L'ancien directeur du FBI James Comey a accablé jeudi Donald Trump devant le Sénat américain, accusant son administration de diffamation et de "mensonges", et blâmant le président pour lui avoir intimé d'abandonner un volet de l'enquête russe sur un proche.
Dans une salle comble, James Comey a raconté en détails et d'une voix posée son malaise après de multiples conversations privées avec le locataire de la Maison Blanche, lors d'une séance devant la commission du Renseignement du Sénat retransmise par toutes les grandes chaînes de télévision américaines, dans la tradition des grandes auditions parlementaires qui ont marqué l'histoire du pays.
La quinzaine de sénateurs assis en face de l'ancien premier flic des Etats-Unis voulaient déterminer si les multiples requêtes présidentielles, formulées en tête à tête dans l'intimité du Bureau ovale ou de la Maison Blanche, représentent une interférence politique et une entrave à la justice, un délit majeur qui dans le passé à conduit au lancement par le Congrès de procédures de destitution contre les présidents Richard Nixon et Bill Clinton.
Il a commencé par répondre que ce n'était pas son rôle de qualifier juridiquement les requêtes du président.
A la question de savoir si le président ou l'administration lui avait demandé explicitement d'"arrêter" l'enquête menée par le FBI sur les ingérences russes, il a répondu "non".
Mais plus tard, il a confirmé que M. Trump lui avait demandé sa "loyauté", alors même qu'il supervisait l'enquête sur une éventuelle collusion entre des membres de l'équipe de campagne de Donald Trump et la Russie pendant la campagne présidentielle de 2016.
"Mon bon sens me disait qu'il voulait quelque chose en échange de m'accorder ma demande de rester à mon poste", a-t-il dit, alors que son mandat courait jusqu'en 2023.
- Pression pour Flynn –
Il a détaillé la demande de M. Trump d'abandonner l'enquête visant son fidèle, le général Michael Flynn, ex-conseiller à la sécurité nationale, visé par une enquête du FBI pour n'avoir pas tout révélé de ses discussions avec l'ambassadeur russe à Washington.
"J'espère que vous pourrez trouver une façon d'abandonner cela, de lâcher Flynn. C'est un homme bien", aurait ainsi plaidé Donald Trump le 14 février. Cette phrase à elle seule contredit le milliardaire, qui avait nié il y a trois semaines avoir formulé une telle demande.
Certes, "espérer" n'est pas un crime, a convenu M. Comey, interrogé par un sénateur républicain.
Mais "je l'ai interprété comme une instruction", a-t-il dit, refusant de jouer sur les mots. "Il est le président des Etats-Unis, seul avec moi, il dit qu'il espère ceci, je l'ai interprété comme une demande de sa part".
"J'étais tellement stupéfait par la conversation que j'en suis resté bouche bée", a-t-il dit aux élus, se disant aussi "choqué et dérangé".
Croit-il qu'il a été licencié à cause de l'enquête sur la Russie ? "Oui, car j'ai vu le président le dire lui-même", a répondu James Comey, se référant à un tweet de Donald Trump.
- Mensonges et enregistrements –
Répondant sans temps morts et avec une apparente candeur, et parfois avec humour, aux questions précises des sénateurs, il a jugé que les actions du dirigeant américain étaient "très dérangeantes", ne mâchant pas ses mots contre lui.
Il a dénoncé les explications changeantes du locataire de la Maison Blanche sur les motifs de son licenciement, et accusé l'administration de l'avoir "diffamé", défendant l'honneur du FBI, qu'il dirigeait depuis 2013.
"Ce sont des mensonges purs et simples", a-t-il dit des propos tenus à l'époque, par l'administration et le président lui-même, sur le mauvais état supposé de la police fédérale à son départ.
M. Comey, 56 ans, a choisi de ne pas lire la déclaration écrite explosive qu'il avait fait publier la veille, répondant tout de suite aux questions pour gagner du temps.
Dans ce texte de sept pages, l'ancien procureur confirmait qu'il avait décidé dès sa première rencontre avec M. Trump, en janvier, de consigner par écrit tous ses échanges individuels avec le président américain, pour les méthodes duquel il ne cache pas son dédain.
