Le parti travailliste détiendra la majorité absolue dans le futur Parlement britannique à l’issue des élections législatives de jeudi, revenant au pouvoir après 14 années dans l’opposition, selon des résultats partiels.
Vers 0 h (heure de l’Est), le Labour avait sécurisé plus de 340 sièges, soit plus que les 326 sièges nécessaires pour obtenir la majorité absolue à la Chambre des communes et pouvoir former seul le futur gouvernement britannique.
Le verdict
« Raz-de-marée » : le verdict s’affiche vendredi en une des quotidiens britanniques, unanimes pour qualifier le tournant politique du Royaume-Uni, après 14 années de pouvoir conservateur.
Si la défaite des conservateurs était annoncée depuis des mois par les sondages, leur déroute s’avère historique, confirmant le désir de changement des Britanniques, exaspérés par la succession des crises, du Brexit à l’envolée des prix en passant par la valse des premiers ministres ces dernières années.
Le parti conservateur du premier ministre sortant Rishi Sunak est désavoué avec son pire résultat depuis le début du XXe siècle : 131 députés projetés, contre 365 il y a cinq ans sous Boris Johnson.
Alors que l’extrême droite est susceptible d’accéder au pouvoir en France et que Donald Trump semble bien placé pour retourner à la Maison-Blanche, les Britanniques ont choisi massivement un dirigeant modéré de centre gauche.
Keir Starmer, un ancien avocat spécialiste des droits de la personne de 61 ans, sera chargé vendredi par le roi Charles III de former un nouveau gouvernement. Il ne s’est pas encore exprimé, attendant notamment son propre résultat dans une circonscription du nord de Londres.
Les électeurs « réclament le changement » et « c’est à nous de répondre à cette confiance », s’est réjouie Rachel Reeves, qui devrait devenir la prochaine ministre des Finances dans le gouvernement travailliste et a été réélue dans sa circonscription.
Mais elle a prévenu que le futur gouvernement devra s’attendre « à des choix difficiles » face à « l’ampleur du défi ».
Soif de changement
Neuf ans seulement après être entré en politique et quatre ans après avoir pris la tête du Labour, le nouveau premier ministre sera confronté à une aspiration considérable au changement.
Le Brexit a déchiré le pays et n’a pas rempli les promesses de ses partisans. L’envolée des prix des deux dernières années a appauvri les familles, plus nombreuses que jamais à dépendre des banques alimentaires.
Il faut attendre parfois des mois pour des rendez-vous médicaux dans le service public NHS. Les prisons risquent de manquer de places dès les jours qui viennent.
Campagne calamiteuse
Dans une ambiance de luttes fratricides permanentes chez les conservateurs, les scandales politiques sous Boris Johnson et les errements budgétaires de Liz Truss, qui n’a tenu que 49 jours au pouvoir, ont fini d’exaspérer les électeurs.
En 20 mois à Downing Street, leur successeur Rishi Sunak, cinquième premier ministre conservateur depuis 2010, n’est jamais parvenu à redresser la barre dans l’opinion.
L’ancien banquier d’affaires et ministre des Finances de 44 ans avait tenté un coup de poker en convoquant ces élections en juillet sans attendre l’automne comme beaucoup le pensaient, mais sa campagne a été calamiteuse.
Face à la défaite inévitable, son camp en était réduit ces derniers jours à mettre en garde sur le risque d’une « super majorité » laissant le Labour sans contre-pouvoirs.
En face, Keir Starmer a mis en avant ses origines modestes – mère infirmière et père outilleur – contrastant avec son adversaire multimillionnaire, et promis le retour de la « stabilité » et du « sérieux », avec une gestion des dépenses publiques très rigoureuse. [AFP]