coréen Yoon Suk Yeol pourrait ainsi « suspendre l’accord militaire du 19-Septembre », a déclaré à l’AFP Yang Moo-jin, président de l’université des études nord-coréennes à Séoul.
Cet accord, conclu en 2018 à Pyongyang, vise à réduire les tensions militaires le long de la frontière hautement sécurisée intercoréenne en créant des « zones tampons » maritimes.
Des essais de missiles balistiques à combustible solide de moyenne ou longue portée de la part de Séoul « ne sont pas à exclure » non plus, a ajouté M. Yang.
Séoul prévoit pour sa part de lancer son premier satellite-espion à l’aide d’une fusée SpaceX dans le courant du mois.
Ce projet a été fustigé comme relevant de « provocations militaires extrêmement dangereuses » par Ri Song Jin, chercheur à l’Administration nationale de la technologie aérospatiale, cité mardi par l’agence de presse officielle du Nord, Korean Central News Agency.
Porte-avions américain
Le récent rapprochement de la Corée du Nord avec la Russie inquiète les États-Unis et ses alliés sud-coréen et japonais.
Selon Séoul, Pyongyang fournit des armes à Moscou en échange de technologies spatiales russes.
Début novembre, le secrétaire d’État américain Antony Blinken avait dénoncé les liens militaires « croissants et dangereux » entre Pyongyang et Moscou, à l’issue d’une visite en Corée du Sud.
La Corée du Nord a procédé cette année à un nombre record d’essais de missiles, en dépit des sanctions internationales et des mises en garde des États-Unis, de la Corée du Sud et de leurs alliés.
Elle a également déclaré « irréversible » son statut de puissance nucléaire.
La semaine dernière, elle a annoncé avoir effectué avec succès des essais au sol d’un « nouveau type » de moteur à combustible solide pour ses missiles balistiques à portée intermédiaire (IRBM) interdits.
Séoul, Washington et Tokyo ont renforcé leur coopération en matière de défense face à cette situation. Mardi, un porte-avions américain à propulsion nucléaire, l’USS Carl Vinson, est arrivé à la base navale de Busan, en Corée du Sud.
Cette arrivée doit renforcer la « position des alliés en réponse aux menaces nucléaires et de missiles de la Corée du Nord », dans le cadre d’un récent accord visant à améliorer la « visibilité régulière des moyens stratégiques américains », a souligné la marine sud-coréenne. (AFP)