Le Hamas appelle Washington à exercer une « véritable » pression sur Israël

Jeudi 5 Septembre 2024

Le Hamas palestinien a appelé jeudi les États-Unis à exercer une « véritable » pression sur Israël en vue d’une trêve à Gaza associée à une libération d’otages, le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou affirmant qu’un accord était encore « loin ».

 

À Washington, le porte-parole du Conseil de sécurité nationale, John Kirby, a estimé « qu’un accord de cessez-le-feu était approuvé à 90 % », mais qu’il restait « des questions très détaillées » et difficiles à régler, près de 11 mois après le début de la guerre à Gaza, déclenchée par une attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre.

 

Avec le Qatar et l’Égypte, les États-Unis, principal allié d’Israël, déploient depuis des mois des efforts de médiation pour convaincre les deux camps de conclure un accord. En vain.

 

Israël et le mouvement islamiste ne cessent de s’accuser de bloquer les négociations, à l’heure où l’armée israélienne poursuit son offensive de représailles dans la bande de Gaza qui a fait des dizaines de milliers de morts.

 

« Si l’administration américaine et son président veulent vraiment parvenir à un cessez-le-feu et conclure un accord d’échange de prisonniers, ils doivent abandonner leur parti pris aveugle pour l’occupation sioniste et exercer une véritable pression sur Nétanyahou », a déclaré Khalil al-Haya, membre du bureau politique du Hamas basé au Qatar.

 

« Lignes rouges »

 

Depuis l’annonce dimanche de la découverte à Gaza des corps de six otages israéliens, tués à « bout portant » par le Hamas selon l’armée, M. Nétanyahou est soumis à une forte pression pour parvenir à un accord permettant la libération des otages encore retenus à Gaza depuis le 7 octobre.

 

Mais le premier ministre reste inflexible, après avoir juré de détruire le Hamas qui a pris le pouvoir à Gaza en 2007 et est considéré comme un mouvement terroriste par les États-Unis et l’Union européenne.

 

Parmi les points d’achoppement pour un accord : le couloir de Philadelphie, une zone à la frontière entre Gaza et l’Égypte, dont Israël veut garder le contrôle, ainsi que le nombre et l’identité de prisonniers palestiniens devant être relâchés par Israël en échange des otages.

 

« Aucun accord n’est en cours de négociation », a déclaré M. Nétanyahou sur la chaîne américaine Fox News. « Malheureusement, nous sommes loin d’y parvenir. »

 

« Ce que nous devons faire : premièrement, faire sortir les otages […] Deuxièmement, maintenir les lignes rouges qui sont nécessaires à la sécurité et à la survie d’Israël, et les deux passent par le maintien [sous contrôle israélien] du corridor de Philadelphie, car cela met le Hamas sous pression, l’empêche de se réarmer et empêche Gaza de redevenir une enclave terroriste iranienne », a-t-il ajouté. L’Iran, qui soutient le Hamas, est l’ennemi juré d’Israël.  

 

« Nous les forcerons »

 

Le Hamas insiste sur l’application en l’état d’un plan annoncé le 31 mai par le président américain Joe Biden, qui prévoit une trêve de six semaines accompagnée d’un retrait israélien partiel et de la libération d’otages, puis à terme un retrait total israélien du territoire.

« Nous n’avons pas besoin de nouvelles propositions », a répété M. Haya.

 

Lors d’une nouvelle manifestation à Tel-Aviv, Gil Dickmann, cousin d’une des six otages retrouvés morts à Gaza, a déclaré : « nous ferons tout pour que tous les otages soient avec nous. Et si les dirigeants ne veulent pas signer un accord, nous les forcerons ». 

 

L’attaque du Hamas le 7 octobre a entraîné la mort côté israélien de 1205 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l’AFP à partir de données officielles. Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 97 sont toujours retenues à Gaza dont 33 ont été déclarées mortes par l’armée.

 

Les représailles israéliennes, qui ont provoqué une catastrophe humanitaire et sanitaire dans la bande de Gaza assiégée, y ont fait 40 878 morts, selon le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas, qui ne détaille pas le nombre de civils et de combattants tués. D’après l’ONU, la majorité des morts sont des femmes et des enfants.  

 

Raids israéliens meurtriers

 

Jeudi, au moins 12 Palestiniens dont des enfants ont été tués dans des frappes israéliennes dans la bande de Gaza dévastée, selon des sources médicales et des secouristes.

 

À la faveur de « pauses humanitaires » dans certains secteurs, l’Organisation mondiale de la Santé a pu administrer une première dose de vaccin contre la polio à près de 200 000 enfants dans le centre de Gaza. Elle devait commencer jeudi sa campagne de vaccination dans le sud avant d’aller dans le nord le 9 septembre.

 

En Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967 et séparé de Gaza, l’armée israélienne a poursuivi son offensive dans plusieurs régions, tuant au moins 36 Palestiniens depuis le 28 août, selon les autorités palestiniennes.  

 

Jeudi à Tubas (Nord), cinq Palestiniens ont été tués, selon le Croissant-Rouge palestinien. Parmi eux figure selon l’armée « un important terroriste ». [AFP]

 
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