PARIS (Reuters) - La France est pressée de voir le Royaume-Uni quitter l'Union européenne au plus vite pour remettre en mouvement une construction européenne paralysée, quelles qu'en soient les conséquences économiques, au grand dam d'une Allemagne qui espère voir les Britanniques se raviser pour éviter le choc.
Ce différend s'ajoute à longue liste des désaccords franco-allemands qui, de la zone euro au dossier migratoire en passant par la réponse à apporter aux pressions commerciales exercées par Donald Trump, empoisonne la relation entre Paris et Berlin.
"C'est vrai que sur le Brexit, nous n'avons pas aujourd'hui tout à fait la même ligne", a déclaré jeudi Emmanuel Macron lors de la première conférence de presse de son mandat à l'Elysée.
En privé, les responsables français abandonnent toute prudence diplomatique pour se montrer très abrupts.
"Les Britanniques doivent quitter l’Union, sinon c’est l’avenir de notre continent qui est menacé. Et le plus tôt sera le mieux", dit une source française.
La France, estime ce responsable de haut rang, a fait "l'erreur" en 2005 de faire approuver par le Parlement le traité de Lisbonne pour contourner le "non" français à la Constitution européenne exprimé par référendum, ouvrant la voie à 15 années de violente contestation de la légitimité de cette décision.
"On le paye encore aujourd’hui. Ne refaisons pas la même erreur avec le peuple britannique", dit-il en soulignant qu'à trop tarder, le risque est de donner aux eurosceptiques "un espace politique considérable. Ils pourront dire ‘vous ne respectez pas la volonté du peuple britannique’".
Mais un peu moins de trois ans après le référendum du 23 juin 2016 sur l'appartenance à l'Union européenne, le Royaume-Uni semble incapable de sortir de l'impasse politique.
LE MAINTIEN, "PIRE QUE LE BREXIT DUR"
Conclu en novembre 2018 entre les Vingt-Sept et la Première ministre britannique Theresa May, l'accord de retrait - "Withdrawal Agreement" - a été rejeté trois fois par la Chambre des communes, la chambre basse du Parlement britannique.
Après avoir repoussé une première fois la date du divorce, du 29 mars au 12 avril, les chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union européenne sont convenus le 10 avril d'offrir à Theresa May un nouveau report "flexible" jusqu'au 31 octobre, juste avant l'entrée en fonction de la nouvelle Commission.
"Les choix politiques doivent l’emporter sur les considérations économiques", ajoute le responsable français. "Il y a pire que le Brexit dur, il y a le maintien du Royaume-Uni contre l’avis du peuple britannique."
Cette opinion est combattue en Allemagne et a fait l'objet d'un désaccord ouvert entre Angela Merkel et Emmanuel Macron lors du Conseil européen du 10 avril.
"Il y a eu de profondes divergences de vues au Conseil européen", explique un autre responsable français selon lequel "depuis trois ans, tous les Conseils européens sont pollués par le Brexit" et les choses n'avancent plus, alors que la zone euro est loin d'être équipée pour résister à un choc violent.
"Pour la France, c’est une farce qui dure depuis un peu trop longtemps et il ne faut pas que ça affecte le fonctionnement de l’Union. Le plus tôt, le mieux et à un moment il faudra bien que ça se passe. Ce qu’on souhaite, c’est qu’ils ne participent pas aux élections européennes et qu’ils sortent le 1er juin."
Paris sait que Berlin est d'un avis contraire.
"Pour l’Allemagne, le Royaume-Uni a besoin d’aide. Sous-entendu : il faut les aider à rester", explique le second responsable. "Cela tient aussi à une évaluation différente des conséquences d’un no deal : pour les Allemands, c’est la catastrophe absolue, aussi fort que la crise de 2008."
Pour Paris, l'espoir est que le spectre d'une participation aux élections européennes puisse faire basculer la balance des conservateurs en faveur d'un départ rapide, même sans approbation de l'accord de sortie, ce que souhaite d'ailleurs le ministre britanniques des Affaires étrangères, Jeremy Hunt.
"S'il y avait un choix binaire à faire entre le 'no deal' et l'absence de Brexit, je choisirais le 'no deal' parce que je pense que le risque démocratique serait élevé et que c'est quelque chose que toute personne sensée souhaiterait éviter", a-t-il dit jeudi. "En ce qui concerne le Brexit, mon opinion est très claire: nous devons partir, nous devons partir rapidement, nous devons partir proprement."
