La Turquie tente de rassurer après les avertissements d'agences de notation

Samedi 2 Juin 2018

Istanbul - Le gouvernement turc a assuré samedi prendre à bras-le-corps les difficultés économiques du pays, après plusieurs mises en garde d'agences de notation qui s'inquiètent de la vulnérabilité financière du pays.

"Nous répondons aux préoccupations du marché à travers des actions politiques convaincantes", a écrit sur Twitter le vice-Premier ministre chargé de l'Economie, Mehmet Simsek.
 
 
Ces mesures incluent une politique monétaire "resserrée et simplifiée", un durcissement de la politique fiscale et l'accélération des réformes économiques après les élections anticipées du 24 juin, a-t-il précisé.

L'agence d'évaluation financière Moody's, qui avait déjà abaissé la note de la dette souveraine en mars, envisage désormais de la dégrader à nouveau à moyen terme.

Tout en confirmant la note à "Ba2" qui la maintient en catégorie spéculative, Moody's en a ainsi révisé vendredi soir la perspective, l'abaissant à "négative".

De son côté, une autre agence de notation, Fitch Ratings a placé la note long terme de 25 banques turques sous surveillance négative après la dépréciation de la livre, pointant des risques quant à la qualité des actifs et aux liquidités des instituts bancaires.

Le ministre de l'Economie Nihat Zeybekci a montré moins d'égards à l'encontre des agences financières, accusant Fitch et Moody's de soutenir "des jeux spéculatifs et manipulateurs contre la Turquie" en ayant des réactions "trop hâtives".

Selon lui, il n'y a "aucune inquiétude, aucun problème" concernant la santé des banques turques.

Le 24 juin, les électeurs turcs sont appelés à se rendre aux urnes pour des élections législatives et présidentielle anticipées mais la dégradation de la situation économique avec une inflation de plus de 10% et une chute de la monnaie nationale pèse sur la campagne électorale.

Outre l'effondrement de la livre, les économistes mettent en garde depuis plusieurs mois contre un risque de surchauffe de l'économie en raison d'une inflation galopante et d'un large déficit des comptes courants en dépit d'une croissance robuste.

Moody's reconnaît que la Turquie a déjà "connu et géré des chocs économiques et financiers par le passé", mais "à présent les vulnérabilités économiques et financières, qui grandissent en parallèle d'une situation politique imprévisible et d'une hausse des taux d'intérêts, accroient la menace".

L'agence souligne ainsi "l'incertitude croissante concernant l'orientation future de la politique macroéconomique", dans un contexte de "positionnement extérieur déjà vulnérable qui, s'il perdure, augmentera le risque de lourdes pressions sur la balance des paiements de la Turquie".

Elle considère que "la récente érosion de la confiance des investisseurs concernant la Turquie va se poursuivre" si elle n'est pas corrigée par des "actions politiques convaincantes" après le scrutin.

L'agence rappelle que la livre turque a perdu près de 20% de sa valeur ces trois derniers mois et que "les autorités ont fait des progrès limités dans le traitement des problèmes économiques structurels, particulièrement sur ses déficits extérieurs ces dernières années".

Fitch dit pour sa part s'attendre à une "détérioration de la situation financière des banques" tandis que les risques liés à la stabilité financière "restent importants aussi".

Face à la dégringolade de la livre, la banque centrale (CBRT) a convoqué une réunion extraordinaire afin de réévaluer ses taux d'intérêt, faisant passer le taux de refinancement au jour le jour de 13,5 à 16,5%.
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