Le chef de l’armée soudanaise en visite Égypte

Mardi 29 Aout 2023

Le chef de l’armée soudanaise, le général Abdel Fattah al-Burhane, est en visite mardi en Égypte, son grand allié, pour son premier voyage à l’étranger en quatre mois d’une guerre contre les paramilitaires, qui a de nouveau tué des dizaines de civils.
 

Au moins 39 personnes, en majorité des femmes et des enfants, ont péri mardi à Nyala, chef-lieu du Darfour-Sud, tuées par des roquettes tombées sur leurs maisons lors de combats entre armée et paramilitaires, selon un médecin et des témoins.

En Égypte, le président Abdel Fattah al-Sissi a accueilli le général Burhane à sa descente d’avion à El-Alamein, sur la côte nord, avant des discussions sur « les derniers développements au Soudan et les relations bilatérales », selon le bureau du général Burhane.

M. Sissi a « confirmé la position ferme de l’Égypte aux côtés du Soudan et son soutien à sa sécurité, sa stabilité et son intégrité territoriale », selon le quotidien d’État al-Ahram.

En embarquant dans un avion à Port-Soudan, sur la mer Rouge, le chef de facto de l’État soudanais était apparu pour la première fois en costume civil depuis le début du conflit le 15 avril.

Après plusieurs apparitions en chef de guerre – en treillis et arme à la main – au Soudan, il semble vouloir affirmer son autorité en tant que numéro un du Conseil de souveraineté, plus haute autorité du pays depuis son putsch en 2021 mené avec le général Mohamed Hamdane Daglo, désormais son grand ennemi.
Familles tuées

Depuis le 15 avril, la guerre entre l’armée et les Forces de soutien rapide (FSR) du général Daglo a fait au moins 5000 morts, un bilan très sous-estimé en raison du chaos général.

Mardi, de nouveau, au moins 39 personnes ont été tuées au Darfour, ont rapporté un médecin et des témoins à l’AFP.

« Cinq familles entières ont été tuées en une journée et d’autres ont perdu trois ou quatre de leurs membres », selon le militant des droits de la personne Gouja Ahmed, originaire de Nyala.

Des images mises en ligne sur les réseaux sociaux, que l’AFP n’a pas pu authentifier dans l’immédiat, montrent des dizaines de corps alignés puis des hommes les mettant en terre dans une immense fosse.

Selon l’ONU, depuis le 11 août, plus de 50 000 personnes ont été forcées de fuir Nyala, deuxième ville la plus peuplée du Soudan en raison de l’intensité des combats.

Fief des FSR, le Darfour est probablement la région où les combats sont les plus meurtriers.

Tout accès y est impossible, notamment pour les humanitaires qui tirent la sonnette d’alarme alors que, selon l’Université américaine de Yale, 27 localités de cette région grande comme la France ont été réduites en cendres.

Dans certaines villes, assure l’ONU, des civils armés et des combattants tribaux se sont jetés dans la bataille désormais menée sur des bases ethniques.
« Mercenaires »

Des centaines de milliers de Darfouris ont fui au Tchad voisin et l’ONU recense à travers tout le Soudan plus de 4,6 millions de déplacés et réfugiés.

Alors que les raids aériens et autres combats ne faiblissent pas, au Darfour et à Khartoum principalement, depuis plusieurs jours, les rumeurs de négociations entre les deux généraux à l’étranger se multiplient.

La récente sortie du général Burhane de son QG à Khartoum, assiégé par les FSR, pour la première fois en quatre mois alimentait notamment les espoirs d’une sortie de crise négociée, même s’il a appelé lundi à se « concentrer sur la guerre » plutôt que sur « les discussions » face à des « mercenaires ».

Au début du conflit, l’Arabie saoudite et les États-Unis avaient joué les médiateurs en vue d’un cessez-le-feu, mais les nombreuses trêves annoncées n’ont que très peu duré.

L’Égypte, elle, a réuni en juillet les six autres pays voisins du Soudan pour obtenir un soutien des bailleurs internationaux face à l’arrivée des réfugiés de guerre.

Pour les experts, des parties étrangères sont impliquées dans le conflit : d’un côté, Le Caire et Ankara soutiennent l’armée, de l’autre, les Émirats arabes unis et les mercenaires russes de Wagner appuient les FSR.

Le prochain voyage du général Burhane pourrait être en Arabie saoudite, assurent des commentateurs locaux.

« L’Arabie s’oppose à la position des Émirats, tout comme MM. Sissi et Burhane », décrypte pour l’AFP Magdi el-Gizouli, chercheur au Rift Valley Institute. [AFP]




 

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