Laboratoire d'explosifs près de Paris: un attentat était en projet (procureur)

Lundi 11 Septembre 2017

Paris - Dans un petit studio de banlieue parisienne, ils confectionnaient en secret l'explosif privilégié des jihadistes: deux hommes radicalisés, arrêtés après la découverte fortuite de cet atelier clandestin, ont avoué dimanche avoir préparé un attentat inspiré du groupe Etat islamique.

Présentés à un juge antiterroriste dimanche, le propriétaire de cet appartement de Villejuif et son complice, fiché par les services de renseignement, ont été mis en examen et écroués, a annoncé le parquet de Paris.

"Leur projet était la confection d'une bombe pour commettre un attentat", a déclaré dimanche le procureur de Paris, François Molins, lors d'une conférence de presse.

"Aucun projet n'était établi à ce stade même si l'un d'entre eux a admis qu'ils avaient pensé à s'attaquer à des militaires de l'opération Sentinelle", déployés depuis les attentats jihadistes de 2015 à Paris, a-t-il poursuivi. Ces militaires ont déjà été attaqués à six reprises et certains blessés, par des assaillants munis de couteaux, machettes ou voitures.

Ali Mohammed Rahmani, un Franco-Algérien de 36 ans jusqu'ici inconnu des services, a été arrêté mercredi, quelques heures après la découverte fortuite de ce laboratoire d'explosifs dans son appartement de Villejuif.

Ce sont deux artisans, venus travailler dans l'immeuble et dont le procureur a salué la "perspicacité", qui ont découvert cet étrange atelier sur la terrasse : sous une bâche, 105 grammes de TATP prêt à l'emploi étaient dissimulés dans un saladier ainsi que des litres de produits servant à fabriquer cet explosif instable souvent utilisé par l'organisation jihadiste EI lors de ses attentats.

Sur l'une des clés USB retrouvées sur les lieux figuraient des vidéos, tournées sur la terrasse de l'appartement, "comportant des séquences mettant en scène des essais d'explosion", a indiqué François Molins.

L'exploration de l'ordinateur découvert sur place a en outre permis de retrouver la trace de consultations Internet de type "chimie", "explosifs" ou encore "État islamique", et aussi de jeux vidéo de simulation de conduite, notamment de véhicules poids lourds.

Selon une première estimation livrée par le procureur, les substances découvertes auraient pu permettre de réaliser entre 3 et 4 kilos de TATP, sans compter les litres de produits découverts le lendemain matin dans un box loué par Ali Mohammed Rahmani dans une autre localité du département.

La nuit précédente, les enquêteurs avaient aussi interpellé un de ses contacts téléphoniques fréquent, à son domicile du Kremlin-Bicêtre, non loin du laboratoire: Frédéric L., un converti à l'islam de 37 ans, était déjà fiché en raison de sa radicalisation entamée en 2014.

L'analyse de la vidéosurveillance du box a permis d'établir que les deux hommes s'étaient rendus ensemble sur place le 7 août.

Sur les supports numériques saisis au domicile de Frédéric L., les enquêteurs ont retrouvé des "photographies de Kalachnikov, de munitions et d'armes démontées, une photographie de son fils de 9 ans portant une réplique de fusil d'assaut, enfin des vidéos de propagande de l'État islamique en nombre important", a indiqué M. Molins.

Selon le magistrat, cet homme a également été en relation directe en août 2016 avec Rachid Kassim, un propagandiste francophone de l'EI vraisemblablement tué depuis dans un bombardement de la coalition anti-EI dans la zone irako-syrienne.

"Aucun lien n'a pour l'instant été mis en évidence" entre ces deux suspects et les auteurs des récents attentats en Catalogne, a indiqué une source proche du dossier, alors que le ministre de l'Intérieur n'a pas exclu jeudi la possibilité que de tels liens existent.

Des investigations sont en cours pour déterminer pourquoi plusieurs membres de cette cellule espagnole se trouvaient en région parisienne les 11 et 12 août, moins d'une semaine avant les attentats des 17 et 18 août à Barcelone et Cambrils.

C'est en confectionnant du TATP en grande quantité qu'ils avaient fait exploser la villa où ils se cachaient à Alcanar, à 200 km au sud de Barcelone. (AFP)
 
 
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