Quand l’un des plus hauts magistrats de ce pays se fait huer et traiter de tous les noms d’oiseaux dans un brouhaha indescriptible à l’intérieur d’une salle de tribunal, il faut se rendre à l’évidence. Il y a quelque chose de cassé dans les rapports entre le pouvoir judiciaire et la société. Les ressorts qui permettaient de relier les (bons) sentiments populaires à l’endroit de ceux qui distribuent la Justice au nom du peuple souverain ne sont plus en place ; ils ont désaxé.
La manière dont le juge Demba Kandji est défié ouvertement par des citoyens écœurés jusqu’à l’overdose, et sa propension systématique à se prévaloir d’une autorité dont les fondements auraient été jetés à la poubelle dans un système judiciaire indépendant sont des symptômes violents de la crise qui mine le monde de la magistrature sénégalaise, du moins celui qui a accepté l’enrôlement partisan dans la guerre des contradictions en cours dans l’espace sociopolitique national.
Le jugement rendu par la Cour de justice de la Cedeao en faveur de Khalifa Ababacar Sall, jeté à la poubelle par la plus haute autorité de ce pays et, naturellement, par ses relais de la hiérarchie judiciaire, n’est que le révélateur d’une violente forfaiture d’Etat qui sème hic et nunc les graines d’un (indésiré) chavirage du bateau Sunugal dans des eaux tumultueuses.
Le billet du jour: Ressorts cassés
Jeudi 19 Juillet 2018
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