Les industries pétrolières et gazières détentrices de licences d’exploration au Sénégal font leur petit bonhomme de chemin, en comptant mettre la main sur un graal de découvertes – ce qui serait en bonne voie pour certaines d’entre elles - sans oublier de soigner leurs (bonnes) relations avec l’Etat du Sénégal. Ainsi, pour l’année 2013, sept (07) compagnies ont versé au Trésor ( ?) la somme de 3 milliards 155 millions 408 mille 100 francs Cfa (6 millions 160 mille 500 dollars), selon des informations collectées par l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (voir encadré).
Cependant, la société AZ Petroleum Products indique avoir versé 386 000 dollars (193 millions de Cfa) pour cette même année, un montant que les organismes collecteurs réfutent avoir perçu, rapporte l’Itie. Mystère !
Cet épisode pose une grande question au Sénégal : la gestion de la transparence dans les industries extractives en général. Un «milieu» où la confidentialité, d’une rigueur extrême en ce qui concerne des clauses essentielles, tisse un brouillard opaque sur le contenu et l’exécution des contrats liant les pouvoirs publics aux compagnies. L’emblème de cette suspicion, du reste justifiable à bien des égards, c’est la controverse suscitée par l’irruption brutale de M. Aliou Sall dans un écosystème pétro-gazier où il apparaît comme un novice.
Il est utile de rappeler que c’est le président Macky Sall, élu en mars 2012 et entré en fonction en avril, qui a signé le décret du 3 juin 2012 donnant à la société Petro-Tim des droits d’exploration sur un bloc offshore. Or, Aliou Sall, son frère, est l’un des administrateurs de Petro-Tim.
Les jeux de rôle capitalistiques mis en œuvre entre sociétés pétrolières – Petro-Tim et Kosmos Energy en l’occurrence - ont brouillé l’image des autorités et pré-installé l’idée de magouille sur des biens publics alors même que les premiers barils ne seront pas sur terre avant 2020, selon les prévisions les plus optimistes.
«Les revenus de l’industrie extractive ne peuvent être utilisés efficacement que lorsque les responsabilités sont prises : aussi la transparence de l’information est absolument nécessaire», lit-on dans un document intitulé «Dépasser la rhétorique. Mesurer la transparence des revenus : les performances des entreprises dans l’industrie du pétrole et du gaz» co-produit par plusieurs ONG dont Save The Children, Osiwa, Publish What You Pay. «Lorsqu’un pays reçoit des sommes pour l’accès qu’il fournit à du pétrole, du gaz ou des minéraux, ses habitants sont en droit de savoir de quels types de paiements il s’agit, et combien d’argent ils représentent.»
Les entreprises pétrolières présentes au Sénégal – du moins celles qui ont obtenu leurs licences de manière saine – peuvent jouer ici un rôle essentiel en faveur de la promotion et de la pérennisation des bonnes pratiques dans le secteur des hydrocarbures. Notamment, en rendant public l’ensemble des «profits oil» versés à l’Etat central. C’est le combat du Forum civil, de la coalition nationale «Publiez ce que vous payez», d’Osiwa, d’Oxfam et d’autres organisations de la société civile. L’initiative (sénégalaise) pour la transparence dans les industries extractives qui postule à être définitivement membre de l’Itie mondiale prend part également à cette dynamique.
Paiements effectués par les entreprises pétrolières en 2013
FORTESA 1.242.597.200 (FCFA)
PETROSEN 802.105.200
PETRO TIM 417.443.000
ELENITO 257.278.060
ORANTO-PETROLEUM 226.904.600
CAPRICORN SENEGAL 208.997.600
AFRICA PETROLEUM SENEGAL 102.440
(Source: Itie)