Au premier jour de son sommet en visioconférences, l’Union africaine (UA) a reconduit à sa tête le Tchadien Moussa Faki Mahamat, en plein débat sur la lutte contre le Covid-19 et l’approvisionnement vaccinal du continent.
«Profondément honoré par ce vote de confiance historique et écrasant», a commenté sur Twitter Moussa Faki, réélu en fin d’après-midi par 51 États membres sur 55. Il se voit reconduit pour un mandat de quatre ans à la tête de la Commission de l’UA, organe exécutif et institution clé de l’organisation panafricaine. Au passage, il a félicité Monique Nsanzabaganwa, vice-gouverneur de la Banque nationale du Rwanda, élue son adjointe à la tête de la Commission.
Ancien Premier ministre du Tchad, Moussa Faki était seul candidat à sa succession, et faisait face à des accusations -qu’il rejette- «d’une culture de harcèlement sexuel, de corruption et d’intimidation au sein de la commission», selon une récente note de l’International Crisis Group (ICG). Certains États s’étaient également inquiétés du respect du secret de ce vote organisé à distance et par internet.
«Nationalisme vaccinal»
Organisé exceptionnellement en ligne pour éviter toute contamination, ce sommet se déroule exactement un an après la détection d’un premier cas de Covid-19 en Égypte. À l’époque, l’arrivée de l’épidémie sur le continent avait fait craindre une explosion des fragiles systèmes de santé africains, un scénario apocalyptique qui ne s’est pas réalisé.
L’Afrique reste pour l’instant relativement épargnée, avec 3,5% des cas et 4% des morts officiellement recensés dans le monde, selon le Centre de contrôle et de prévention des maladies de l’UA (Africa CDC). Mais de nombreux pays sont actuellement confrontés à une seconde vague préoccupante et ont du mal à accéder aux vaccins, alors qu’à raison de deux doses par personne, l’Afrique aura besoin d’1,5 milliard de doses pour vacciner 60% de ses environ 1,3 milliard d’habitants.
«Cette maladie a provoqué beaucoup de souffrance et de difficultés sur notre continent», a déclaré le chef de l’État sud-africain Cyril Ramaphosa, président sortant de l’UA, dans son discours d’ouverture, soulignant que l’urgence sanitaire se doublait d’une «grave crise économique et sociale». Les dirigeants africains se montrent de plus en plus agacés face à la course effrénée aux vaccins, dans laquelle ils partent avec un lourd handicap. Dans une récente interview, Moussa Faki a dénoncé le «nationalisme vaccinal» et les «pays riches qui s’arrogent la priorité, certains pré-commandant même plus que ce dont ils ont besoin».
«Sortir des salles de réunion»
Les débats à huis clos ont démarré par une intervention de Cyril Ramaphosa sur les actuels efforts africains face à la pandémie. Dans son discours il a également appelé le Fonds monétaire international (FMI) à débloquer de nouvelles ressources «pour corriger l’inégalité flagrante des mesures de relance fiscales entre les économies avancées et le reste du monde».
Son successeur à la présidence tournante annuelle de l’organisation, son homologue de la République démocratique du Congo Félix Tshisekedi, s’est engagé à rendre l’UA plus pertinente en la «faisant sortir des salles de réunion». Félix Tshisekedi a exposé un programme ambitieux portant à la fois sur la lutte contre le changement climatique, les violences sexuelles, la promotion de la zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf), ou encore le méga-projet de barrage hydro-électrique Inga dans son pays.
Autre enjeu -interne celui-là- à l’UA, le Nigérian Bankole Adeoye a été élu la tête d’un super département regroupant les Affaires politiques, et le département Paix et sécurité. Il devrait jouer un rôle crucial, aux côtés de Moussa Faki, pour tenter de régler de nombreuses crises africaines que l’UA est accusée de négliger. Le Conseil de Paix et de Sécurité n’a, par exemple, quasiment pas abordé le conflit entre le gouvernement camerounais et les séparatistes anglophones, ou l’essor inquiétant des islamistes radicaux dans le nord du Mozambique.
