Le Premier ministre éthiopien entame une médiation au Soudan

Vendredi 7 Juin 2019

KHARTOUM (Reuters) - Le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed a entamé vendredi au Soudan une mission de médiation entre le Conseil militaire de transition (CMT) et l'opposition engagés dans une crise politique meurtrière depuis la destitution du président Omar el Béchir en avril.
 
Le Premier ministre et sa délégation ont été accueillis à l'aéroport de Khartoum par le général Shams el Din Kabbashi, porte-parole du CMT.
 
Abiy a ensuite rencontré à l'ambassade d'Ethiopie des représentants de l'opposition appartenant à la Déclaration des forces de la liberté et du changement (DFCF).
 
"Il a exprimé l'engagement de l'Ethiopie à promouvoir la paix dans la région et a rappelé que l'unité était la condition préalable au rétablissement de la paix au Soudan", a dit le bureau du chef du gouvernement éthiopien.
 
Abiy, arrivé au pouvoir en Ethiopie en avril 2018, a été salué pour ses qualités de diplomates notamment illustrées par la paix conclue entre son pays et l'Érythrée, ancienne province éthiopienne qui s'est proclamée Etat indépendant en 1993.
 
Le Soudan est en proie à des violences meurtrières depuis que le président Béchir a été chassé du pouvoir par les militaires le 11 avril, après quatre mois de manifestations de rue.
 
La dispersion lundi de manifestants, installés dans un campement devant le siège de l'état-major de l'armée à Khartoum, a fait 61 morts, selon un bilan fourni par le gouvernement soudanais.
 
L'opposition affirme de son côté que 113 personnes ont été tuées au cours de l'assaut mené par les forces de sécurité contre les protestataires antigouvernementaux installés dans le centre de Khartoum depuis des mois.
 
Un groupe de médecins, proches de la contestation, a indiqué que les hôpitaux locaux étaient débordés par le nombre de blessés. Cinq hôpitaux principaux ont été fermés par les RSF, les Forces d'appui rapide, une organisation paramilitaire dirigée par le général Mohamed Hamdane Dagalo, dit Hemedti, membre du CMT, précisent les praticiens.
 
"Il y a un manque important de personnel médical, principalement parce que les milices prennent pour cible les médecins et les empêchent de se rendre dans les hôpitaux et les cliniques pour faire leur travail", explique le groupe de médecins.
"De plus en plus de vies sont perdues chaque jour pour cette raison", ajoute-t-il.
 
Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), des membres du personnel soignant ont eux-mêmes été blessés et des infirmières auraient été violées à l'intérieur de certains hôpitaux.
Des services d'urgence ont été fermés et des hôpitaux de campagne installés pour accueillir les blessés ont été incendiés ou détruits tandis que du matériel médical a été pillé.
 
Les paramilitaires de Hemedti ont notamment été accusés par des organisations de défense des droits de l'homme de tentative de génocide pendant le conflit ethnique au Darfour en 2003.
 
 
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