La famille du Chinois tué à Paris se dit dans l'incompréhension

Mercredi 29 Mars 2017

PARIS (Reuters) - Les enfants du Chinois tué dimanche à Paris lors d'une opération de police ont maintenu mercredi leur version des faits, se disant dans "l'incompréhension" et en attente de réponses après que la police eut selon eux tué leur père sans raison.
 
Leurs avocats ont toutefois lancé un appel au calme en leur nom après deux soirs d'incidents en marge de rassemblements dans le XIXe arrondissement de Paris, où Shaoyao Liu a été tué, et après que Pékin eut convoqué le consul général de France.
 
"On sait que cette enquête cause de nombreux remous (...) il y a eu beaucoup de manifestations, la famille souhaitait lancer un appel au calme", a déclaré lors d'une conférence de presse Me François Ormillien, l'un des trois avocats de la famille.
 
"Les enfants étaient en train de faire leurs devoirs, le père était en train de cuisiner (...) nous (...) nous posons des questions sur les raisons pour lesquelles les services de police, alors même qu'ils commençaient une intervention, ont défoncé la porte et ouvert le feu immédiatement", a-t-il ajouté.
 
Deux enquêtes, l'une administrative et l'autre judiciaire, ont été ouvertes pour faire la lumière sur les circonstances de la mort de cet homme de 56 ans. Sa famille a été entendue mardi par l'Inspection générale de la police nationale (IGPN), et elle doit être reçue sous peu par le parquet de Paris.
 
Selon la version des policiers, rapportée par une source judiciaire, la brigade anti-criminalité (BAC) a été requise dimanche dans le XIXe arrondissement de Paris car Shaoyao Liu, 56 ans, déambulait dans les parties communes de l'immeuble avec une arme blanche.
 
A son appartement, où il vivait avec sa femme et quatre de ses cinq enfants, le ressortissant chinois, au chômage, aurait accueilli les trois policiers ciseaux en main, et essayé de porter un coup au thorax de l'un d'eux, finalement touché au niveau de l'aisselle.
 
Ce policier a bénéficié de trois jours d'interruption de temps de travail. D'après ce policier, Shaoyao Liu aurait ensuite "réarmé" sa paire de ciseaux, dans l'intention de lui planter dans la tête. C'est à ce moment-là qu'un de ses collègues aurait ouvert le feu pour le protéger.
 
"DEUX VERSIONS QUI S'OPPOSENT"
Mais la famille du Chinois, qui vivait en France depuis plus de vingt ans, conteste fermement cette version des faits.
"On ne sait pas pourquoi les policiers ont tiré sur notre père, on ne comprend toujours pas", a déclaré lors d'une conférence de presse sa fille de 21 ans, présente dans l'appartement au moment des faits.
 
"Nous sommes toujours dans l'incompréhension, ce soir-là c'était un dimanche normal pour nous", a-t-elle ajouté entourée de ses quatre frères et sœurs et de sa mère, tous en pleurs.
 
D'après la jeune femme, qui a refusé de donner son prénom, Shaoyao Liu était en train de découper un poisson au ciseau quand des gens ont frappé de plus en plus fort à la porte. Son père aurait alors essayé de retenir la porte. Puis, la porte se serait ouverte "d'un coup", et le coup de feu serait parti, sans raison ni sommation, et sans qu'à aucun moment son père se soit attaqué à l'un des policiers.
 
"À ce jour, il y a deux versions qui s'opposent, la version des forces de l'ordre et la version de la famille, la famille maintient sa version", a résumé Me Calvin Job, l'un de leurs avocats.
 
De source policière, on précise que l'homme abattu était connu de la police pour des antécédents psychiatriques. Il avait fait un séjour à l'infirmerie psychiatrique de la préfecture après avoir jeté sa télévision depuis le balcon de son appartement en 2012. Mais ses proches décrivent un père "aimant" et "attentionné" sans casier judiciaire ni aucun antécédent de violences familiales.
 
Quelques mains courantes le visant ont été enregistrées, notamment en novembre 2016, quand la police a été requise car il déambulait "avec une barre de fer", selon une source judiciaire. Il s'agissait en fait d'un bout de bois, assure de son côté l'avocat.
 
 
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