Le « cuisinier » de Poutine admet avoir créé le groupe paramilitaire Wagner

Lundi 26 Septembre 2022

Evgueni Prigojine
Evguéni Prigojine, un homme d’affaires proche du Kremlin, a reconnu lundi avoir fondé en 2014 le groupe paramilitaire Wagner, présent dans de nombreux conflit dans le monde, le qualifiant de « pilier » de la défense des intérêts russes.
 
Celui qu’on surnomme le « cuisiner de Poutine » - car sa société de restauration a approvisionné le Kremlin -admet ainsi ce que puissances occidentales et médias affirmaient depuis longtemps.  
 
Wagner, dont la présence a été documentée depuis huit ans en Ukraine, en Syrie, en Libye ou encore en Centrafrique et au Mali, est perçu par ses détracteurs comme l’armée de l’ombre de Vladimir Poutine, promouvant les intérêts russes en fournissant des combattants, mais aussi des instructeurs militaires et conseillers.  
 
Le président russe avait démenti, en octobre, que le groupe réalisait ses basses-œuvres et servait les intérêts de l’État russe.  
 
L’aveu de M. Prigojine intervient après la diffusion ce mois-ci sur les réseaux sociaux d’une vidéo semblant le montrer en train de recruter des prisonniers dans un pénitencier de Russie pour aller se battre dans les rangs de Wagner sur le front ukrainien.
 
L’armée russe y est en difficulté, et Vladimir Poutine a ordonné la semaine dernière une mobilisation de centaines de milliers de réservistes pour tenter de reprendre la main.
 
« Pilier de notre patrie »
 
Dans une publication sur les réseaux sociaux de son entreprise Concord lundi, M. Prigojine dit avoir fondé le groupe afin d’envoyer des combattants compétents au Donbass ukrainien en 2014, où Moscou a orchestré l’émergence d’un mouvement séparatiste armé.  
 
« C’est à ce moment-là, le 1er mai 2014 qu’est né un groupe de patriotes qui a pris le nom de Groupe tactique de bataillon Wagner », dit-il dans ce communiqué.
 
« Et maintenant un aveu […] ces gars, des héros, ont défendu le peuple syrien, d’autres peuples de pays arabes, les démunis africains et latino-américains, ils sont devenus un pilier de notre patrie », a-t-il encore affirmé.  
 
M. Prigojine, regard perçant et crâne rasé, est à 61 ans une des figures les plus troubles du système poutinien, sanctionné notamment par l’Union européenne pour son rôle dans le groupe Wagner.  En Russie, il a poursuivi en justice l’opposant numéro un du Kremlin, Alexeï Navalny, aujourd’hui incarcéré.
 
Il est aussi accusé d’être derrière au moins une « usine à trolls » qui a participé aux efforts d’ingérence dans la présidentielle américaine de 2016 qui avait vu la victoire de Donald Trump. M. Prigojine a été sanctionné par les États-Unis.
 
S’il est aux finances de Wagner, les commandes opérationnelles sont, selon des médias russes, entre les mains de Dmitri Outkine. Peu de choses sont connues de cet homme d’une cinquantaine d’années qui serait passé par le renseignement militaire russe.
 
En décembre 2016, il est reçu au Kremlin pour une cérémonie en hommage aux « héros » de Syrie. Il est même pris en photo avec le président Vladimir Poutine.
 
Les opérations de Wagner sont au cœur de nombreux scandales, de tensions diplomatiques et d’exactions présumées, notamment en Syrie et en Centrafrique.  
En Centrafrique, des centaines d’hommes y figurent parmi les « instructeurs » de l’armée, au point que Paris y évoque une « captation du pouvoir ».
 
Une crise entre la Russie et la Biélorussie a aussi mis un coup de projecteur inattendu sur l’organisation en 2020, quand Minsk avait annoncé l’arrestation de 33 « mercenaires » du groupe.  
 
Ces hommes disaient alors qu’ils transitaient via la Biélorussie pour aller sur d’autres terrains : Venezuela, Libye, Cuba, Turquie, Syrie… Embarrassé, Moscou avait négocié leur retour discret en Russie. (AFP)
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