Le torchon brûle entre Cazeneuve et Mélenchon

Lundi 29 Mai 2017

VILLEURBANNE, Rhône (Reuters) - Bernard Cazeneuve a confirmé lundi avoir déposé plainte pour diffamation contre Jean-Luc Mélenchon, qui l'accuse notamment d'être responsable de la mort d'un militant écologiste en 2014, un nouvel épisode de la "guerre des gauches".
 
"J'ai mandaté mon avocat ce matin pour engager la procédure. A un moment donné, dans la République, quand le respect semble être impossible, c'est à la justice de trancher. Je n'ai aucune raison d'accepter que la manipulation, le mensonge, la violence, fassent peser sur moi des accusations qui n'ont aucun fondement", a commenté l'ancien Premier ministre en marge d’une conférence de presse à Villeurbanne (Rhône).
 
Bernard Cazeneuve est venu dans le Rhône pour soutenir l'ancienne ministre de l'Education nationale, Najat Vallaud-Belkacem, candidate aux élections législatives des 11 et 18 juin pour le PS, qui est en concurrence avec le mouvement de Jean-Luc Mélenchon pour rafler les suffrages des électeurs de gauche.
 
"Pour moi, la politique, c’est le respect, on peut avoir des adversaires, on peut développer face à eux des arguments qui portent. Mais ces arguments, quand on est attaché aux principes républicains, ne peuvent pas être des manipulations, des mensonges et des abjections", a-t-il ajouté à l'encontre de Jean-Luc Mélenchon.
 
Le chef de La France insoumise avait lancé les hostilités lors un meeting à Montreuil (Seine-Saint-Denis) mercredi dernier en qualifiant Bernard Cazeneuve de "gars qui s’est occupé de l'assassinat de Rémi Fraisse".
 
"POPULISME LE PLUS PUR"
"Le gars qui a fait gazer, matraquer toutes les manifestations et qui prend maintenant sa tête de petite sainte-nitouche pour me dire que c’est moi qui ne sais pas choisir entre le Front national et je ne sais pas qui", avait dit le quatrième homme du premier tour de l'élection présidentielle.
 
Le militant écologiste Rémi Fraisse a été tué par une grenade lancée par un gendarme alors qu'il protestait contre la construction du barrage de Sivens (Tarn), en 2014.
Bernard Cazeneuve était à l'époque ministre de l'Intérieur.
 
Evoquant le "J'accuse" d'Emile Zola, ce dernier a dénoncé lundi des méthodes qui "sont celles du populisme le plus pur : peu importe la vérité, peu importe l’effet, si on peut, par des accusations, et des mises en cause, réveiller des instincts, susciter de la colère et créer de la division, alors l’objectif est atteint".
 
"Moi, je ne fais pas de la politique pour susciter des divisions, mais pour défendre des convictions auxquelles je crois", a insisté Bernard Cazeneuve, avocat de formation. "Je ne suis pas impressionné par ces insultes, au contraire. Elles sont de nature à me donner de la force et de conforter en moi ce qu’il y a de plus ardemment républicain".
 
La tension est vive entre les deux hommes depuis que Bernard Cazeneuve a qualifié d'"impardonnable faute morale" le refus de Jean-Luc Mélenchon d'appeler à voter pour Emmanuel Macron contre Marine Le Pen au second tour de l'élection présidentielle.
 
Le Parti socialiste a aussi condamné lundi les propos jugés "diffamatoires et volontairement provocateurs" du député européen, estimant que "le leader de La France insoumise, en perte de vitesse, tente de relancer grossièrement sa campagne".
 
Le premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, s'est dit "choqué" par ces "anathèmes".
"On ne peut pas dire des choses comme cela", a-t-il déclaré sur franceinfo. "Il faut qu'il retire ses propos".
 
La France insoumise n'a pas réagi dans l'immédiat à l'annonce de la plainte en diffamation.
 
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