La procureure générale de Paris dénonce les "outrances" de Mélenchon

Dimanche 21 Octobre 2018

PARIS (Reuters) - La procureure générale de Paris Catherine Champrenaud a défendu samedi les perquisitions menées "en pleine légalité" dans des locaux de La France insoumise (LFI) mardi et dénoncé le "coup de force" et les "outrances" du dirigeant du parti Jean-Luc Mélenchon et de ses soutiens.

"Ces perquisitions ont été diligentées en pleine légalité", a déclaré sur Europe 1 la magistrate, sortie de sa réserve parce qu'"on a dit beaucoup de contre-vérités ou beaucoup d'outrances" dans ce dossier.

"Il y en a tous les jours qui se déroulent de cette façon et quand on s'y oppose en général d'ailleurs on est interpellé pour rébellion", a-t-elle souligné.

Les enregistrements de la perquisition au siège parisien de LFI - autorisés par Jean-Luc Mélenchon "alors qu'en principe les enregistrements sont interdits lors de perquisitions" - "témoignent qu'il y a eu un véritable coup de force et qu'on a essayé d'entraver l'action de la justice", a observé la procureure générale de Paris.

"C'est la première fois qu'un responsable politique fait entrave à une opération de police judiciaire et donc fait entrave à la manifestation de la vérité", a-t-elle observé en se déclarant "un peu surprise" des déclarations de Jean-Luc Mélenchon qui "quand il y avait des opérations de ce type dans un autre parti (...) réclamait que la justice puisse faire son travail en toute indépendance".

PLAINTE D'UN POLICIER

"Je veux apporter mon soutien public aux magistrats et aux policiers qui ont subi un coup de force et des violences verbales et physiques", a dit Catherine Champrenaud.

"Je crois savoir que pour l'instant il y a un policier qui a déposé plainte", a-t-elle ajouté.

Pour la magistrate, "si Monsieur Mélenchon était arrivé tout seul et calmement, il n'y aurait eu aucun problème pour qu'il accède aux locaux de son parti mais si vous regardez attentivement les images, (il) a voulu rentrer en force" après avoir "rameuté ses militants (et) des députés de son parti".

Après les perquisitions menées mardi notamment à son domicile et au siège de LFI, dans le cadre de deux enquêtes préliminaires ouvertes par le parquet de Paris portant l'une sur des soupçons de surfacturation de la campagne présidentielle et l'autre sur des soupçons d'emplois fictifs au Parlement européen, le chef de file de LFI a dénoncé une "offensive politique" à son encontre.

Mais la magistrate a démenti avec "la plus extrême fermeté et solennité" toute information préalable de l'exécutif de ces opérations.

"La stratégie d'une enquête (...) est conservée par le procureur de la République avec ses enquêteurs" et les remontées au ministère de la Justice ne se font jamais "avant que ce soit arrivé" mais seulement "lorsque les faits se sont passés".

Alors que le député des Bouches-du-Rhône a demandé vendredi l'annulation de la perquisition houleuse qui a visé le siège de LFI et la restitution des pièces saisies à cette occasion, Catherine Champrenaud a précisé que les ordinateurs avait été "restitués hier soir" (vendredi-NDLR) après que les enquêteurs ont effectué des copies des disques durs.

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