La gauche fait entendre sa voix à Paris pour la "Fête à Macron"

Samedi 5 Mai 2018

PARIS (Reuters) - Des dizaines de milliers de personnes - 160.000 selon les organisateurs, 40.000 selon la préfecture de police -, ont défilé samedi à Paris pour une “Fête à Macron” organisée par La France insoumise (LFI), sous haute surveillance policière.
Le chef de l’Etat élu il y a un an était la principale cible des slogans souvent non dénués d’humour des manifestants rassemblés sous le soleil entre la place de l’Opéra et celle de la Bastille dans une ambiance festive, avec chars et fanfare.
“Stop Macron”, “Macron, président des riches”, “Macron = Thatcher en pantalon”, “Non au coup d’Etat social”, “Macron remballe to arrogance, le peuple mène la danse”, pouvait-on lire et entendre dans le cortège, où beaucoup sont venus en famille.
“Je veux montrer qu’on est là, nous, le peuple, les gens qui ne sont rien, les moins que rien. On va se battre pour nos droits”, a dit à Reuters Laetitia Frimat, professeur des écoles stagiaire venue de l’Oise.
“L’envie de quelque chose d’autre, vraiment c’est ce qui m’a fait venir”, a renchéri Guillaume Marais, une jeune maraîcher.
On reconnaissait dans le cortège des députés LFI comme François Ruffin, à l’initiative du rassemblement, et le président du groupe à l’Assemblée nationale, Jean-Luc Mélenchon.
Dans un discours à la foule, ce dernier a salué les Français en lutte, des cheminots aux salariés d’Air France en passant par les étudiants, les enseignants, les hospitaliers et tous “ceux qui croient au bien commun, au service public”. “SOYEZ LA MARÉE HUMAINE”, DIT MÉLENCHON L’ancien candidat à l’élection présidentielle a émis le souhait que cette mobilisation soit un prélude au 26 mai, date de la journée d’action envisagée par des partis politiques de gauche, des syndicats et des associations pour dénoncer la politique d’Emmanuel Macron..
“N’écoutez personne qui vous dise de fermer les yeux. Allez, marchez votre chemin la tête haute et le 26 mai, par millions, déferlez, soyez la marée humaine qui change l’Histoire !”, a-t-il lancé, en référence à la Révolution française de 1789 “qui a ouvert l’ère moderne”.
 
“Le moment est venu de commencer la suivante”, a conclu Jean-Luc Mélenchon. “Courage, résistance, vive la lutte !”
Depuis sa défaite au premier tour de l’élection présidentielle, où il a rassemblé près de 20% des voix, le chef des “Insoumis” se pose en opposant numéro un à la politique d’Emmanuel Macron, jugée trop libérale.
Après les incidents qui ont émaillé la manifestation du 1er-Mai à Paris, une guerre des mots s’est engagée entre l’exécutif et La France insoumise, accusée d’attiser la violence sociale.
Emmanuel Macron a ainsi fustigé jeudi “les élus qui tiennent constamment un discours d’agitation”.
“Je pense qu’il y a beaucoup de gens qui veulent rejouer la partie démocratique (...) Ils n’ont jamais accepté la défaite”, a ajouté le président, visant Jean-Luc Mélenchon.
Le ministre des Comptes publics, Gérald Darmanin, a accusé pour sa part LFI d’user de “méthodes de l’extrême droite”, obéissant à une logique de “poujado-castrisme”.
Samedi, 2.000 policiers et gendarmes ont été déployés en marge du cortège soit 500 de plus que lors de la manifestation du 1er-Mai à Paris, où de graves violences ont entraîné près de 300 interpellations et une centaine de placements en garde à vue. LFI a prévu de son côté un service d’ordre de 150 personnes.
La préfecture de police a signalé dans l’après-midi quatre arrestations et quelques dégradations, visant notamment un véhicule, place de la Bastille.
“Les choses ont l’air de se passer plus calmement que la semaine dernière”, a commenté sur LCI le ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb, en direct de la préfecture de police de Paris.
 
Ce proche d’Emmanuel Macron a minimisé l’importance de la manifestation. “Ce n’est pas cet afflux immense qu’on annonçait”, a-t-il commenté.
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