La crise au Tigré qui secoue depuis trois mois l’Éthiopie, qui abrite le siège de l’UA, fait elle partie des dossiers les plus sensibles. Dès le déclenchement des combats début novembre, Moussa Faki avait appelé à la cessation des hostilités entre le gouvernement d’Addis Abeba et les autorités dissidentes du Tigré, une région du nord de l’Éthiopie. Mais le Premier ministre éthiopien et prix Nobel de la Paix 2019 Abiy Ahmed a refusé toute médiation de l’UA dans une opération «de maintien de l’ordre» relevant de la souveraineté nationale. (AFP)
«Profondément honoré par ce vote de confiance historique et écrasant», a commenté sur Twitter Moussa Faki, réélu en fin d’après-midi par 51 États membres sur 55. Il se voit reconduit pour un mandat de quatre ans à la tête de la Commission de l’UA, organe exécutif et institution clé de l’organisation panafricaine. Au passage, il a félicité Monique Nsanzabaganwa, vice-gouverneur de la Banque nationale du Rwanda, élue son adjointe à la tête de la Commission.
Ancien Premier ministre du Tchad, Moussa Faki était seul candidat à sa succession, et faisait face à des accusations -qu’il rejette- «d’une culture de harcèlement sexuel, de corruption et d’intimidation au sein de la commission», selon une récente note de l’International Crisis Group (ICG). Certains États s’étaient également inquiétés du respect du secret de ce vote organisé à distance et par internet.
«Nationalisme vaccinal»
Organisé exceptionnellement en ligne pour éviter toute contamination, ce sommet se déroule exactement un an après la détection d’un premier cas de Covid-19 en Égypte. À l’époque, l’arrivée de l’épidémie sur le continent avait fait craindre une explosion des fragiles systèmes de santé africains, un scénario apocalyptique qui ne s’est pas réalisé.
L’Afrique reste pour l’instant relativement épargnée, avec 3,5% des cas et 4% des morts officiellement recensés dans le monde, selon le Centre de contrôle et de prévention des maladies de l’UA (Africa CDC). Mais de nombreux pays sont actuellement confrontés à une seconde vague préoccupante et ont du mal à accéder aux vaccins, alors qu’à raison de deux doses par personne, l’Afrique aura besoin d’1,5 milliard de doses pour vacciner 60% de ses environ 1,3 milliard d’habitants.
«Cette maladie a provoqué beaucoup de souffrance et de difficultés sur notre continent», a déclaré le chef de l’État sud-africain Cyril Ramaphosa, président sortant de l’UA, dans son discours d’ouverture, soulignant que l’urgence sanitaire se doublait d’une «grave crise économique et sociale». Les dirigeants africains se montrent de plus en plus agacés face à la course effrénée aux vaccins, dans laquelle ils partent avec un lourd handicap. Dans une récente interview, Moussa Faki a dénoncé le «nationalisme vaccinal» et les «pays riches qui s’arrogent la priorité, certains pré-commandant même plus que ce dont ils ont besoin».
«Sortir des salles de réunion»
Les débats à huis clos ont démarré par une intervention de Cyril Ramaphosa sur les actuels efforts africains face à la pandémie. Dans son discours il a également appelé le Fonds monétaire international (FMI) à débloquer de nouvelles ressources «pour corriger l’inégalité flagrante des mesures de relance fiscales entre les économies avancées et le reste du monde».
Son successeur à la présidence tournante annuelle de l’organisation, son homologue de la République démocratique du Congo Félix Tshisekedi, s’est engagé à rendre l’UA plus pertinente en la «faisant sortir des salles de réunion». Félix Tshisekedi a exposé un programme ambitieux portant à la fois sur la lutte contre le changement climatique, les violences sexuelles, la promotion de la zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf), ou encore le méga-projet de barrage hydro-électrique Inga dans son pays.
Autre enjeu -interne celui-là- à l’UA, le Nigérian Bankole Adeoye a été élu la tête d’un super département regroupant les Affaires politiques, et le département Paix et sécurité. Il devrait jouer un rôle crucial, aux côtés de Moussa Faki, pour tenter de régler de nombreuses crises africaines que l’UA est accusée de négliger. Le Conseil de Paix et de Sécurité n’a, par exemple, quasiment pas abordé le conflit entre le gouvernement camerounais et les séparatistes anglophones, ou l’essor inquiétant des islamistes radicaux dans le nord du Mozambique.
La crise au Tigré qui secoue depuis trois mois l’Éthiopie, qui abrite le siège de l’UA, fait elle partie des dossiers les plus sensibles. Dès le déclenchement des combats début novembre, Moussa Faki avait appelé à la cessation des hostilités entre le gouvernement d’Addis Abeba et les autorités dissidentes du Tigré, une région du nord de l’Éthiopie. Mais le Premier ministre éthiopien et prix Nobel de la Paix 2019 Abiy Ahmed a refusé toute médiation de l’UA dans une opération «de maintien de l’ordre» relevant de la souveraineté nationale. (AFP)