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Le conflit Chine-USA menace les marchés du "chaos", dit Pékin

Mercredi 7 Août 2019

Le conflit Chine-USA menace les marchés du "chaos", dit Pékin
PEKIN/SHANGHAI (Reuters) - La banque centrale chinoise a déclaré mardi que la décision américaine d’accuser Pékin de manipuler sa monnaie risque de “perturber gravement l’ordre financier international et de provoquer le chaos sur les marchés financiers”.
 
La décision annoncée lundi soir par Washington menace aussi d’”empêcher une reprise économique et commerciale mondiale”, a ajouté la Banque populaire de Chine (BPC) dans sa première réaction officielle à la nouvelle attaque américaine.
 
La Chine “n’a pas utilisé et n’utilisera pas le taux de change comme un outil pour traiter les conflits commerciaux”, a déclaré la BPC dans un communiqué publié sur son site internet.
 
“La Chine a conseillé aux Etats-Unis de freiner leur monture à l’approche du précipice, de prendre conscience de leurs erreurs et de tourner le dos au mauvais chemin”, ajoute le communiqué.
 
L’accusation de manipulation portée par Washington, quelques heures après une baisse marquée du yuan lundi, a été perçue par de nombreux observateurs comme une escalade supplémentaire du conflit en cours depuis plus d’un an entre les deux premières économies du monde, qui dépasse déjà le seul terrain des droits de douane pour s’étendre à la propriété intellectuelle et aux hautes technologies.
 
Le Trésor américain a expliqué lundi avoir conclu pour la première fois depuis 1994 que la Chine manipulait sa monnaie et violait ainsi ses engagements internationaux.
 
Pour le Global Times, quotidien populaire chinois publié par le Quotidien du peuple, la décision de Washington est uniquement motivée par la volonté politique d’”exprimer sa colère”.
 
RISQUE DE NOUVELLES REPRÉSAILLES CHINOISES
 
La Chine “n’attend plus aucune marque de bonne volonté de la part des Etats-Unis”, a déclaré Hu Xijin, le rédacteur en chef du journal, sur Twitter.
 
Il y a moins de trois semaines, le Fonds monétaire international (FMI) avait jugé que la valeur du yuan correspondait aux fondamentaux économiques de la Chine. Mardi, une porte-parole du FMI s’est refusée à tout commentaire dans l’immédiat.
 
Le droit américain établit la manipulation d’une monnaie par un grand partenaire commercial en fonction de trois critères: un important excédent courant, un important excédent commercial avec les Etats-Unis et des interventions unilatérales répétées sur le marché des changes.
 
Après l’accusation portée lundi, le Trésor doit en principe demander des discussions visant à compenser la sous-évaluation du yuan et il peut prendre des sanctions, comme l’exclusion des entreprises chinoises des appels d’offres publics américains.
 
“Qualifier de Chine de manipulateur de monnaie pourrait ouvrir la porte à une éventuelle hausse des droits de douane américains au-delà de 25% sur des produits chinois”, estime DBS Group Research dans une note.
 
Si la Chine faisait le choix de représailles, celles-ci pourraient porter sur le marché des terres rares, des matières premières utilisées dans de nombreux secteurs clés, de l’électronique à la défense, et dont la Chine est le premier fournisseur des Etats-Unis.
 
Pékin pourrait aussi prendre pour cible des entreprises américaines opérant en Chine, estiment des analystes.
 
LE YUAN SE STABILISE
 
Lundi, quelques heures avant l’annonce de Washington sur les changes, le ministère chinois du Commerce avait annoncé que plusieurs entreprises avaient cessé d’acheter des produits agricoles américains.
“Au final, les Etats-Unis récolteront les fruits de leur propre travail”, a déclaré la BPC.
 
En juin, les autorités chinoises avaient émis un avertissement officiel aux touristes chinois sur les risques liés aux voyages aux Etats-Unis, citant la violence par arme à feu, les vols et les cambriolages.
 
La Chine avait laissé lundi le yuan enfoncer le seuil symbolique de sept pour un dollar pour la première fois depuis 2008, tout en démentant se livrer à une dévaluation compétitive.
 
Selon trois sources proches des discussions, les autorités de Pékin ont fait ce choix afin de souligner à l’adresse des marchés financiers les risques liés à la guerre commerciale et la dégradation de la conjoncture économique.
 
A son plus bas de lundi, le yuan perdait 2,7% face au dollar par rapport à son niveau de la semaine dernière avant l’annonce par Donald Trump, le président américain, de sa décision d’imposer le 1er septembre des droits de douane de 10% sur les 300 milliards de dollars (268 milliards d’euros) de produits chinois importés aux Etats-Unis qui ne sont pas encore taxés.
 
La monnaie chinoise semblait se stabiliser mardi: vers 10h30 GMT, elle se traitait à 7,07 pour un dollar après un plus bas à 7,1397.
 
La BPC a annoncé vendre des titres libellés en yuans à Hong Kong, ce qui traduit sa volonté de freiner les ventes à découvert sur le yuan. Elle a aussi fixé le taux pivot quotidien du yuan à un niveau légèrement supérieur aux attentes du marché, même s’il s’agit du plus bas enregistré depuis mai 2008.
 
 
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