Les Iraniens protestent contre la suppression de leurs applications par Apple

Samedi 26 Aout 2017

Téhéran - De nombreux Iraniens, dont le ministre des Télécommunications, protestaient samedi contre la suppression d'une dizaine d'applications parmi les plus importantes fabriquées et utilisées en Iran par la boutique en ligne du géant américain des technologies Apple.

"Le respect du droit des utilisateurs est un principe de base qu'Apple n'a pas respecté", a tweetté Javad Azari Jahromi, le ministre iranien des Télécommunication, âgé de 36 ans.

"Les technologies de l'information doivent être utilisées pour rendre la vie des gens meilleure et plus confortable et non comme un moyen de discrimination entre les pays", a-t-il ajouté, promettant des "poursuites légales" dans cette affaire.

Plus tard dans la journée, M. Jahromi a indiqué sur son compte Instagram qu'il travaillait avec le ministre des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, pour régler le problème.

Sur les réseaux sociaux, le hashtag en anglais "StopRemovingIranianApps" (Arrêtez de supprimer les applications iraniennes) était en vogue ces derniers jours en Iran.

Selon les médias iraniens, Apple a affirmé que ces applications n'étaient plus accessibles sur sa boutique en ligne Apple store en raison des sanctions américaines contre l'Iran.

Bien que les Etats-Unis aient levé une partie des sanctions à l'égard de la République islamique après avoir conclu un accord en 2015 sur la limitation de son programme nucléaire, ils continuent d'appliquer des restrictions à ce pays pour d'autres raisons.

- Pétition -

"Apple n'a pas fourni de réponse claires à nos demandes", a déclaré au quotidien gouvernemental Iran Daily, Mehdi Taghizadeh, l'un des patrons de Delion, une société qui livre des repas en utilisant l'internet et dont l'application a été supprimée de la boutique en ligne d'Apple.

Les applications les plus populaires supprimées sont Digikala et Bamilo, deux sociétés de vente par internet du même genre qu'Amazon, ainsi que celles de Snapp et Tap30, deux sociétés de taxis de type Uber, ou encore Delion.

"Les Etats-Unis (...) sanctionnent nos points forts. Cela devrait pousser nos responsables à soutenir ce domaine" des technologies, a tweeté le ministre des Télécommunications.

L'Iran compte 40 millions de smartphones, dont six millions d'Iphones, modèle créé par Apple, pour une population de 80 millions d'habitants.

Apple n'a pas de représentation en Iran et la plupart de ses produits arrivent dans le pays par contrebande. Toutefois, le gouvernement vient de désigner plusieurs sociétés autorisées à importer légalement les produits Apple en Iran.

La décision de la société américaine affecte non seulement les sociétés mais aussi les développeurs.

"La suppression des apps iraniennes n'est pas juste, nous sommes des développeurs comme tous les autres développeurs dans le monde", a protesté Atena une jeune iranienne dans un tweet.

"#Apple supprime les apps de gens qui ont une vingtaine d'années et ont plein d'espoir sous prétexte de sanctions", a tweeté pour sa part Parsa Janbaz.

Une pétition lancée sur Twitter pour demander au patron d'Apple Tim Cook de renoncer à la suppression des applications iraniennes a déjà recueilli plus de 4.600 signatures en deux jours (#StopRemovingIranianApps).

"Nous vous demandons M. Cook de reconnaître nos droits en tant que clients d'Apple", écrit Farzad Khandan, un consultant iranien en informatique vivant au Canada.

La plupart des applications produites en Iran ont été enregistrées dans un autre pays, notamment au Canada pour contourner les sanctions américaines.
 
 
 
 
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