La cérémonie du Concours général : pauvre Diary Sow, pauvres de nous !

Jeudi 9 Aout 2018

Comme chaque année, la cérémonie de remise des prix du Concours Général marque la fête de l’excellence pour l’éducation nationale. Cette année une petite polémique a eu lieu sur la désignation de  Diary SOW comme meilleure élève du pays. Les administrations de certains établissements croient que son titre lui a été remis sur des critères dévoyés.

Pauvre Diary SOW, serait-on tenté de dire ! Allons loin de nous l’idée de la plaindre ou de nous associer à de telles critiques. Cette fille n’a d’ailleurs même pas besoin de notre commisération. L’avez-vous regardée s’exprimer ? Sa maturité d’esprit pétille tellement dans ses yeux, la flamboyance de son esprit irradie tellement que c’est plutôt nous autres qui devons nous incliner devant une intelligence aussi juvénile. Aux âmes bien nées…

Cependant Diary, permettez-nous de prendre prétexte sur vous pour nous interroger sur la symbolique larvée de cette cérémonie. Nous pensons, c’est notre opinion,  que les hôtes de la fête, ces personnalités de la République qui vous ont déroulé le tapis rouge, ce Parrain que votre sagesse si précoce vous a inspirée à enguirlander, eh bien ces personnalités sont les anti-modèles  de ce que vous représentez Diary, et de ce que votre jeune parcours nous fait espérer.

Diary vous êtes née sans doute à l’aube du nouveau millénaire. Ainsi en tant que grand frère, avons-nous un peu plus de vécu pour pouvoir être témoin de quelques actes de la part de vos hôtes qui n’honorent pas cette jeunesse.

Diary votre parrain, aussi brillant qu’ait été son parcours universitaire, aussi éminent historien qu’il soit,s’est parfois lamentablement comporté sur la scène politique. Votre parrain, alors que jeunes collégiens en 2000, nous comprenions déjà que le régime socialiste ne ferait pas émerger ce pays, a refusé jusqu’au bout d’embarquer dans le bateau de la première alternance politique. Soit. C’était son droit. Mais contre toute attente, votre Parrain après l’alternance a rejoint le régime libéral en prenant la tête d’une coalition de partis de soutien (la fameuse CAP 21). Pis, il s’est rapidement mué en un thuriféraire invétéré du Président Abdoulaye WADE devant toutes les dérives de son régime qui ont conduit finalement les sénégalais à le sanctionner en 2012.

Diary, il y avait aussi parmi vos hôtes deux vieux messieurs, deux têtes que nous voyons dans la scène politique depuis notre tendre enfance, et qui refusent de prendre la retraite au risque de disloquer leurs partis respectifs. En 2012, ils avaient refusé de ravaler leur ego et leur orgueil qui allaient donc au-delà de l’intérêt du Peuple sénégalais,  en n’acceptant pas de se mettre l’un derrière l’autre, faisant ainsi capoter la coalition Benno Siggil Sénégal qui avait une voie tracée pour en finir avec Wade. L’histoire aurait pu s’arrêter là, mais comble de l’ironie, voilà maintenant qu’ils s’accrochent à des sinécures, certes gracieusement dotées en ressources budgétaires, en acceptantbdésormais de se ranger derrière l’actuel Président. Le Sécrétaire Général du Parti Socialiste vient même d’enterrer définitivement sa formation  senghorienne en déclarant qu’elle n’allait pas présenter un candidat lors de la prochaine élection présidentielle.

Mais Diary quid du Grand Manitou,the Big Mac de ce pays (...) ? Eh bien après avoir déclaré sans ciller un patrimoine de huit milliards en unité de franc CFA s’il vous plaît, il s’est permis de faire du Wade sans Wade : une instrumentalisation de la justice contre des opposants, une immunité judiciaire pour ses partisans, un tripatouillage des lois électorales, le népotisme au plus haut sommet de l’Etat, des scandales politico-financiers à n’en plus finir ; des pratiques qu’on croyait révolues et contre lesquelles de jeunes hommes sénégalais sont morts en les combattant (RIP Mamadou DIOP).

Voilà Diary, ce tapis que vos illustres hôtes vous ont déroulé est rouge du sang de tous ces jeunes morts à cause du système inique qu’ils ont forgé et continuent à entretenir, rouge du sang de Balla GAYE, de Bassirou FAYE, de Fallou SENE , du sang des jeunes hommes morts sur les routes de l’émigration, du sang de ces femmes qui meurent encore en couche à cause d’un système sanitaire en léthargie, du sang de ces jeunes qui se tuent à la tâche faute d’un avenir reluisant.

Diary, ces politiciens, ceux qui n’ont d’autre fonction que la politique dixit Kéba MBAYE, sont tout sauf des modèles, et sont devenus milliardaires, sont parvenus non pas en suivant la voie que le sacrifice de tes parents, ainsi que de tes dévoués enseignants vous a  tracée, mais en se sucrant à volonté sur les maigres ressources publiques de ce pays.
Pauvre Diary, pauvres de nous !
 
babfesti@yahoo.fr
 
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