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La démocratie à l’ombre de Pyrrhus!

Jeudi 24 Août 2017

Les électeurs sénégalais ont donc choisi leurs représentants à l’assemblée nationale au cours d’une mémorable journée de 30 juillet 2017, dans les conditions que tout le monde connait. Le conseil constitutionnel a clos tout ce qui était susceptible de se muer en contentieux après s’être transformé en faiseur de loi électorale. Ces législatives auront été une formidable occasion pour la classe politique et les organisations de la société civile de mesurer le travail qu’il reste à faire pour éviter que la démocratie soit l’objet de captation.
 
Le challenge est colossal eu égard à certaines habitudes intériorisées et mises en œuvre par des politiciens plus soucieux de leur carrière immédiate que d’une évolution qualitative du système de représentation politique.
 
Du travail, il y en a à faire, surtout quand les plus hautes autorités de la République se félicitent publiquement, sans gêne, de la «bonne organisation du vote» à l’échelle du territoire. Comme s’il ne s‘était rien passé avant et après les scrutins! C’est cette tendance tournant le dos à l’humilité et à la prise de conscience face au chaos électoral incrusté au cœur de ces législatives qui peut inquiéter.
 
Nos gouvernants ont-ils pris la pleine mesure du désastre qui s’est abattu pour la première fois sur des élections nationales ? A défaut de présenter leurs excuses au peuple sénégalais, sont-ils prêts au moins à corriger les graves dysfonctionnements pointés du doigt par les observateurs nationaux et de l’Union africaine ?
 
La mission qui incombe dorénavant au Président de la République, à son (futur) gouvernement, à la nouvelle assemblée nationale, en partenariat avec la classe politique et la société civile, est connue. Il s’agit de redonner à notre système électoral, dans toutes ses composantes, son lustre perdu dans la débâcle organisationnelle et technique du 30 juillet, quoi qu’en pensent les apprentis sorciers.
 
Cette exigence d’intérêt national passe par une mise à jour consensuelle du fichier national des électeurs, sans attrape-nigaud. C’est le service minimum vital que nos dirigeants peuvent rendre à ce pays et à ses institutions. Sinon, ils pourront revendiquer la descendance de Pyrrhus: gagner des batailles dans la douleur, pour dire le moins.
 
Incompétente et politicienne sous plusieurs angles, l’opposition devrait se réveiller, accepter de prendre part au travail de modernisation du système politique avec sérieux et détermination, en étant moins roublarde et plus soucieuse de l’intérêt collectif. Si elle ne change pas, il est certain qu’elle va au devant de grands échecs dans les deux années à venir.
  
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