Ce différend s'ajoute à longue liste des désaccords franco-allemands qui, de la zone euro au dossier migratoire en passant par la réponse à apporter aux pressions commerciales exercées par Donald Trump, empoisonne la relation entre Paris et Berlin.
"C'est vrai que sur le Brexit, nous n'avons pas aujourd'hui tout à fait la même ligne", a déclaré jeudi Emmanuel Macron lors de la première conférence de presse de son mandat à l'Elysée.
En privé, les responsables français abandonnent toute prudence diplomatique pour se montrer très abrupts.
"Les Britanniques doivent quitter l’Union, sinon c’est l’avenir de notre continent qui est menacé. Et le plus tôt sera le mieux", dit une source française.
La France, estime ce responsable de haut rang, a fait "l'erreur" en 2005 de faire approuver par le Parlement le traité de Lisbonne pour contourner le "non" français à la Constitution européenne exprimé par référendum, ouvrant la voie à 15 années de violente contestation de la légitimité de cette décision.
"On le paye encore aujourd’hui. Ne refaisons pas la même erreur avec le peuple britannique", dit-il en soulignant qu'à trop tarder, le risque est de donner aux eurosceptiques "un espace politique considérable. Ils pourront dire ‘vous ne respectez pas la volonté du peuple britannique’".
Mais un peu moins de trois ans après le référendum du 23 juin 2016 sur l'appartenance à l'Union européenne, le Royaume-Uni semble incapable de sortir de l'impasse politique.
LE MAINTIEN, "PIRE QUE LE BREXIT DUR"
Conclu en novembre 2018 entre les Vingt-Sept et la Première ministre britannique Theresa May, l'accord de retrait - "Withdrawal Agreement" - a été rejeté trois fois par la Chambre des communes, la chambre basse du Parlement britannique.
Après avoir repoussé une première fois la date du divorce, du 29 mars au 12 avril, les chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union européenne sont convenus le 10 avril d'offrir à Theresa May un nouveau report "flexible" jusqu'au 31 octobre, juste avant l'entrée en fonction de la nouvelle Commission.
"Les choix politiques doivent l’emporter sur les considérations économiques", ajoute le responsable français. "Il y a pire que le Brexit dur, il y a le maintien du Royaume-Uni contre l’avis du peuple britannique."
Cette opinion est combattue en Allemagne et a fait l'objet d'un désaccord ouvert entre Angela Merkel et Emmanuel Macron lors du Conseil européen du 10 avril.
"Il y a eu de profondes divergences de vues au Conseil européen", explique un autre responsable français selon lequel "depuis trois ans, tous les Conseils européens sont pollués par le Brexit" et les choses n'avancent plus, alors que la zone euro est loin d'être équipée pour résister à un choc violent.
"Pour la France, c’est une farce qui dure depuis un peu trop longtemps et il ne faut pas que ça affecte le fonctionnement de l’Union. Le plus tôt, le mieux et à un moment il faudra bien que ça se passe. Ce qu’on souhaite, c’est qu’ils ne participent pas aux élections européennes et qu’ils sortent le 1er juin."
Paris sait que Berlin est d'un avis contraire.
"Pour l’Allemagne, le Royaume-Uni a besoin d’aide. Sous-entendu : il faut les aider à rester", explique le second responsable. "Cela tient aussi à une évaluation différente des conséquences d’un no deal : pour les Allemands, c’est la catastrophe absolue, aussi fort que la crise de 2008."
Pour Paris, l'espoir est que le spectre d'une participation aux élections européennes puisse faire basculer la balance des conservateurs en faveur d'un départ rapide, même sans approbation de l'accord de sortie, ce que souhaite d'ailleurs le ministre britanniques des Affaires étrangères, Jeremy Hunt.
"S'il y avait un choix binaire à faire entre le 'no deal' et l'absence de Brexit, je choisirais le 'no deal' parce que je pense que le risque démocratique serait élevé et que c'est quelque chose que toute personne sensée souhaiterait éviter", a-t-il dit jeudi. "En ce qui concerne le Brexit, mon opinion est très claire: nous devons partir, nous devons partir rapidement, nous devons partir proprement."