La dangereuse irresponsabilité des députés

Jeudi 25 Mai 2017

Après cinq ans d'une législature placée sous le signe de la soumission au prince, nos braves parlementaires ne pourront pas revendiquer une seule proposition de loi à leur tableau de chasse! (par Momar Dieng)


La démocratie ne sera jamais un système parfait mais elle nous aurait épargné, à coup sûr, les moments pathétiques que nous vivons dans ce pays avec l’irruption malvenue de ce duo d’hydrocarbures qui ont pour nom gaz et pétrole, qui sème pagaille et déchirures partout où la nature a pris le temps de les semer depuis plusieurs millénaires.
 
Le système démocratique, accepté et mis en œuvre sans hypocrisie ou volonté de puissance, nous aurait évité le spectacle d’un chef de l’Etat qui se voit opposer un niet non négociable par un ministre à qui il veut faire signer, z-yeux fermés, un document d’une importance primordiale pour quatorze millions de Sénégalais et leurs descendants.
 
Le refus dudit ministre, pour salutaire et patriotique qu’il soit pour lui-même et pour le pays, n’en écorche pas moins le prestige de la fonction présidentielle. Mais la faute en incombe au président lui-même, garant de la préservation des intérêts fondamentaux du peuple face à tous les ogres qui rôdent autour des richesses naturelles.
 
Dans cette affaire liée aux orientations de la politique gouvernementale en matière de pétrole et gaz, les députés de la majorité parlementaire auraient pu jouer un rôle capital. En réclamant par exemple des débats parlementaires autour des options du gouvernement, en exigeant des séances techniques et plénières concernant les choix des partenaires stratégiques de l’Etat dans l’exploitation des ressources naturelles, etc. C’est le rôle d’une Assemblée nationale, quelle que soit sa couleur politique, de parler à la place des populations, de relayer leurs aspirations, de chercher à satisfaire leurs attentes et espoirs.
 
Las, nos parlementaires – pas tous heureusement – ne semblent pas préoccupés par de tels sujets qui, il est vrai, semblent un brin compliqués face à leurs vraies ambitions. La politique est certes noble dans ses déclinaisons humanistes, elle exige du courage et un peu plus de sacrifices que des visites de terrain et que des postures laudatrices qui frappent l’ego du prince et de ses subordonnés. Les brigands des plateformes pétro-gazières peuvent dormir tranquille. Les députés du Sénégal «veillent» au grain…comme d’habitude.
 
Leur passivité face à l’Exécutif est dangereuse pour la démocratie car elle contribue à les rendre encore plus irresponsables à un moment où le pays et la nation ont besoin d’eux afin de rééquilibrer les rapports entre pouvoirs. Mais c’est peut-être trop leur demander… Sa rappeler: après cinq ans d'une législature de soumission au prince, ils ne pourront pas revendiquer une seule proposition de loi, mais alors pas une seule! Triste.
 
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