Le Pen ramenée aux racines du FN par son entourage et Macron

Vendredi 28 Avril 2017

PARIS (Reuters) - Emmanuel Macron s'efforce de mobiliser les électeurs indécis à neuf jours du second tour de l'élection présidentielle en désignant Marine Le Pen comme l'héritière des ennemis de la République, aidé en cela par les accusations portées contre une partie de l'entourage de la dirigeante du Front national.
 
Le candidat d'En Marche ! vise l'électorat de droite comme de gauche, notamment celui de Jean-Luc Mélenchon, dont une partie refuse de voter pour lui après avoir combattu les mesures libérales prises pendant le quinquennat de François Hollande dont l'ex-ministre de l'Economie fut souvent l'inspirateur.
 
Parti de la "haine", "xénophobe", Emmanuel Macron multiplie les attaques contre le Front national depuis quelques jours, tentant de faire exploser la "dédiabolisation" opérée depuis la prise en main du parti par la fille de Jean-Marie Le Pen.
 
Comme pour marquer davantage sa différence avec l'héritage qu'il prête à son adversaire, Emmanuel Macron se rend ce vendredi à Oradour-sur-Glane (Haute-Vienne), dont la population a été massacrée par la division SS Das Reich, en juin 1944.
 
Jeudi soir, le favori des sondages a lancé un message à la droite gaulliste, accusant le Front national d'être l'héritier de l'Organisation armée secrète (OAS), un groupe extrémiste pro-Algérie française qui tenta d'assassiner Charles de Gaulle.
 
"Mme Le Pen défend les couleurs d'un parti qui a conduit des attentats contre le général de Gaulle, qui a encore les enfants de ces protagonistes dans ses rangs, qui s'est construit sur l'anti-gaullisme et contre la République française", a-t-il dit.
 
REMOUS À LA TÊTE DU FN
Vendredi, le Front national a été rappelé à l'histoire la plus douloureuse de l'Europe, avec le retrait de sa présidence par intérim de Jean-François Jalkh, mis en cause pour des propos négationnistes présumés.
 
Des journalistes ont exhumé des déclarations de ce cadre historique dans lesquels il cite le théoricien négationniste Robert Faurisson, notamment concernant l'usage du gaz Zyklon B dans les chambres à gaz nazies.
 
Promu à la tête du FN en début de semaine après la décision de Marine Le Pen de se mettre en congé de la présidence pour se consacrer à la campagne, il "conteste fermement et formellement ce qu'on lui reproche", a déclaré vendredi Louis Aliot, vice-président du parti.
 
Jean-Marie Le Pen a lui-même donné des munitions aux adversaires du FN, en critiquant l'hommage national rendu cette semaine au policier tué sur les Champs Elysées.
 
"Il m'a semblé qu'il y avait dans cette cérémonie une équivoque et qu'on rendait plutôt hommage qu'au policier à l'homosexuel", a déclaré le père de Marine Le Pen dans son "journal de bord" vidéo le plus récent, jugeant que le discours prononcé par le conjoint du policier "institutionnalisait le mariage homosexuel et l'exaltait en quelque sorte d'une façon publique et cela ça m'a un peu choqué".
 
Marine Le Pen tente quant à elle de rassurer les électeurs sur son programme, insistant jeudi sur le difficile sujet de la sortie de l'Union européenne qu'elle appelle de ses vœux.
 
Elle a assuré lors d'un meeting à Nice que son élection serait "une chance pour l'Europe" et souligné qu'avec le référendum qu'elle compte organiser six mois après son élection, "c'est vous au final qui déciderez".
 
Quinze ans après la qualification de Jean-Marie Le Pen pour le second tour, qui avait jeté des centaines de milliers de personnes dans les rues, la présence de sa fille dans le duo final mobilise peu et le "front républicain" semble oublié.
 
Les syndicats de salariés ne défileront pas unis le 1er mai alors que plus d'un million de personnes avaient défilé pour faire barrage à Jean-Marie Le Pen à l'occasion de la Fête du Travail en 2002.
Tous les sondages réalisés depuis le premier tour donnent Emmanuel Macron gagnant face à Marine Le Pen avec environ 60% des voix.
 
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