"Je craignais honnêtement qu'il ne mente sur la nature de nos rencontres", a-t-il expliqué devant les sénateurs, rappelant qu'il ne le faisait pas sous George W. Bush ou Barack Obama, qu'il n'avait d'ailleurs rencontré en tête à tête que deux fois.
L'existence de ces notes, et leur contenu, avaient filtré dans la presse depuis plusieurs semaines.
M. Comey a révélé durant l'audition qu'il avait en fait demandé à l'un de ses amis proches, un professeur de droit à l'Université Columbia non nommé, de les transmettre à des journalistes afin de précipiter la nomination d'un procureur spécial - décision à laquelle le département de la Justice a été acculé le 17 mai.
Ce procureur spécial, Robert Mueller, est désormais en possession de ces notes, selon lui.
Donald Trump avait sous-entendu, dans un tweet, qu'il détenait des enregistrements de ces discussions susceptibles de contredire ces notes.
"J'ai choisi mes mots avec soin. J'ai vu le tweet sur les enregistrements. J'espère bien qu'il y a des enregistrements", a commenté M. Comey.
Certains sénateurs républicains, tout en saluant la carrière et l'intégrité de l'ancien procureur, ont tâché de défendre le chef de l'Etat, demandant notamment pourquoi James Comey n'avait jamais dit publiquement qu'il n'était pas lui-même visé par l'enquête à l'époque.
"D'abord parce que j'aurais ensuite un devoir de corriger", a-t-il dit, ajoutant que ce serait une "pente glissante".
Plus de 300 personnes avaient fait la queue pendant des heures pour rafler l'un des 88 sièges réservés au public, dans le bâtiment Hart, annexe du Capitole.
"C'est un moment d'histoire et je voulais être là", dit une collaboratrice parlementaire, une couverture sur les épaules, qui a passé la nuit dans son bureau. Plus de 120 journalistes et une cinquantaine de photographes couvraient l'audition.
Le milliardaire n'avait pas commenté personnellement l'audition, mais son avocat avait déclaré mercredi que M. Trump était "conforté" par le témoignage. (AFP)
Dans une salle comble, James Comey a raconté en détails et d'une voix posée son malaise après de multiples conversations privées avec le locataire de la Maison Blanche, lors d'une séance devant la commission du Renseignement du Sénat retransmise par toutes les grandes chaînes de télévision américaines, dans la tradition des grandes auditions parlementaires qui ont marqué l'histoire du pays.
La quinzaine de sénateurs assis en face de l'ancien premier flic des Etats-Unis voulaient déterminer si les multiples requêtes présidentielles, formulées en tête à tête dans l'intimité du Bureau ovale ou de la Maison Blanche, représentent une interférence politique et une entrave à la justice, un délit majeur qui dans le passé à conduit au lancement par le Congrès de procédures de destitution contre les présidents Richard Nixon et Bill Clinton.
Il a commencé par répondre que ce n'était pas son rôle de qualifier juridiquement les requêtes du président.
A la question de savoir si le président ou l'administration lui avait demandé explicitement d'"arrêter" l'enquête menée par le FBI sur les ingérences russes, il a répondu "non".
Mais plus tard, il a confirmé que M. Trump lui avait demandé sa "loyauté", alors même qu'il supervisait l'enquête sur une éventuelle collusion entre des membres de l'équipe de campagne de Donald Trump et la Russie pendant la campagne présidentielle de 2016.
"Mon bon sens me disait qu'il voulait quelque chose en échange de m'accorder ma demande de rester à mon poste", a-t-il dit, alors que son mandat courait jusqu'en 2023.
- Pression pour Flynn –
Il a détaillé la demande de M. Trump d'abandonner l'enquête visant son fidèle, le général Michael Flynn, ex-conseiller à la sécurité nationale, visé par une enquête du FBI pour n'avoir pas tout révélé de ses discussions avec l'ambassadeur russe à Washington.
