La frappe américaine en Syrie divise les prétendants à l'Elysée

Vendredi 7 Avril 2017

PARIS (Reuters) - Les cinq principaux candidats à l'élection présidentielle française ont exprimé des avis contrastés sur la frappe américaine menée dans la nuit de jeudi à vendredi en Syrie en réponse aux soupçons d'attaque chimique perpétrée par le régime.
 
Emmanuel Macron et Benoît Hamon ont confirmé la ligne dure face au régime du président Bachar al Assad qu'ils prônent depuis le début de la campagne, François Fillon, Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon exprimant pour leur part des doutes ou des réserves.
 
Cette fracture reflète les désaccords exprimés ces dernières semaines entre ces mêmes candidats sur l'attitude à avoir vis-à-vis de la Russie, alliée du régime syrien.
 
"Je suis un peu étonnée, parce que (le président américain) Trump avait indiqué à plusieurs reprises qu'il n'entendait plus faire des Etats-Unis le gendarme du monde et c'est exactement ce qu'il a fait hier", a dit Marine Le Pen, déplorant sur France 2 que la frappe ait eu lieu avant que la responsabilité du régime syrien ait été établie par l'Onu.
 
"Ce que je voudrais, c'est qu'on ne retrouve pas le même scénario qu'on a pu voir en Irak, en Libye, qui en réalité sont des processus qui ont entraîné le chaos, qui ont fini par conforter le fondamentalisme islamiste et les structures terroristes qui, du coup, ont profité de ce renforcement pour venir nous frapper sur notre sol", a ajouté la candidate du Front national.
 
Une inquiétude partagée par François Fillon, qui se présente en champion d'une lutte contre le "totalitarisme islamique".
 
"Cette riposte américaine, que l'on peut comprendre au vu de l'horreur des attaques chimiques, ne doit pas conduire à une confrontation directe des forces occidentales avec celles de la Russie et de l'Iran", a déclaré le candidat de la droite et du centre dans un communiqué. "Ce serait un terrible danger pour la paix."
 
La France doit "exiger que le conseil de sécurité des Nations Unies mette tout en oeuvre pour trouver les voies d’un accord qui évite les risques d’un embrasement dangereux pour la paix mondiale", poursuit l'ancien Premier ministre.
 
"DIPLOMATIE DE COW-BOY"
Alors que le président français et la chancelière allemande ont jugé que Bachar al Assad portait la responsabilité de la frappe américaine (), Jean-Luc Mélenchon a déclaré sur Twitter que "Hollande et Merkel portent l'entière responsabilité de donner à Trump le pouvoir solitaire de frapper qui il veut quand il veut".
 
Le porte-parole du candidat de La France insoumise s'était auparavant élevé contre "une diplomatie de cow-boy".
 
"Cette violence ne fait qu'entretenir la violence, avec en dessous un peuple qui prend des bombes sur le visage", avait ajouté Alexis Corbière sur Radio Classique. "Ça ne règle rien", avait-il ajouté, en appelant à remettre l'Onu "dans le jeu".
 
Les négociations intersyriennes menées sous l'égide de l'Onu à Genève ont jusqu'à présent achoppé sur les questions de l'avenir de Bachar al Assad et de la mise en place de la transition démocratique.
 
Emmanuel Macron a répété la position qu'il avait exprimée quelques heures avant que la frappe américaine soit connue.
 
"Mon souhait, c'est qu'il y ait une action coordonnée sur le plan international en représailles au régime de Bachar al Assad et aux crimes qui ont été commis", a dit le candidat d'En Marche ! lors d'un déplacement en Corse.
 
"Ma volonté pour la Syrie est double, c'est d'éradiquer tous les mouvements djihadistes qui se sont attaqués à notre pays" et "construire la feuille de route diplomatique et politique qui permettra la sortie de crise", a-t-il ajouté.
 
"Nous avons un ennemi : Daech et l'ensemble des mouvements djihadistes. Le peuple syrien a un ennemi : Bachar al Assad", a-t-il encore déclaré.
 
Le candidat socialiste Benoît Hamon a repris à son compte les mots de François Hollande et d'Angela Merkel, jugeant que Bachar al Assad était responsable de la frappe américaine.
 
"Il est maintenant temps que la Russie de M. Poutine qui protège Bachar al Assad comprenne que la solution politique c'est (...) sans Bachar al Assad. Il n'y a pas de solution avec un criminel", a-t-il ajouté d'un déplacement dans la Nièvre.
 
"J'espère que ça amènera celles et ceux qui trouvent toutes les excuses à M. Poutine à réviser leur jugement quand aujourd'hui sa seule réaction, à M. Poutine, c'est de condamner la mise en cause de l'intégrité territoriale de la Syrie."
 
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