La justice française valide des "preuves" d'un chantage au roi du Maroc

Vendredi 10 Novembre 2017

Paris - La défense du roi du Maroc a crié victoire, vendredi, après la validation par la justice française de deux enregistrements clandestins qui "prouvent", selon le royaume, que deux journalistes français ont voulu faire chanter le monarque.

La Cour de cassation, plus haute juridiction française, saisie par les journalistes Catherine Graciet et Eric Laurent, a estimé que ces deux enregistrements avaient été réalisés par un émissaire de Rabat sans "véritable implication" des enquêteurs, permettant de conclure à la "loyauté de la preuve". Elle a donc débouté les journalistes, qui demandaient l'invalidation de ces enregistrements.

"C'est une très grande victoire, il n'y a désormais plus d'obstacle à la poursuite puis à la condamnation de ceux qui ont voulu faire chanter le roi du Maroc", a réagi auprès de l'AFP Patrice Spinosi, l'un des avocats du royaume.

Catherine Graciet, 42 ans, et Eric Laurent, 69 ans, sont inculpés pour chantage et extorsion de fonds. Ils sont soupçonnés d'avoir voulu soutirer trois millions d'euros au roi du Maroc en 2015, en échange de l'abandon d'un livre censé contenir des révélations gênantes pour Rabat.

Les deux journalistes avaient été interpellés le 27 août 2015, en possession de 80.000 euros en liquide, au sortir d'une réunion avec un émissaire du Maroc enregistrée à leur insu par ce dernier. Eric Laurent avait déjà été enregistré lors de deux rencontres précédentes avec l'émissaire, l'avocat Hicham Naciri.

Les avocats des deux journalistes, qui reconnaissent un accord financier mais réfutent tout chantage, demandaient l'annulation des deux derniers enregistrements au motif qu'ils sont "illégaux" car réalisés par l'émissaire marocain alors même qu'une enquête était déjà ouverte.

Saisie une première fois, la Cour de cassation avait estimé que ces enregistrements avaient été menés avec la "participation indirecte" des enquêteurs français "sans le consentement des intéressés", ce qui portait "atteinte aux principes du procès équitable et de la loyauté des preuves".

La Cour de cassation s'est réunie cette fois ci en assemblée plénière, c'est-à-dire devant toutes ses chambres, pour une décision qui ne pourra plus être contestée.

Le dossier va désormais retourner entre les mains des juges d'instruction, qui pourront soit renvoyer l'affaire devant un tribunal, soit prononcer un non-lieu. (AFP)
 
 
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