"J'espère que vous pourrez trouver une façon d'abandonner cela, de lâcher Flynn. C'est un homme bien", aurait ainsi plaidé Donald Trump le 14 février. Cette phrase à elle seule contredit le milliardaire, qui avait nié il y a trois semaines avoir formulé une telle demande.
Certes, "espérer" n'est pas un crime, a convenu M. Comey, interrogé par un sénateur républicain.
Mais "je l'ai interprété comme une instruction", a-t-il dit, refusant de jouer sur les mots. "Il est le président des Etats-Unis, seul avec moi, il dit qu'il espère ceci, je l'ai interprété comme une demande de sa part".
"J'étais tellement stupéfait par la conversation que j'en suis resté bouche bée", a-t-il dit aux élus, se disant aussi "choqué et dérangé".
Croit-il qu'il a été licencié à cause de l'enquête sur la Russie ? "Oui, car j'ai vu le président le dire lui-même", a répondu James Comey, se référant à un tweet de Donald Trump.
- Mensonges et enregistrements –
Répondant sans temps morts et avec une apparente candeur, et parfois avec humour, aux questions précises des sénateurs, il a jugé que les actions du dirigeant américain étaient "très dérangeantes", ne mâchant pas ses mots contre lui.
Il a dénoncé les explications changeantes du locataire de la Maison Blanche sur les motifs de son licenciement, et accusé l'administration de l'avoir "diffamé", défendant l'honneur du FBI, qu'il dirigeait depuis 2013.
"Ce sont des mensonges purs et simples", a-t-il dit des propos tenus à l'époque, par l'administration et le président lui-même, sur le mauvais état supposé de la police fédérale à son départ.
M. Comey, 56 ans, a choisi de ne pas lire la déclaration écrite explosive qu'il avait fait publier la veille, répondant tout de suite aux questions pour gagner du temps.
Dans ce texte de sept pages, l'ancien procureur confirmait qu'il avait décidé dès sa première rencontre avec M. Trump, en janvier, de consigner par écrit tous ses échanges individuels avec le président américain, pour les méthodes duquel il ne cache pas son dédain.
"Je craignais honnêtement qu'il ne mente sur la nature de nos rencontres", a-t-il expliqué devant les sénateurs, rappelant qu'il ne le faisait pas sous George W. Bush ou Barack Obama, qu'il n'avait d'ailleurs rencontré en tête à tête que deux fois.
L'existence de ces notes, et leur contenu, avaient filtré dans la presse depuis plusieurs semaines.
M. Comey a révélé durant l'audition qu'il avait en fait demandé à l'un de ses amis proches, un professeur de droit à l'Université Columbia non nommé, de les transmettre à des journalistes afin de précipiter la nomination d'un procureur spécial - décision à laquelle le département de la Justice a été acculé le 17 mai.
Ce procureur spécial, Robert Mueller, est désormais en possession de ces notes, selon lui.
Donald Trump avait sous-entendu, dans un tweet, qu'il détenait des enregistrements de ces discussions susceptibles de contredire ces notes.
"J'ai choisi mes mots avec soin. J'ai vu le tweet sur les enregistrements. J'espère bien qu'il y a des enregistrements", a commenté M. Comey.
Certains sénateurs républicains, tout en saluant la carrière et l'intégrité de l'ancien procureur, ont tâché de défendre le chef de l'Etat, demandant notamment pourquoi James Comey n'avait jamais dit publiquement qu'il n'était pas lui-même visé par l'enquête à l'époque.
"D'abord parce que j'aurais ensuite un devoir de corriger", a-t-il dit, ajoutant que ce serait une "pente glissante".
Plus de 300 personnes avaient fait la queue pendant des heures pour rafler l'un des 88 sièges réservés au public, dans le bâtiment Hart, annexe du Capitole.
"C'est un moment d'histoire et je voulais être là", dit une collaboratrice parlementaire, une couverture sur les épaules, qui a passé la nuit dans son bureau. Plus de 120 journalistes et une cinquantaine de photographes couvraient l'audition.
Le milliardaire n'avait pas commenté personnellement l'audition, mais son avocat avait déclaré mercredi que M. Trump était "conforté" par le témoignage. (AFP)