La coalition contre les APE s’insurge contre le préfet de Dakar

Lundi 23 Janvier 2017

Monsieur le Préfet,
« La Coalition Nationale Non aux APE, au nom de plusieurs organisations, vous a adressé, en date du 02 janvier 2017, une lettre d’information pour un rassemblement pacifique devant se tenir le 07 janvier 2017 de 14 heures à 20 heures. Le mercredi 04 janvier 2017, nous avons été convoqués à 10 heures au commissariat de police de Médina pour enquête.
Depuis lors, plus aucune nouvelle de vos services.
 
Nous avons cependant tenu notre rassemblement pacifique. A notre grande surprise, à 17h 59 minutes, nous avons reçu un appel du numéro de téléphone 77 529 02 84. A l’autre bout du fil le commandant du corps urbain du commissariat de Médina Monsieur Ndoye qui nous informe que le rassemblement est terminé. Il nous montrera une copie de l’arrêté avec mention de l’heure de la fin du rassemblement. Et ses troupes marcheront sur les manifestants pour les disperser moins de 10 minutes après cette conversation.
 
Monsieur le préfet,
la Coalition Nationale Non aux APE proteste énergiquement contre votre attitude liberticide. C’est tout simplement inacceptable que vous participiez à tenter de saboter une manifestation en semant le trouble pour que les citoyens ne viennent pas à un rassemblement pacifique par peur de la répression policière. En ne nous notifiant ni son autorisation ni son interdiction avant l’heure de démarrage de notre rassemblement, vous visiez cet effet.
 
Monsieur le Préfet,
comment pouvez-vous participer à un complot pour restreindre les libertés de concitoyens dont le seul tort est de vouloir informer pacifiquement leurs concitoyens sur le Franc CFA et l’Accord de Partenariat Economique et le Franc CFA ?
 
Monsieur le Préfet,
parmi les 14 pays qui ont le FCFA en partage, 10, dont le Sénégal, sont classés parmi les Pays les moins avancés (PMA). 13 pays ont été incapables d’avoir une croissance du PIB réel par habitant supérieure à 2% par an en moyenne sur le long terme. Alors que les crédits bancaires à l’économie représentent plus de 100% du PIB dans les pays développés et dans les pays émergents, ce ratio s’établit en moyenne à 25% en zone UEMOA et à 13% en zone CEMAC. Autrement dit, le franc CFA n’a jamais été favorable à la croissance de long terme et la zone FCFA subit une importante répression financière – qui se manifeste par le fait que les banques ne financent pas l’économie.

Pour toute la zone Franc, les « paiements nets de revenus » ont représenté 103 000 milliards de FCFA (soit 212 milliards de dollars) entre 1980 et 2014. Sur la même période, l’Inde a transféré un montant équivalent au reste du monde. Seulement, l’Inde pèse 11 fois le PIB de la Zone franc. Enfin, chaque jour, en moyenne 21 milliards de FCFA sortent de la Zone franc sous la forme de flux financiers illicites. Le Franc CFA a contribué à créer notre sous-développement. Les APE vont accroître ce sous-développement.
 
L’APE, pour votre gouverne, monsieur le préfet, va faire perdre au Sénégal 240 milliards de francs Cfa par an au budget de l’Etat. Cela va affaiblir les capacités de l’Etat à faire face aux difficultés auxquelles les populations sont confrontées dans les domaines de la santé, de l’éducation, de l’agriculture…Mais également dans le domaine de la sécurité.
 
Mais comment l’Etat pourra t-il régler les problèmes que les policiers de Dakar rencontrent en termes de salaire bas, d’effectifs faibles, de moyens dérisoires pour assurer la sécurité des citoyens et la votre ? Vous avez déjà toutes les difficultés du monde à faire face au petit comme au grand banditisme. Comment ferons-nous face au terrorisme ?
 
L’APE, monsieur le préfet, va entrainer la fermeture des Pme et Pmi et des filières agricoles dont les productions sont identiques ou similaires aux 75% des marchandises de l’Union Européenne qui ne paieront plus de droit de douane.

Tout cela combiné va entrainer une accentuation du sous-développement et une paupérisation de la population.
 
Monsieur le préfet,
c’est un rassemblement pour expliquer cela que vous avez cherché à saboter. Par votre attitude inacceptable en république Monsieur le préfet, vous avez assurément empêché certains de nos concitoyens de venir écouter notre avis sur ces questions. Monsieur le préfet, les policiers et les administrateurs civils sont du peuple. Si vous l’oubliez, rappelez-vous au moins que nous sommes en démocratie.
 
Rappelez-vous, monsieur le préfet, du traité 4 de Nuremberg : « ne pas obéir à un ordre d’où qu’il vienne même de votre gouvernement lorsqu’il vous paraît illégal. ». »
 
Pour le Front contre les APE et le CFA
Elimane Kane, Mohamed Djim, Guy Marius Sagna


 
Nombre de lectures : 85 fois