Le Pentagone reconnaît la pire bavure dans la campagne contre l'EI: 105 civils tués

Jeudi 25 Mai 2017

Le Pentagone a reconnu mardi la pire bavure de la campagne contre le groupe Etat islamique - 105 victimes civiles dans un bombardement le 17 mars à Mossoul - attribuant toutefois ce terrible bilan à des explosifs de l'EI, et non à la bombe américaine elle-même.

Cette admission survient alors que des ONG dénoncent une augmentation des victimes civiles des bombardements de la coalition depuis l'arrivée au pouvoir du président Donald Trump, qui a promis d'accélérer l'élimination de l'EI.

Le Pentagone dément de son côté que ses bombardements soient plus meurtriers.

Les "règles d'engagement", les précautions prises pour éviter les morts civils, sont restées les mêmes depuis l'arrivée au pouvoir de Donald Trump, répètent les militaires américains.

Pour le Pentagone, la bavure du 17 mars est surtout liée au comportement des jihadistes, qui n'hésitent pas utiliser les civils dans leurs tactiques de combat avec un mépris total pour leur sort.

Selon le résumé de l'enquête militaire, rendu public jeudi, le bombardement fatal visait deux snipers de l'EI installés dans une belle demeure de Mossoul.

Il été avait été demandé par les forces anti-terroristes irakiennes (CTS) menant l'assaut dans le quartier.

Ces forces, postées à moins de 100 mètres depuis deux jours, n'avaient pas décelé la présence de dizaines de civils qui s'étaient réfugiés dans la maison, à l'invitation du propriétaire. Et la coalition était privée depuis deux jours de ses habituelles images vidéo prises par drone, en raison du mauvais temps.

La décision a été prise d'éliminer les deux snipers avec une bombe relativement légère GBU-38 de 192 livres (environ 87 kilos) d'équivalent TNT, ne devant toucher que l'étage où se trouvaient les deux jihadistes.

Mais l'explosion de celle-ci a provoqué une puissante "explosion secondaire" qui a fait s'effondrer tout le bâtiment, prenant au piège 101 personnes qui s'y étaient réfugiées et 4 voisins, selon le rapport d'enquête.

Pour parvenir à de tels dégâts, il fallait au moins 1.000 livres (environ 450 kilos) d'équivalent TNT, soit 4 fois plus que la bombe GBU-38 utilisée, a indiqué aux journalistes le général américain Matt Isler, qui a conduit sur place l'enquête de la coalition, avec le renfort d'experts en armement et en génie civil.

Les enquêteurs ont établi que l'EI avait placé des explosifs dans la maison, retrouvant des résidus chimiques d'explosifs utilisés par les jihadistes comme la nitroglycérine ou du cordon explosif.

- Maison délibérément piégée –
Et ils soupçonnent, sans en avoir la preuve formelle, que l'EI a piégé délibérément la maison, avec la volonté d'attirer une attaque de la coalition et de provoquer une bavure.

Chercher à provoquer des bavures est une tactique reconnue de l'EI, a affirmé le général Isler.

Le 28 mars, un drone de la coalition a filmé une telle tentative des jihadistes à Mossoul, a-t-il affirmé.

La vidéo montre les jihadistes conduisant par la force des civils dans un bâtiment, puis piégeant celui-ci, notamment avec une bouteille de propane destinée à augmenter les effets d'un bombardement, a-t-il expliqué.

Le général Isler n'a pas exclu que des familles de victimes puissent recevoir une indemnité du Pentagone, en "marque de sympathie" devant la perte subie.

"Dans certaines circonstances, les chefs militaires peuvent envisager" un tel paiement, qui toutefois pas n'est pas une reconnaissance de responsabilité, a-t-il dit.

Le bombardement du 17 mars porte à 501 le nombre de morts civils reconnus par la coalition depuis le début des bombardements contre l'EI en août 2014 - mais de nombreux cas font encore l'objet d'investigations et le bilan réel est certainement plus lourd.

Les forces irakiennes appuyées par la coalition internationale antijihadistes conduite par Washington ont lancé mi-octobre une vaste offensive pour chasser les jihadistes de l'EI de Mossoul, la deuxième ville irakienne.

Elles se sont emparées fin janvier de la partie orientale de la ville et ont lancé mi-février un assaut sur la partie ouest, densément peuplée et qui comprend notamment la vieille ville.
 
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